Steve Ritchie est
né en Caroline du Nord le 25 juin 1942. Il se distingue dès
le lycée en devenant quarterback de son lycée malgré
deux fractures du bras. Il parvient à rentrer à l'United
States Air Force Academy dont il ressort diplômé en 1964,
faisant un passage remarqué dans l'équipe de Football
"Falcons varsity " en 1962 / 1963. Ritchie
est décrit par ses pairs comme un graçon farceur et
par le Général Robin Olds
qui l'admirait pourtant beaucoup comme "suffisant et égotiste".
En tant que pilote de chasse, Steve Ritchie était un pilote
né, particulièrement doué, cherchant constamment
à améliorer sa maîtrise du vol en réalisant
2 à 3 sorties quotidiennes. Evaluant constamment chacun de
ses vols, s'entraînant constamment, utilisant au mieux son système
d'arme, il s'est créé les opportunités de remporter
les 5 victoires qui allaient faire de lui l'un des rares As de la
guerre du Vietnam, devenant une légende au sein de l'Air Force
pour son sens tactique et son agressivité contrôlée
et intelligemment employée.
Il débute sa formation de pilote à
Laredo Air Force Base au Texas et termine premier de sa promotion.
Sa première affectation opérationnelle l'amène
au Flight Test Operations à Eglin Air Force Base, en Floride
où il vole sur F-104. Deux ans plus tard, il effectue sa transformation
sur F-4 à Homestead Air Force Base, en vue de sa préparation
pour son premier tour d'opérations au Vietnam.
Affecté au 480th Tactical
Fighter Squadron, 366th Tactical Fighter Wing à Da Nang
en 1968, Ritchie réalise
la première mission "Fast FAC" pendant laquelle le
F-4 est utilisé comme plate-forme rapide de contrôle
aérien. Il réalise 195 missions au cours de son premier
tour d'opérations. De retour aux Etats Unis, il est sélectionner
pour participer au programme de la Fighter Weapons Course à
Nellis Air Force Base, dans le Nevada, un programme mis au point pour
compenser l'absence de formation au combat rapproché des pilotes
de l'USAF, une tactique abandonnée au profit du combat missile
à longue distance mais dont les premières années
de conflit montrèrent l'importance. A l'âge de 26 ans,
il est le plus jeune instructeur du programme. Il enseigne les tactiques
de combat aérien entre 1970 et 1972 et forme les meilleurs
pilotes de l'USAF parmi lesquels le Major Robert
A Lodge qui deviendra plus tard son chef de section et qui remportera
3 victoires aériennes en 1972.
En 1972, Steve Ritchie
se porte volontaire pour effectuer un second tour d'opération
au Vietnam. Cette fois-ci, il est affecté au 432nd
Tactical Reconnaissance Wing à Udon RTAFB, en Thailande
et vole sur F-4D Phantom II au sein du fameux 555th
("Triple Nickel") Tactical Fighter Squadron. Arrivé
sur place, il peut mettre à profit ses années d'entraînement
et son expérience au sein de la Fighter Weapons School. Dès
le 10 mai au matin, il remporte sa première victoire en abattant
un MiG 21, suivi d'un second 3 semaines plus tard. Deux autres MiG
21 sont abattus le 8 juillet, Steve
Ritchie achevant de clore son palmares en remportant une cinquième
victoire le 28 août 1972. Toutes ses victoires sont obtenues
à l'aide de missiles guidés par radar AIM-7 Sparrow
et permettent à Steve Ritchie
de devenir le premier et seul As de l'USAF au cours de la guerre du
Vietnam. Elément incontestable de la réussite du Squadron
dans la chasse au MiG, huit des appareils de l'unité sont équipé
du système d'identification APX-80. Celui-ci était capable
de différencier les échos radar amis et ennemis, permettant
ainsi au pilote de prendre l'avantage tactique. Bien que cette identification
eut permise un tir au-delà de la portée visuelle, la
nécessité d'une reconnaissance préalable au tir
rendit impossible le recours à cette option, privant du coup
les pilotes d'un avantage encore plus grand. Néanmoins, cet
équipement consistuait un atout supplémentaire que ses
utilisateurs mirent à profit pour remporter plusieurs succès.
