Antoine Moret est né
le 1 décembre 1912 à Castillanne dans le Lot-et-Garonne.
Titulaire d'un brevet de pilote civil, il s'engage dans l'Armée
de l'Air en 1931 et intègre le 2eme Régiment
d'Aviation de Chasse de Strasbourg. Renouvelant régulièrement
son contrat, il est admis en novembre 1937 dans le corps des Sous-Officiers
de Carrière. Il est alors membre du GC
I/2 à Chartres. Le Sergent-Chef Moret
est muté au GC III/2 lors de sa création
sur la même base, le 1 mai 1939. Lorsque la France déclare
la guerre à l'Allemagne, le 3 septembre 1939, il est pilote
au sein de la 6eme Escadrille qui vole sur MS 406.
CAMPAGNE
DE FRANCE
30 octobre 1939
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Protection de deux Potez 63 en reconnaissance sur Wissembourg
- Büchelberg, début d'après-midi, quatre
patrouilles. A 13 h 40 le lieutenant Bardin
voit un Hs 126 escorté de Bf 109, qu'il attaque aussitôt
avec le Lieutenant Lechat. Plus
haut, à 6 500 m, le Sergent-Chef Moret
tire à deux reprises un Bf 109 à cinquante mètres
qui part en piqué, comme un deuxième juste après.
Tentant de suivre le second, Moret
rejoint à 2 000 m les deux pilotes déjà
aux prises avec le Hs 126, se joint à eux et tire quatre
rafales sur le Henschel qui va s'écraser dans ses lignes
à Otterbach, près de Bergzabern. Son MS 406
n° 332 "5" a été touché
à plusieurs reprises.
En janvier 1940. Le Sergent-Chef Moret
accède au grade d'Adjudant.
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10 mai 1940
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Le terrain de Cambrai subit à partir
de 4 h 50 un violent bombardement qui détruit ou endommage
de nombreux avions. L'Adjudant Moret,
chef de la patrouille d'alerte qui était en train de
s'équiper au PC, traverse la piste sous les bombes avec
le sergent mécanicien Boileau.
Ce dernier, bien que sérieusement blessé par un
éclat, l'aide à mettre en route le MS 406 n°
591 "9" et Moret décolle
seul à 4 h 55. Il prend le contact des bombardiers à
1100 m d'altitude et lâche une rafale de loin sur le premier.
Comme un autre le croise à ce moment, Moret
le prend en chasse, puis poursuit les deux Heinkel 111 qui se
sont rejoints. Arrivé au-dessus du Cateau il tire celui
de droite de trois-quart arrière par en dessous, mettant
en feu le moteur droit et endommageant sérieusement l'aile.
Le Heinkel 111 part en piqué suivi de Moret
qui épuise ses munitions sur lui. Finalement le bombardier
disparait à 5 h 10 dans la brume [Il s'agit du He 111H.
"V4+KL" de la 3./KG 1
abattu à Leugnies (un tué ettrois Prisonniers,
dont deux blessés)] au-dessus des Ardennes belges, à
proximité immédiate de la frontière luxembourgeoise,
et sera homologué après la capture des survivants
de son équipage. Moret
se repose à 6 h 20 avec un appareil criblé de
balles. Lors d'une seconde mission, toujours à bord du
MS 406 n° 591 hâtivement réparé, il
écrit dans le cahier d'ordres de la 6eme Escadrille :
" Vu et poursuivi jusqu'à 9 500 m 1 Do 17. lmpossible
d'approcher à distance de tir. " Son carnet
de vol, plus laconique, est presque identique : " Poursuivi
un Do 215 à 9.600 m sans pouvoir réaliser le contact.
" Suite aux lourdes pertes matérielles dues au bombardement
de la veille, dix pilotes se rendent à Châteaudun
le 11 mai. L'Adjudant Moret rentre
le l2 à Cambrai avec le Morane n° 738 après
avoir couvert avec deux équipiers le terrain de Châteaudun
sur alerte.
