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LHISTORIQUE
La défaite :
Je viens dapprendre par la radio lincroyable nouvelle de la CA-PI-TU-LA-TION ! Le fait est tellement inconcevable quon reste là, les membres brisés, à simaginer mille choses, un cauchemar, une erreur, une propagande pour tenter deffacer lhorrible réalité. La pitoyable T.S.F achève de briser la résistance de nos nerfs trop tendus en faisant résonner une Marseillaise vibrante, dernier appel dune France, hier libre. René Mouchotte. Tel était létat desprit des Français ce 17 juin 1940. La France vaincue, anéantie en six semaines par la fureur implacable du Blitzkrieg allemand, mêlant Junker JU 87 Stuka aux redoutables Panzer IV. Navait-on pas répété, plus dune fois que larmée française était la meilleure au monde ? Ne sétait-on pas vanté davoir en très grande quantité le meilleur matériel ? Ne croyait-on pas en la fameuse ligne Maginot ? Alors, doù vient cette défaite ? De nos soldats ? Peut-on alors mettre en doute le courage des militaires français ? NON !!! Car il y a eu durant ce que le général WEYGAND a nommé la Bataille de France des actes héroïques. Tels les Breguet 693 du 1/54 sous les ordres du commandant Plou fonçant à travers un dense barrage de Flak. En tentant dendiguer le flot ininterrompu des camions de la Wehrmacht, le commandant Plou et dautres héros tomberont atteints dans leur élan. Doit-on douter de notre matériel ? Oui et non, car en pleine modernisation, larmée française navait pas tout son équipement. Dans certains corps, on navait encore celui de la dernière guerre ! Mais dans dautres, il y avait :
La véritable cause de cette défaite venait des hommes politiques incompétents et des vieux généraux se croyant encore à Verdun Il est en effet aberrant de croire en une défense statique ; ainsi que de disperser le corps blindé en soutien dinfanterie. Il aurait fallu créer de grandes unités blindées comme le préconisait un certain colonel de Gaulle.
Quoi quil en soit : la France, ce 17 juin 1940 était à genoux . LAppel
Et puis, il y eu un certain 18 juin 1940, où à travers les ondes de la B.B.C, un homme, traître aux yeux du gouvernement de Vichy, invita tout les Français, refusant la défaite, à se mettre en rapport avec lui. Il appelait à continuer la lutte au coté du Royaume-Uni, car Quoi quil arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas séteindre et ne séteindra pas Ce discours fut reprit quelques jours plus tard par une toute aussi célèbre affiche. Placardée à lintention des Français dans tout Londres, elle fut aussi diffusée clandestinement en France. Elle scandait, cette phrase quasi mythique :
LA FRANCE A PERDU UNE BATAILLE !
Le ralliement
Malgré cet appel, peu dhommes se joignirent à la France Libre. Pourquoi ? De multiples raisons sont à détailler :
Mais, heureusement, des hommes, jeunes pour la plus part, nattendent même pas lAppel pour se joindre au dernier carré que forme lAngleterre. Ces ralliements sont pour la plupart individuels, ou en petit groupe, et bien souvent impulsifs, ou réfléchis brièvement. Ces rebelles, comme on les appelle, vont vivre des aventures dignes de lOdyssée dUlysse pour rallier lAngleterre, depuis le nord de la France, ou le rocher de Gibraltar, depuis lAlgérie ou le sud de lHexagone.
Ce qui nétait pas sans risques :
Dans le cas ou ce dernier se serait rendu, les FAFL (et tous les Français dailleurs !) aurait été exécutés sans autre forme de procès Malgré ces innombrables risques de spectaculaires évasions eurent lieux :
Dautres, encore, se joignent au petit groupe des FAFL après 1940 (tel Pierre Clostermann...), c'est-à-dire après avoir suivi lentraînement dans les écoles de pilotage de la RAF, Clostermann à rejoint lAngleterre en 1940 mais est entré en service actif en 1942. |
Au combat
Le premier juillet 1940, est créé le corps des FAFL (dont leffectif ne dépassait pas la centaine dhommes). Faute dofficiers supérieurs de laviation, le général de Gaulle nomme le vice-amiral Emile Muselier à sa tête ; ce qui lui confère deux hauts commandements (en effet, cest lui le chef des Forces Navales Françaises Libres, les FNFL). Date aussi importante que celle du sept août 1940, où les bases juridiques de la France Libre sont posées. Le gouvernement britannique reconnaît ces combattants ainsi que la souveraineté du général de Gaulle sur cette dernière. Les Anglais, acceptent de former les pilotes dans leurs écoles, ainsi que de les équiper, des remboursements étant prévus après la guerre...