Première
victoire :
Au cours des premiers jours de l'opération
Linebaker, la perte
d'un Phantom au-dessus du Nord Vietnam, le 10 mai 1972, allait donner
lieu à l'une des plus extraordinaires histoire d'évasion
de ce conflit. Une force de 32 Phantom avait été lancé
pour la première phase de l'offensive contre le pont Paul Doumer
et contre la gare de triage de Yen View, près de Hanoï.
Il s'agissait du premier raid contre le pont Paul Doumer depuis 1968,
celui-ci devant être suivi par d'autres raids le lendemain qui
mettront ce pont au role crucial hors service pour le reste de la
guerre. Les Major Lodge Robert A et
1Lt Locher Robert C. (WSO) du 555
TFS / 432 TRW volant sur le F-4D (65-0784) avec l'indicatif
Oyster 1, sont alors à la tête d'une patrouille MIGCAP.
Leur appareil est équipé du nouveau système d'identification
IFF qui leur permet de savoir en temps réel le caractère
ami ou hostile des appareils détectés par leur radar,
ce qui leur confère un avantage tactique indéniable.
L'équipage est alors considéré comme l'un des
plus en vue et l'un des plus à même d'exploiter ce nouveau
système pour revendiquer de nouvelles victoires.
Alors qu'ils volent à 18 000 pieds, à
environ 40 km à l'Ouest de Thai Nguyen, ils se trouvent engagé
de face par un groupe de 4 MiG 21. Il est 9 heures 42. Les appareils
passent par pairs de part et d'autre du Phantom avec une vitesse de
rapprochement vertigineuse et les Phantom virent immédiatement
pour se placer dans les six heures de la formation Nord Vietnamienne.
En quelques instants, trois MiG 21 sont envoyés au sol par
les équipages 1Lt Markle John
D. / Cpt Eaves Stephen D (WSO),
Cpt Ritchie Richard S / Cpt De
Bellevue Charles B (WSO) (Oyster 3) et Major Lodge
Robert A / 1Lt Locher Robert C.
(WSO). Quelques instants plus tard, un groupe de MiG 19 s'invite et
parvient à se placer à son tour dans le sillage du Major
Lodge. Le 1Lt Markle
John D. prévient immédiatement Lodge
qu'il est poursuivit par 3 MiG 19 mais ce dernier est lui-même
à la poursuite d'un MiG 21 et ne prend pas en compte les avertissements
de son équipier. Alors qu'il tire un nouveau missile Sparrow,
son propre appareil est touché par les obus d'un MiG 19 à
l'arrière. Avec un système hydraulique hors d'usage
et un appareil en feu et en perdition, le pilote donne l'ordre d'éjection.
Malheureusement, il ne semble pas avoir été en mesure
de s'éjecter lui-même avant que l'appareil ne s'écrase,
entraînant le Major Lodge Robert
A dans la mort. Personne n'ayant vu de parachute, tous les équipages
du Wing d'Udorn sont alors persuadés que les deux hommes ont
été tué. Ce n'est que 3 semaines plus tard qu'un
équipage de Phantom rapportera avoir entendu un signal de détresse
et être entré en contact avec le 1Lt 1Lt
Locher Robert C. qui se cache depuis 3 semaines.
Seconde victoire
:
Le 31 mai, Steve Ritchie
parvient à abattre un second appareil en usant d'une ruse consistant
à utiliser le signal radio d'une formation réalisant
une mission de largage de leurres au Nord Est de Hanoï. Les chasseurs
du groupe de Ritchie traversèrent alors la frontière
en passant sur le Golf du Tonkin, au Nord de Haiphong. Ils sont alors
informés que les MiG Nord Vietnamiens se trouvent à
70 km au Sud Ouest et qu'ils se dirigent vers leur direction. Le controlleur
continuait de donner la position de l'ennemi et lorsque celui-ci se
trouva à environ 25 km, Steve Ritchie commenca à descendre
afin de les prendre à revers. Il les observa sur sa gauche
tout en poursuivant son virage jusqu'à ce qu'il parvint à
se mettre en position, derrière et en-dessous des appareils
ennemis. Son Officier Systeme d'Arme, le Capt Lawrence
Pettit (WSO) fit alors l'acquisition du MiG sur sa console Radar
et Ritchie tira ses 4 missiles AIM-7 Sparrow en succession rapide.