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14 mai 1940
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Couverture aux coups Namur - Perwez - Grez,
quatre patrouilles simples, décollage de Cambrai 9 h
15. A cinq kilomètres au sud de Wavre le dispositif rencontre
deux He 111 [ Ces deux He 111 pourraient être des appareils
de la 8./KG 1 revenus dans leurs lignes avec respectivement
un tué et un blessé à bord] isolés
à 2 500 m. Tiré par les douze pilotes (Lieutenants
Lechat et Pissotte,
Sous-Lieutenant Lansoy, Adjudants
Romey (MS 406 n° 923) et Moret,
Sergents-Chefs Pizon, Bouttier,
Roig et Ravilly,
Sergents Zinnicker, Linard
et d'Achon), le premier largue
un parachutiste puis s'écrase à 10 h 07 dans un
champ vers Hannut, deux autres aviateurs quittant l'appareil
au sol. Le second sera abattu par trois pilotes de la 5e Escadrille
: Sous-Lieutenant Lansoy, Sergents-Chefs
Pizon, Bouttier.
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MS 406 du GC III/2
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16 mai 1940
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Couverture aux coups et destruction sur le
secteur Laon - Amifontaine - Vervins, 12 h 00- 13 h 00, douze
Morane 406 obligés en raison du plafond bas d'évoluer
à 1000 m. Un Hs 126 [" H1 + GL " du 3.(H)/12
abattu au beau milieu d'une batterie de Flak dans le
secteur Lappion - Dizy-le-Gros (deux tués).] rencontré
à 12 h 45 vers Montcornet est très vite abattu
par six pilotes : Commandant Geille,
Lieutenant Pissotte, Adjudant Moret,
Sergents-Chefs Roig, Ravilly
et Elmlinger (MS 406 n°
854) Son appareil mis en feu, Moret
se pose en campagne près de Montcornet (à 7 km
des lignes) où il capote, se blessant légèrement.
Le MS 406 n° 591 est entièrement détruit.
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Le 17 mai le GC III/2 évacue Cambrai
en catastrophe pour Beauvais avec seulement onze avions. Le lendemain,
Moret et huit autres pilotes sont envoyés
chercher des Morane de renfort. Même à l'arrière,
récupérer des avions tient du périple : parti
le 18 pour Toulouse, Moret et trois
autres pilotes doivent rejoindre Romorantin le 20 en avion de transport,
pour recevoir enfin chacun un MS 406, l'Adjudant convoyant pour sa
part le n° 569. Le même jour le groupe doit à nouveau
se replier, sur Persan-Beaumont cette fois, avec dix-huit avions.
Le 23 mai 1940, mitraillage de troupes au sol et attaque de chars
dans la région de Clayeux, une patrouille double, 16 h 30 -
18 h 25. l'Adjudant Moret (Morane n°
569 "9"), après avoir intercepté avec ses
cinq camarades un char et un camion à l'ouest de Sallenelle,
note sur son carnet de vol : " 1 tanck [sic] détruit
et une voiture blindée. "
Le 24 mai 1940, même mission que la veille, une patrouille
simple, décollage 9 h 10. L'Adjudant Moret
note : " Dès l'arrivée sur le secteur pris à
partie par la D.C.A. ennernie, touché par un obus qui détériore
moteur et explose dans le plan droit. Atterrissage forcé suivi
de capotage. Appareil entièrement détruit. "
Brisé à 10 h 30 à Clérés, le MS
406 n° 569 n'aura effectué que deux missions de guerre
depuis son arrivée, avec chaque fois Moret
pour pilote. Celui-ci sera cité un mois plus tard à
l'ordre de l'Armée aérienne pour ses deux missions d'attaque
de blindés.
Le 25 mai 1940, protection de bombardement Saint-Pol - Hesdin, une
patrouille triple, qui ne trouve à 11 h 50 ni les bombardiers
ni les autres chasseurs devant constituer le dispositif. Par contre
elle est la cible de violents tirs de la Flak à la verticale
d'Abbeville, au point que deux pilotes dont l'Adjudant Moret
(MS 406 n° 693) doivent rentrer à Persan-3eaumont avec
leur avion endommagé. Antoine Moret
qui en est à son troisième Morane en dix jours indique
sur son carnet de vol : " ...Obus éclate juste à
ma hauteur, appareil criblé d'éclat - moteur endommagé
pilote légèrement blessé. Rejoint péniblement
terrain de base. "
Le 30 mai 1940. Il a été décidé que le
GC III/2, en reconstitution permanente de
son potentiel depuis le 10 mai, sera replié à Avord
et transformé sur Curtiss H-75. Ses dix-huit Morane présents
sont reversés aux groupes volant encore sur ce type. Pour sa
part l'Adjudant Moret ronvoie le n°
1035 au GC I/6 à Lognes. Entraînement
sur Curtiss à partir du ler juin, et retour au front le 6 sur
le terrain de La Perthe.
