Maurice Romey est né
le 12 février 1912 à Paris. Contraint d'abandonner ses
études à 1 mois du baccalauréat en raison de
la situation de sa famille, il devient apprenti-mécanicien
chez le motoriste Salmson. En décembre 1929, il devance l'appel
et s'engage pour 5 ans dans l'Aéronautique Militaire. Breveté
pilote à Reims et promu Sergent, il est affecté au 12e
Régiment d'Aviation de Bombardement situé lui
aussi à Reims et équipé de Breguet 19. Le 23
septembre 1932, il frôle la catastrophe lorsqu'il est abordé
en vol par un autre appareil. Après être passé
par différentes école de perfectionnement, il est affecté
à Tours, en 1936, à la 1ere Escadrille du GC
I/2 qui vole sur Nieuport NiD 622. Promu Sergent-Chef en 1937,
il vole à Chartres où déménage la 2eme
Escadrille sur Dewoitine 500 et 501. En mai 1939, lors de la création
du GC III/2, Romey
intègre la 5eme Escadrille du nouveau Groupe qui est équipé
de Morane-Saulnier MS 406. Au cours de l'été 1939, il
est promu Adjudant et devient chef de patrouille.
CAMPAGNE
DE FRANCE
22 septembre 1939
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Protection de bombardement Altheim - Walshbron,
décollage 12 h 30. La patrouille simple détachée
au préalable à Nancy se trouve vite réduite
à deux pilotes, le Lieutenant Lechat
et l'Adjudant Romey (MS 406 n°
338 "3"). Lechat aperçoit
à 7 000 m un Dornier 17 qui part en piqué à
la vue des Français. Ayant acquis une vitesse suffisante,
Romey le rejoint avant son chef
de patrouille, le tire et le touche sérieusement. Au
retour, l'Adjudant écrira dans le cahier d'ordres de
l'escadrille : " En protection sur secteur, à
14 h 55. Attaqué un bimoteur genre Do 17 à 6000
m, fait trois passes. L'ennemi ne se défend qu'en piquant
à vitesse élevée pour profiter de l'abri
des nuages qui sont à 4 500 m. Il rentre dans les nuages
où je le perds, à l'intérieur de ses lignes.
" Du coup la victoire n'est que probable, faute de
témoins de la chute. En fait, le Dornier l7 P de la 3.(F)/22,
victime d'une grave fuite de carburant, a fini par s'écraser
à l'ouest de Neunkirchen avec deux tués et un
blessé. Les quatre Messerschmitt Bf 109 qui le protégeaient
l'ont cru touché par la DCA !
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1er mars 1940. Romey participe depuis
le 18 février à un stage de pilotage sans visibilité
à Toulouse où il accidente ce jour son Morane 406 n°
338 "3". L'escadrille a reçu des avions de complément
à la suite de nombreux accidents durant l'hiver. A partir du
21 avril, il vole presque exclusivement sur le n° 923 dont le
Capitaine Kerangueven n'a rodé
le moteur que le 8.
Le 10 mai le GC III/2 subit à l'aube
un violent bombardement qui détruit six Morane 406 et en endommage
gravement de nombreux autres, principalement de la 6e Escadrille.
La 5e, celle de Romey, devra dans un
premier temps assurer la plupart des missions, le GC
III/2 voyant six pilotes du GC III/7
arriver en renfort dès le 10 au soir.
10 mai 1940
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Couverture sur alerte Arras, décollage
14 h 30, une patrouille légère. Bien vite Romey
sur son Morane 406 n° 923 "7" et le Sergent-Chef
Pizon rencontrent l'ennemi ; le
cahier d'ordres porte un compte-rendu succint mais complet:
" Contact pris au nord de Cambrai à 5 000 m avec
3 Heinkel 111, route 300". Combat renforcé après
4 passes par une patrouille légère de Hurricane
au Sud d'Arras. Les 3 Heinkel semblent désemparés,
larguent leurs bombes et se dispersent. L'un d'eux en feu disparait
dans la brume en perdant de l'altitude vers St Omer: "
Cet avion [He 111H du 7./KG 1 abattu
à Gondécoun (quatre tués) - en collaboration
avec la 230e batterie du 406e Régiment d'anillerie de
DCA] sera homologué aux deux pilotes du GC
III/2, qui ramènent leurs appareils touchés
à Cambrai, des pilotes britanniques du Squadron
607 revendiquant les deux autres.
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MS 406 du GC III/2
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12 mai 1940
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Couverture Tirlemont - Hannut - Namur, 5 h 00 - 6 h 30, un
total de onze pilotes en quatre patrouilles. Vers 5 h 30 l'Adjudant
Romey (MS 406 n° 923) se
joint à l'Adjudant-Chef Barrio
et aux Sergent-Chef Pizon et
Bouttier. A quatre ils attaquent
au nord de Charleroi un Do l7 (aussi identifié comme
un He 111) qui disparaît désemparé vers
Tirlemont et ne leur sera compté que "probable".