Le premier missile se dirigea vers la droite, hors de contrôle,
les deux suivants explosèrent avant l'impact mais le quatrième
toucha le MiG 21 au niveau du cockpit, coupant literralement le MiG
en deux.
Troisième
et quatrième victoire :
Entre le 24 juin et le 5 juillet 1972, l'USAF subit
plusieurs pertes sans remporter la moindre victoire en retour. En
représaille, la 7eme Air Force positionne un second EC-121
au-dessus du Golf du Tonkin afin de repérer avec plus d'efficacité
les mouvements de l'ennemi. Le 8 juillet, Steve
Ritchie et Charles De Bellevue
sont aux commandes du F-4E (67-362) et sont à la tête
de la section "Paula". Leur appareil est équipé
d'un canon, une arme de bord qui a été ajoutée
afin de compenser les fréquentes défaillances des missiles
Air-Air. La section est chargée d'assurer la protection d'un
groupe d'attaque. Alors qu'ils se trouvent à l'Ouest de Phu
Tho et au Sud de Yen Bai, l'EC-121 dirige les appareils à la
rencontre de MiG 21 qui rentrent vers leur base après avoir
endommagé un appareil de contre-mesures. A ce moment là,
les MiG se trouvent à environ 7 km et Steve
Ritchie dirige sa section vers le Sud, à travers la rivière
noire. Au moment où ils atteingnent le secteur déterminé,
l'EC-121 prévient la section "Paula" de la proximité
des MiG 21. Ritchie renverse alors
sa course et voit à 10 heures le premier MiG. Il entame alors
un virage qui l'amène en face à face.
Lorsque Ritchie
dépasse le premier MiG, il se rapelle l'engagement du 10 mai
et attend de voir s'il n'y a pas un second MiG avant de s'engager
à la poursuite du premier. comme il l'avait supposé,
un deuxième MiG passe sous son nez et ce n'est qu'une fois
celui-ci dépassé qu'il se lance à sa poursuite.
Se lancant dans une manoeuvre inhabituelle, le MIG effectue un virage
à droite, permettant ainsi à Ritchie
de se rapprocher et de se placer derrière lui. De
Bellevue accroche alors le MiG au radar en se placant dans ses
5 heures et à bonne distance de tir, impeccablement placé
dans son enveloppe de tir. Ritchie
tire alors deux missiles qui font mouche.
Pendant ce temps, le premier MiG, qui a aussi effectué
un virage, tente de s'en prendre au dernier appareil de la section
"Paula". Ritchie effectue
alors un virage serré afin de s'interposer en se placant de
nouveau dans les 5 heures du premier MiG pour dégager son équipier.
Percevant varsissemblablement la présence du Phantom, le pilote
du MiG dégage brutalement sur la droite et tente de s'échapper.
Ritchie tire alors un missile AIM-7,
au minimum de sa portée et de son incidence de tir alors qu'il
tente de poursuivre le MiG dans son virage. Se préparant ç
une éventuelle défaillance de son missile, Ritchie
tente de caler le MiG dans le viseur de son canon, une manoeuvre qu'il
n'a jamais eu l'occasion de réaliser jusqu'à présent,
lorsque tout d'un coup le missile explose, détruisant le MiG
21, 1 minutes 29 après le premier.
Dès lors, une compétition entre le
Cpt Ritchie et le Cpt Jeffrey
S Feinstein (un autre pilote du 432 TRW
mais du 13 TFS) s'engage pour savoir
lequel des deux obtiendra le titre d'As. En effet, le Cpt Jeffrey
S Feinstein remportera 2 victoires les 18 et 29 juillet 1972,
laissant supposer une compétition particulièrement farouche
entre les deux hommes. Par ailleurs, chacun des deux hommes a vu l'une
de ses revendication refusée par l'Etat Major de la 7th Air
Force, un MiG 21 le 13 juin pour Ritchie
et De Bellevue et un MiG pour
Feinstein en date du 9 juin.