8 juin 1940
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Couvenure aux coups Fismes - Soissons - Villers-
3otterêts, une patrouille triple, 16 h 30- l8 h 15. Le
Lieutenant Dubreuil, chef de dispositif
doit abandonner au bout d'une demi-heure, laissant les huit
autres continuer sans lui. Sur le secteur, deux pelotons de
trois He 1111 s'enfuient vers le nord à la vue des Curtiss.
Par contre deux autres Heinkel rencontrés au retour à
17 h 40, alors que les pilotes sont au sud-est de Soissons,
n'ont pas la même chance. Le premier, abandonné
avec les deux moteurs en feu, est homologué aux huit
pilotes : Lieutenants Pissotte
et Zantara, Adjudant-Chef Nédellec,
Adjudant Moret H-75A-3 n°
275), Sergent-Chefs Roig et Ravilly,
Sergents Zinnicker et Linard.
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13 juin 1940
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Destruction forêt de Traconne - Montmirail,
12 h 00 - 13 h 00 sur secteur, deux patrouilles triples, décollage
10 h 30. Des tirs de Flak et un premier engagement réduisent
le dispositif à treize sur dix-sept au départ.
Après avoir évolué au milieu des éclatements
de l'artillerie anti-aérienne dans un ciel très
nuageux, les pilotes rencontrent à 11 h 35 vingt et un
Ju 87 du II./StG 77 qu'ils attaquent
aussitôt. Mais de nouveaux pelotons de bombardiers apparaissent,
escortés ceux-ci de Bf 109 de la JG
27 qui attaquent les Curtiss. Ce sera treize contre environ
une centaine, mais les pilotes français obtiendront sept
victoires sûres et deux probables. L'Adjudant Moret
sur son Curtiss H-75A-3 n° 245, après avoir abattu
un Stuka [Le 6./StG 77 perd un
Ju 87 B-1 à 3,5 km au sud de Montmirail (équipage
sauf], se retourne contre les Bf 109 et en abat également
un [Le 2./JG 27 perd un Bf 109 E-4
à Montmirail (pilote sauf)], toulours seul. Puis l'inégalité
de forces devenant trop lourde, les rescapés se réfugient
dans les nuages tout en se regroupant comme ils peuvent. Moret
atterrit sur un Curtiss plusieurs fois touché à
Auxerre, nouvelle base du GC III/2,
après deux heures quinze minutes de vol.
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Le 18 juin 1940, le GC III/2 traverse la
Méditerranée avec 22 appareils. Au cours de la Campagne
de France, du 10 mai au 16 juin, l'Adjudant Moret
participe à 28 missions de guerre, 15 sur MS 406 et 13 sur
Curtiss H-75. Au cours de la "Drôle de Guerre", il
avait déjà réalisé 29 missions sur MS
406.
1943
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Suite à la dissolution de son Groupe,
Antoine Moret est affecté
le 30 août 1940 au GC I/5. Placé
en congé d'armistice spécial, il rejoint en avril
1941 le service civil de liaison à Rabat. Ce n'est que
le 3 février 1943, suite au retour de l'AFN dans le camp
allié, que l'Adjudant-Chef Moret
est rappelé à l'activité au sein de la
4eme Escadrille du futur GC 2/5 "Lafayette".
Son nouveau Groupe participe sur Curtiss P-40F à la Campagne
de Tunisie, au cours de laquelle il abat un Fw 190 le 9 février,
entre Ousseltia et Kasserine. Promu Sous-Lieutenant le 25 du
même mois, il participe ensuite à des missions
de protection côtière en Méditerranée
jusqu'à ce que le Groupe soit transformé, en mai
1944, sur P-47D Thunderbolt. Le Groupe prend alors part à
des missions d'appui tactique sur le Midi de la France, l'Italie
puis l'Est de la France après avoir remonté la
vallée du Rhône. A partir du 27 septembre 1944,
il prend le commandement de la 2eme Escadrille du GC
3/3 "Ardennes". Il est alors Lieutenant.
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A la libération, le Capitaine Antoine
Moret est affecté au centre d'expériences aériennes
militaires (CEAM) de Mont-de-Marsan. C'est là qu'il se tue
le 26 janvier 1946 après que son Morane Saulnier 502 "Criquet"
n° 309 ait accroché la cime d'un arbre au décollage.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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