a) A lentraînement : Les quatorze pilotes (Pierre Blaize, Yves Briere, Henri Bouquillard, Charles Guerin, François Fayolle, François de Labouchère, Henri Lafont, Xavier de Montbron, René Mouchotte et Georges Perrin...) les plus avancés dans leur entraînement, sont envoyés se convertir sur les avions britanniques à la 1 School of Army Cooperation. Ils enchaînent alors les vols, soit sur Hawker Hector, ou sur le plus fameux avion école que possède la RAF : le Tiger Moth. Auparavant, ils passèrent par la Patriotic School, où leurs aptitudes au vol furent mises à lépreuve ; ainsi que leur loyauté (les services secrets de sa Majesté vérifièrent tout simplement que ce nétaient pas des espions...). Ce petit groupe, est alors envoyé à Odiham. Puis, il est répartit dans deux autres camps (Mouchotte, de Montbron et Perrin, sont envoyés à Sutton Bridge), où ils font connaissance avec le Hawker Hurricane. Passé une vingtaine de jours (du 19 août au 9 septembre), et ayant bien en main le Hurricane, le petit groupe est réparti dans différents groupes de chasse (squadron en anglais) de la Royal Air Force. Ils prennent alors part à la dernière phase de la Bataille dAngleterre.
b) Dans la bataille :
- Le 19 septembre, Mouchotte et deux de ses camarades, partirent à Prestwick en Irlande du nord, au Squadron 245 au repos. Il avait activement participé à la Bataille dAngleterre, comptait une Distinghuisehd Flying Cross (rarement décernée) et 97 victoires. Mais, de lunité dorigine, il ne restait plus que trois pilotes ! - De Montbron fut quant
à lui affecté au Squadron 64,
équipé à lépoque avec des Spitfire
MkI (code SH - Les autres français, intégrèrent
le Squadron 245 équipéde
Hurricane (code DX - Bouquillard vole
sur Hurricane, aux environs du premier octobre, au Squadron
249 (code GN - René Mouchotte
(depuis peu nommé adjudant), Henri
Lafont et leur squadron, sinstallent à Northolt le
neuf octobre. Cette base se situe à très peu de kilomètres
de Londres (son métro y arrive !). Se squadron remplace un autre,
des Polonais, qui sest vaillamment battu, mais qui a perdu 50%
de son effectif. Les nouveaux arrivants apprennent quils ne vont
pas chômer, et ce nest pas peu fier quils décollent
le onze octobre, protéger la fière cité de Londres.