Cinquième
victoire :
Le 28 août 1972, Steve
Ritchie et Charles De Bellevue
sont à bord d'un F-4D équipé d'un radar APX-80,
à la tête de la section "Buick". Ils effectuent
une mission MIGCAP en protection d'un groupe d'attaque qui bombarde
un objectif à proximité d'Hanoï. Au cours du mois
précédent, l'Etat-Major de la 7th Air Force a institué
un système de debreifing quotidien des missions entre chefs
d'unités et plannificateurs de tous les Fighter Winfs sous
la désignation de "Linebacker Conferences". Ce jour
là, Steve Ritchie est sur
le point d'achever sa mission lorsque le controlleur installé
sur l'USS Long Beach le prévient de la présence de "Blue
Bandits", autrement dit de MiG 21 situés à environ
50 km au Sud Ouest d'Hanoï, sur le chemin qui ramène les
appareils vers la Thailande. Approchant la zone dans laquelle les
MiG ont été signalé à une altitude de
15000 pieds, Ritchie se rappelle
les informations entendues à l'occasion de l'une des dernières
"Linebacker Conferences" selon lesquelles les MiG 21 seraient
revenus à des tactiques d'interception à haute altitude.
Les sections "Buick" et "Vega"
patrouillent alors dans le secteur défini par le contrôleur.
Charles De Bellevue est le premier
à repérer les MiG sur son écran radar. En utilisant
son système "Combat Tree", il détermine avec
exactitude la position de l'ennemi qui se trouve à 17 km derrière
la section "Olds" une autre section MIGCAP qui rentre à
sa base. Ritchie tente alors de
se rapprocher de la section "Olds" afin de prévenir
l'attaque des MiG. Dans le même temps il demande aux controleurs
de l'EC-121 et de l'USS Long Beach de lui donner des précisions
concernant l'altitude de vol des MiG afin qu'il puisse lui-même
ajuster sa tactique d'approche. lorsqu'il parvient à avoir
l'information, il ne se trouve plus qu'à 25 km de l'ennemi
qui vole à 25 000 pieds. Il donne l'ordre à l'ensemble
des Phantoms d'enclencher la post-combustion. Alors qu'il commence
à grimper, Charles De Bellevue
indique à son pilote qu'il vient d'accrocher un MiG au radar.
Au même moment, le pilote aperçoit le MiG volant face
à lui, dans la direction opposée. Effectuant un retournement
tout en grimpant, Ritchie se place
derrière le MiG alors que Charles
De Bellevue l'informe en permanence de la distance qui le sépare
du chasseur ennemi. L'ascension provoquant une chute de la vitesse
du Phantom, celle-ci devient bientôt insuffisante pour réduire
la distance qui le sépare de sa proie. C'est à ce moment
là que Ritchie tire deux
missiles bien que ceux-ci se trouvent en dehors de l'enveloppe de
tir idéale. En procédant ainsi, Ritchie
espère conduire le pilote du MiG a se lancer dans un virage
pour échapper à un hypothétique poursuivant,
ce qui permettrait à Ritchie
de réduire la distance qui le sépare du MiG. Malheureusement,
ni les missiles ni la tactique employée par Ritchie
n'atteignent leurs objectifs et le MiG poursuit sa route.
Un peu plus tard, il parvient à prendre en
chasse un second MiG sur lequel il tire ses deux derniers missiles,
là encore à longue distance. Le premier missile manque
sa cible mais le second touche le MiG qui, en réalisant un
virage serré, s'est finalement placé à distance
de tir du second missile qui l'atteint, lui permettant ainsi de remporter
sa 5eme et dernière victoire.
Après avoir effectué un total de 339
missions qui représentent 800 heures de vol de combat, Ritchie
rentre aux Etats-Unis décoré des plus hautes distinctions
militaires américaines. Ses succès lui valent de remporter
le 1972 Mackay Trophy, pour la mission la plus significative de l'année
au sein de l'USAF, le 1972 Jabara Award pour la conduite aérienne,
et le Armed Forces Award. Il poursuit ensuite sa carrière au
sein de l'USAF qu'il quitte en 199 après avoir atteint le grade
de Brigadier General en 1994.