Mais pour eux, les premières missions ne seront pas couronnées
de succès (Mouchotte et quelques
uns de ses camarades, reprocheront le manque de souffle
du Hurricane). Il est à noter, que leur Squadron
615, était patronné par
Winston Churchill. De plus, lavion que pilotait Lafont,
était celui de Tony Eire (codé
KW - Au Squadron 85, basé
à Martlesham Heath (code VY - Yves Brière,
alors adjudant, est affecté au Squadron
257. Il vole sur Hurricane MkI (code DT - Le neuf octobre, ladjudant Pierre
Blaize, reçoit son affectation au Squadron
111 (équipé avec des Hurricane, code JU - Le sous-lieutenant Maurice
Choron, est quant à lui envoyé au Squadron
64 (à partir du onze octobre). Il pilotera un Spitfire (code
: SH - Le seize octobre, Philippe
de Scitivaux, est intégré au Squadron
245 (code DX - Le sous lieutenant Jean Demozay, est affecté au Squadron 1. Il vole, comme la plupart de ses compatriotes, sur Hawker Hurricane (code JX), et laérodrome est situé à Northolt (pendant la Bataille dAngleterre). - Ladjudant Béguin,
sorti de lécole de pilotage franco-belge, ainsi quun
séjour au 56 OTU ( Opérational Training Unit, une unité
dentraînement ), intégrera, le premier novembre,
le Squadron 213, toujours équipé
avec des Hurricane (code AK
c) Bilan de lannée 1940 : Les Français combattants en Angleterre, furent dispersés, compte tenu de leur nombre, dans plusieurs escadrilles de la RAF. Durant la Bataille dAngleterre, les FAFL neurent pas à déplorer de pertes et abattirent un appareil, cette victoire étant attribuée à Maurice Choron. Ce résultat semble normal, du fait de leur petit nombre (comparés aux Polonais), ainsi que de leur engagement tardif dans la bataille |
Lannée 1941
Lannée 1941, est une année importante pour les FAFL. En effet, en janvier, au Caire, est créée, lEscadrille de Chasse numéro 1, appelée : Groupe de Chasse numéro 1 (GC1 Alsace). Ce groupe, combattant en Afrique, est équipé avec du matériel britannique. En Angleterre, la situation est la même pour les pilotes Français. Ils sont dispersés dans les Squadrons de Sa Majesté. En ce début dannée, ils sont dix-sept répartis dans dix squadrons différents de la RAF.
- Henri Bouquillard, alors nommé sous lieutenant, enregistre, quelques temps après la Saint-Sylvestre, la première victoire officielle, en Angleterre, de la France Libre. Malheureusement, le onze mars, le père Bouqui, comme ses camarades le nomme (il était le plus âgé de tous), est victime de deux Messerschmitt 109. Il sera le premier du petit groupe que forme les FAFL à tomber en mission de guerre. De ce fait, il est le premier FAFL membre du Conseil de lOrdre de la Libération. - Pierre Blaize, est alors désigné pour remplacé Bouquillard au Squadron 615. Cet excellent pilote, rieur par nature, connaîtra le même sort que son prédécesseur. Le quinze avril, son avion traînant derrière la formation, est attaqué par des Me 109. Parvenu à sauter en parachute et bien qu'un pilote ait repéré sa position, il ne sera pas retrouvé, probablement noyé avant larrivée dun bateau de sauvetage. - Le onze janvier, François Fayolle, alors muté au flight B du Squadon 242 à North-Weald, abat un bombardier He 111 de la Luftwaffe. A laide de ses Hurricane, ce Squadron se spécialise dans le mitraillage et la destruction des bateaux de la marine allemande qui croisent dans la Manche. A loccasion, ils escortent des bombardiers Bristol Blenheim, qui reçoivent la tâche de détruire les convois et de raser les installations portuaires ennemies situées entre la France et la Belgique. Ce travail ingrat coûtera cher aux escadres de bombardement et au Squadron 242. Parfois, il fait des sortis en territoire ennemi (des sweeps), en loccurrence en France ! Ces sweeps, sont très dangereux pour les chasseurs français car, s'ils sont abattus, ils savaient qu'ils seraient té impitoyablement massacrés par la Milice. Au mois de juillet, le Squadron 242 avec lequel vole toujours Fayolle est envoyé à Manston. Peu de temps après, il est envoyé au repos. François Fayolle haïssant (comme la plupart des pilotes de chasse) linactivité, il demande son transfert au Squadron 611 équipé de Spitfire, et commandé par Johnny London. - Charles Guerin et René Mouchotte, fin mai, sont mutés à Valley, zone quasi-désertique, et doivent à contrecur abandonner leur Hurricane Mk II flambant neuf, contre lantique Mk I. On leur attribue alors comme mission de défendre des convois qui assurent l'approvisionnement de l'Angleterre plus isolée que jamais. Le trois mai, Mouchotte et Guerin décollent en vu dune protection rapprochée, mais ce jour là est funeste pour Charles Guerin qui, victime dune fuite de glycol, s'écrase en mer à cinquante milles des côtes. René Mouchotte est très affecté par cette disparition. Il notera dans ses carnets :
- Le treize mai, dans les mêmes conditions que Charles Guerin, Yves Brière trouve la mort. Ce même jour, Mouchotte manque lui aussi de disparaître car sil avait volé dix minutes de plus il aurait vraissemblablement rejoint ses amis disparus. Le vingt-sept juillet, une enquête est ouverte pour déterminer la cause de ces catastrophes (des pilotes anglais en furent, eux aussi, victimes entre temps). On découvre alors avec stupeur quil y avait de lacide dans le glycol, rongeant le moteur et provoquant ainsi ces accidents et ces disparitions. Plus grave encore, on apprend quil sagissait dun acte de sabotage : tant de pilotes tombés pour rien ! - Perrin, après sa convalescence, (il avait été blessé au combat, le douze octobre 1940), est affecté au fameux Squadron 615. Mais le sort semble sacharner contre lui. Le vingt-six février, il est abattu en combat aérien. Pour des raisons de santé, on linterdit de vol, et il est purement et simplement retiré des opérations. - Quant à Henri Lafont, après un tour dopération au Squadron 615, se voit affecté, en juin, à la formation des futurs FAFL qui sortent tout droit des écoles de pilotage de la RAF.
- Le dix juillet, le général Martial
Valin remplace lamiral Muselierà la tête des FAFL.
Il découvre alors la triste situation de ses troupes. Valin,
voudrait créer des unités entièrement françaises,
comme cest le cas pour les Polonais ou les Tchèques, par
exemple. Le 7 novembre 1941, date historique pour les chasseurs français
de Grande-Bretagne, les souhaits du général Valin, ainsi
que ceux de ses pilotes, se réalisent à Turnhouse. Le
premier groupe français se constitue. Nommé Ile-de-France,
il portera la désignation de Squadron 340
pour le GQG de la RAF. Maurice Choron,
François Fayolle, François
de Labouchère, René
Mouchotte ainsi que des pilotes fraîchement sortis des écoles
de la Royal Air Force y sont alors regroupés. Il sera équipé
avec le Spitfire MkV, dernier né des chasseurs de Supermarine.
Sur le fuselage de cet appareil sera apposé le blason à
la croix de Lorraine (souvent près du cockpit ou au dessous des
échappements, des deux cotés du fuselage), ainsi que le
code GW. Le capitaine Philippe de Scitivaux,
commandera le "A flight" du Squadron, tandis que le capitaine
Bernard Dupérier prendra la
tête du "B flight". Sur le Spitfire V de Dupérier
est dessiné un Donald, cadeau de Walt Disney, comme insigne personnel.
Son appareil sera codé GW
Bilan de lannée 1941 : Lannée 1941 a débuté comme celle de 1940. Les FAFL se battent séparément dans les escadrilles de la RAF. Si leur influence au combat ne se fait pas encore sentir, cette présence française au sein de la RAF joue un rôle essentiel en permettant à tous ceux qui ont décidé de poursuivre la luette de retrouver l'honneur perdu en 1940, aux cotés des Alliés en nombre croissant (les Américains entrant alors en guerre...). Cest aussi durant cette année que les premières victoires aériennes des pilotes Français sont homologuées. Mais cette année 1941 voit aussi la disparition des premiers pilotes de chasse au combat, Bouquillard, Guerin., des noms qui vont progressivement allonger la longue liste des aviateurs tombés au combat. Enfin, la première escadrille de Free French Fighters est mise sur pied et se bat au Moyen Orient où elle participe aux combats contre l'Afrika Korps de Rommel. |
Lannée 1942
Cette année, voit véritablement lengagement des FAFL, au sein du Groupe de Chasse Ile-de-France, ainsi que leurs premiers grandes batailles. Elle fut aussi pleine despoirs. Nombreux étaient ceux qui croyaient au débarquement de Dieppe, mais aussi pleine de tristesse avec la disparition de bon nomnre des premiers arrivants...
- Le Squadron 340 Ile-de-France est envoyé à Ayr, en Ecosse, pour poursuivre son entraînement. Le 12 février, devant de Gaulle, Valin, lAir Marshall de la RAF et les équipes cinématographiques, douze chasseurs Spitfire MkV effectuent une démonstration aérienne qui se conclue sur une impeccable formation imitant la croix de Lorraine ! Cette figure symbolise en quelque sorte la renaissance de laviation française. - Ce même jour, Jean
Maridor, est affecté au Squadron
91, le Nigeria , (code DL - Grâce aux relations de Maurice Choron, qui connaissait avant la guerre le Wing Commander Michael Robinson, le Squadron 340 / Ile-de-France est affecté à Tangmère, où laction ne manque pas. Le 10 avril, date de la première sortie opérationnelle du Squadron, voit aussi un des jours les plus funestes de ce dernier. En opération au dessus de la France, et commandé exceptionnellement par le Wing Commander Robinson en personne, le squadron est accroché par lennemi. Comble de malchance, aux Me 109, sajoute le tout nouveau Fw190, supérieur au Spitfire MkV (dont la mise en serice datait déjà d'un an). Cest une surprise totale pour les pilotes Français, ainsi que pour la RAF. Il sengage alors une gigantesque bataille aérienne, épouvantable, où les Fw190 sont les rois. Lors de cet affrontement, son premier, le Squadron perdra ses meilleurs éléments, les deux amis, Choron et Robinson seront abattus, et Philippe de Scitivaux sera fait prisonnier. René Mouchotte, ayant pris part à cette bataille, écrira le soir dans ses carnets : Les avions rentrent un à un, moins trois Robinson, De Scitivaux, Choron manquent à lappel, trois des meilleurs chasseurs du moment... . Bernard Dupérier sera nommé à la tête du squadron, et René Mouchotte et François Fayolle commanderont les deux flight - Remis de ce cuisant échec, le Squadron 340 / Ile-de-France poursuivra les sweeps sur la France. Une de ses missions sera descorter les bombardiers, tant ceux de la RAF que ceux de lUSAAF. Cest lors de ce job que le squadron obtiendra quelques victoires. Mais, durant cette période, le mauvais temps est aussi souvent à l'origine de l'annulation des missions. Une autre des missions sera le mitraillage dobjectifs potentiels ennemis, au sol (camions, chars, concentration de troupes, bâtiments...). Dans le jargon de la RAF, ces missions sont appelées : mass rhubarb . Le squadron sera engagé jusqu'à juillet, date à laquelle, il sera envoyé au repos (le 18 juillet). Puis, le 29 juillet, on lenverra à Hornchurch. - Le premier août, François Fayolle, se voit nommé commandant et prend la tête d'une unité de chasseur bombardier, le Squadron 174. Il volera désormais sur Hurri-Bomber, le Hurricane équipé pour loccasion de bombes et de 4 canons de 20mm. L'unité est spécialisée dans lattaque au sol. Initialement, cest René Mouchotte qui devait prendre le commandement du Squadron 174, mais celui-ci, ayant appris quil volerait sur Hurricane, préféra décliner cette offre. René Mouchotte avait encore en mémoire que le Hurricane avait provoqué la mort de son meilleur ami, Charles Guerin. - Le 19 août marque une date importante pour les Alliés, cest le débarquement de Dieppe. Cette opération portera le nom de Jubilée. Laviation britannique devait soutenir les 5000 Canadiens, 1100 Anglais, quelques Américains et Français. Naturellement le Groupe de Chasse 340 / Ile-de-France fut de la bataille. Le Groupe décolleà 4 h 30 du matin, pour patrouiller au-dessus de la plage et détruire les appareils ennemis qui se présenteraient à lui. Les Français sont alors pris dans un engagement aérien. Ils ne déplorent aucune perte et ne remportent aucune victoire en retour. Ils effectueront quatre sorties tout au long de la journée, la dernière aura pour but de protéger le rembarquement. A lheure des comptes, la RAF déplora une centaine de pertes, tout comme la Luftwaffe. Le Squadron 340 / Ile-de-France pour sa part perdra deux appareils, le Sergent Halna du Fretay étant tué. Cinq hommes du Squadron 174, ne reviendront pas, parmi eux, le commandant Fayolle. Il trouvera la mort, en pleine passe de mitraillage, atteint par une Flak, toujours plus dense. Il laissera derrière lui sa jeune épouse (il sétait marié le 3 juillet 1941), ainsi que sa fille de 3 mois... - Le premier septembre, René Mouchotte est nommé commandant du Squadron 65. Son Squadron est, à son désespoir, envoyé dans le nord, en Ecosse. Celui-ci fut le premier choisi pour tenter des atterrissages, avec Spitfire, sur porte-avions. Il sentraîne avec acharnement pendant plus dun mois, de décembre 1942 à janvier 1943, date à laquelle, il est opérationnel, avant d'être finalement affecté au Squadron 341 / "Alsace", jusque là stationné au Moyen-Orient et depuis peu revenu en Angleterre pour y être reformé. - Le 6 septembre, René Mouchotte apprend par Bernard Dupérier, que la section quil commandait quand il était au Squadron 340, venait de se faire décimer par une cinquantaine de Fw190. Cette nouvelle lattrista, dautant plus que deux de ses amis, François De Labouchère et Dubourgel font partie des victimes. - Afin de palier à la supériorité des Fw190, aux environs du 20 septembre, le Squadron 340 / "Ile-de-France reçoit ses premiers Spitfire Mk IX, un avion devenu mythique aux yeux de tous les passionnés et une monture de premier choix pour tous ceux qui eurent la chance de le conduire au combat. Désormais, grâce à cet appareil, les FAFL peuvent se battre à jeu égal avec les Fw190.
Bilan de lannée 1942 : Cette année vit lengagement massif des FAFL, nombreux dentre eux tombèrent en combat aérien, où victimes de la DCA allemande, la Flak, toujours plus intense. Par leur bravoure, leur ténacité et leur courage, les Free French Fighters gagnèrent la confiance, et lestime des Anglais. A tel point quon donna le commandement de squadron de la RAF à des pilotes Français aguerris par toutes les formes de combat aérien possible. |
Lannée 1943
En fin 1942, le Groupe de
Chasse Alsace", qui sétait distingué
sur Hurricane au Moyen Orient, est rapatrié en Angleterre. Le
commandant René Mouchotte apprend
sa nomination, le 9 janvier, à la tête de ce groupe. Son
premier travail, en tant que commandant, sera de former ce squadron.
Pour cela, on regroupe la fine fleur de laviation française,
ainsi que des pilotes sortants des OTU. Cette unité portera le
numéro Squadron 341 pour le commandement
de la RAF. Elle est équipée avec le dernier modèle
du Spitfire, le Mk IXa, et porte sur le fuselage le code NL
Le Squadron commence ses vols le premier février, il sexerce alors au tir, aux formations de combat, aux engagements aériens, répète des alertes... Malheureusement, ces entraînements sont endeuillés par des catastrophes, souvent mortelles. Guillou De Mezillis (qui pilotait avec un bras artificiel après que celui-ci ait été amputé au Moyen Orient après un combat aérien) périt alors que les plans de son Spitfire se sont repliés lors dun piqué. Ce qui nempêche pas le Squadron dêtre déclaré opérationnel le 18 avril, et dêtre envoyé dans la prestigieuse base de Biggin Hill. Le Wing Commander nest autre que Sailor Malan, héros de la Bataille dAngleterre. Son second est le Wing Commander Alan Deere, un autre grand As. Le Squadron 341 / Alsace remplace le Squadron 340 / "Ile de France", qui sest bien battu et part à son tour au repos à Turnhouse. Plus les jours passent et plus les heures de vol saccumulent, permettant à l'Alsace de se préparer à la mission qui va lui être dévolue, la protection rapprochée des B24 Liberator et atres B17 Fortress de lUSAAF qui senfonçent désormais au cur du pays occupé par lennemi. Lors de ces missions, nombreux seront les accrochages avec la chasse adverse, équipée alors de Me 109G et de Fw190A6 qui sont de redoutables adversaires. Le 14 mai, à lissue dun combat aérien, le capitaine Christian Martell remporte la première victoire officielle du groupe. Puis, le 15 mai, après un décollage à 4h00, lAlsace, ainsi que le Squadron 611, sont pris dans un intense combat à 22.000 pieds. Le leader du Squadron 611, le Squadron Leader Charles, abat le 999ème avion homologué par Biggin Hill ainsi que le 1001ème. Cest au commandant Mouchotte que revient finalement lhonneur de descendre le 1000ème appareil. Une belle revanche pour les FAFL ! Une prime étant prévue pour cette occasion, René Mouchotte tiendra à la partager avec Charles. La rançon du succès oblige, ils se verront, quelques jours plus tard mitraillés par les photographes de la presse britannique, ainsi que par les caméras de la BBC, devant lesquelles ils durent répéter inlassablement : Oui partageons-le (le millième). Je pense que ce sera chic. . Le 9 juin, le Squadron 341 / Alsace reçoit le modèle amélioré du Spitfire Mk IX, le modèle B. Les pilotes sont tous enthousiasmés par les capacités de leur nouvelle monture, dautant plus quils sont les premiers du Fighter Command à les toucher. Le 27 juillet, à lissue dun dogfight" (combat aérien sans formation dassaut - aussi appelé combat à la Guynemer), lAlsace abat 9 appareils ennemis, contre zéro perte. Lors de cette bataille, Christian Martell descend las allemand von Graff, surnommé Donal Duck (il avait, paraît-il, la tête de ce dernier quand il se fâchait...). Pierre Clostermann réalise un doublé : il a abattu deux avions au cours de sa première mission ! René Mouchotte, écrira sur lui :
En juillet, un événement important se produit avec la démission du général Valin qui , ayant rempli sa mission se voit remplacé par le général Bouscat. Grâce à la libération de lAfrique, les FAFL, et larmée de lair fusionnent, Cest la fin officielle des Free French Fighters La fin légendaire, se produit le 27 août 1943, quand le Squadron 341 / Alsace est au prise avec 200 appareils allemand, 200 contre 24 ! Sengage alors un gigantesque dogfight au cours duquel chacun se bat pour sauver sa vie, le commandant René Mouchotte, isolé et au prise avec des appareils Allemands, disparaîtra lors de ce combat. Ses derniers mots seront : I am alone !... Pierre Clostermann notera dans ses mémoires : Commandant Mouchotte, Croix de Guerre, Compagnon de la Libération, D.F.C... La mort de René Mouchotte marque la fin d'une époque pour tous les FAFL qui plus nombreux que jamais, continuent à sa battre en Europe mais aussi sur le front de l'Est au sein du Groupe de Chasse Normandie qui deviendra bientôt le célèbre "Normandie-Niemen". René Mouchotte aura été parmi les premiers à se battre en tant que Français Libre, rejoignant ce jour la longue liste des pilote FAFL mort au combat. BILAN Les pilotes Français Libres furent les premiers combattants de de Gaulle. Dans tous les domaines de laviation militaire, ils sillustrèrent, dans le bombardement (avec le Groupe de Bombardement Lorraine), dans le Coastal Command avec des pilotes comme Max Guedj, Claude Serf, qui s'illustreront sur Mosquito et dans la chasse avec René Mouchotte bien sur mais aussi Henry Lafont, Pierre Clostermann, Christian Martel, Michel Boudier, François Fayolle, Philippe de Scitivaux, Maurice Choron, Jean Maridor et bien dautres... En 1940, il y avait 287 FAFL. Jusquen 1942, 132 perdont la vie alors que 74 autres périront avant la fin de la guerre. Ceci représente un pourcentage de 70% de pertes par rapport à l'effectif initial. Aucune autre unité alliée naura subit de tels dommages... A défaut davoir provoqué autant de destructions que les Squadrons britanniques bien plus nombreux, les FAFL ont avant tout rendu son prestige et son honneur à la France. Jamais elle ne doit oublier ce que ces hommes ont fait pour elle...
SOURCES
Les carnets de René MOUCHOTTE Le Grand Cirque et Feux du Ciel de Pierre CLOSTERMANN Hors série Wing Masters n°3, Laviation française au combat Hors série Wing Masters n°4, La Bataille dAngleterre Hors série FlyPast , Battle of Britain Air Actualités, n°473, juin 1994 Les ailes françaises de la libération Les Forces Aériennes Françaises Libres, tome 2 1940/1942, collection Icare Historama spécial la Bataille dAngleterre , n°15, 1990 Livret britannique Autant de noms qui sonnent comme des noms de victoires |
Texte original de Pierre Testard - disponible sur : http://freefrenchfighters.wifeo.com/index.php