A 6 h 05 Romey et son équipier
le Sergent-Chef Chambon rencontrent
un Do l7 (He 111 ?) isolé. Il largue ses bombes, pique
et se réfugie dans les nuages trois cents mètres
plus bas, attaqué dès qu'il en sort, puis abandonné
sévèrement touché. Seconde victoire seulement
probable pour Romey, partagée
avec Chambon. Un second, tout aussi solitaire et attaqué
à 6 h 20 à 5 000 m, n'a pas la même chance.
ll pique également vers les nuages mais est abattu
cinq minutes plus tard vers Saint-Trond par les deux mêmes
pilotes.
Couverture Tirlemont - Namur - Hannut - Huy - Wavre, une
patrouille triple des GC III/2 et
GC III/7, décollage 12 h
30. Un avion identifié comme un Hs 126, rencontré
à 3 000 m, se défend par la manoeuvre habituelle
: descente en spirale jusqu'au sol et virages serrés.
Mais les pilotes français le serrent et le tirent plein
travers et de 3/4 arrière. Finalement le " Henschel
" [Qui s'avère être en fait un Fairey Fox
VIII "O.187 " de la 7/III/Aé belge abattu
près de Forseilles par quatre MS 406 français
(équipage sauf) !] s'écrase dans un bois à
12 h 55 près de Huy, homologué au Lieutenant
Bardin, au Sous-Lieutenant Danevelle
et à l'Adjudant Romey
(MS 406 n° 923) du GC III/2,
à l'Adjudant Boyer et
au Sergent-Chef Morlot du GC
III/7.
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14 mai 1940
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Couverture aux coups Namur - Perwez - Grez, quatre patrouilles
simples, décollage de Cambrai 9 h 15. A cinq kilomètres
au sud de Wavre le dispositif rencontre deux He 111 [Ces
deux He 111 pourraient être des appareils de la 8./KG
1 revenus dans leurs lignes avec respectivement un tué
et un blessé à bord] isolés à
2 500 m. Tiré par les douze pilotes (Lieutenants Lechat
et Pissotte, Sous-Lieutenant
Lansoy, Adjudants Romey
(MS 406 n° 923) et Moret,
Sergents-Chefs Pizon, Bouttier,
Roig et Ravilly,
Sergents Zinnicker, Linard
et d'Achon), le premier largue
un parachutiste puis s'écrase à 10 h 07 dans
un champ vers Hannut, deux autres aviateurs quittant l'appareil
au sol. Le second sera abattu par trois pilotes de la 5e Escadrille
: Sous-Lieutenant Lansoy, Sergents-Chefs
Pizon, Bouttier.
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Le 15 mai 1940, lors d'une couverture sur Dinant - Namur mettant
en oeuvre dix pilotes du GC III/2, le lieutenant
Le Blanc
part sur le secteur avec ses cinq équipiers, sans attendre
les quatre de la 5e Escadrille, que mène l'adjudant Romey
et qui doivent les protéger. Les deux patrouilles séparées
rencontrent l'ennemi, subissant des pertes. Pour sa part Romey
rentre avec un seul équipier sur les trois qui avaient décollé
avec lui, et tous deux d'une humeur massacrante !
Le Capitaine Corniglion-Molinier
de l'état-major du GC III/2, qui
quand il vole utilise le plus souvent le Morane n° 923, ramène
cet appareil criblé après avoir abattu un He 111 et
un sévère combat contre des Bf 110. Le "7"
restera à Cambrai le lendemain, lorsque le GC
III/2évacuera le terrain en catastrophe pour Beauvais avec
seulement onze avions.
20 mai 1940
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Couverture Ham - Péronne, une patrouille
double cinq avions) du GC III/2 et
une triple du GC III/3 qui occupe
également Beauvais. A 11 h 10 le dispositif rencontre
sur Nesles douze Heinkel 111 faisant route au sud-ouest à
2 500 m, et les attaque par l'avant. Le peloton se disloque
et un des He 111P ["AI + CK" du 2./KG
53 tombé à Cléry-sur-Somme (un tué,
quatre prisonniers).] s'écarte ; ses occupants sautent
en parachute et il finit par s'écraser à Monchy-Lagache
(près de Beauvais), victime des Lieutenants Lechat
et Le Blanc,
de l'Adjudant Romey (MS 406 n°
200) ainsi que des Sergents-Chefs Elmlinger
et Monribot.
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Le 21 mai 1940, Romey et quatre pilotes
se rendent à Marignane pour y chercher des Morane 406 de renfort
; ils rentrent le 23, Romey convoyant
le n° 1069.
Le 30 mai 1940, le GC III/2, en reconstitution
permanente de son potentiel depuis le 10 mai, doit se replier à
Avord pour s'y transformer sur Curtiss H-75, ses dix-huit Morane étant
reversés aux groupes volant encore sur ce type. Pour sa part
l'adjudant Romey convoie le n° 1042
au GC III/6 à Coulommiers. L'entraînement
sur Curtiss débute le ler juin, et le groupe retourne au combat
avec vingt-huit avions le 6 sur le terrain de La Perthe.
Le 8 juin 1940. Destruction Soissons - Fismes - Villers-Cotterêts,
une patrouille triple, décollage 8 h 30. Le plafond bas oblige
les neuf pilotes à voler à faible altitude, à
portée de tir de la Flak. Lancés à la poursuite
d'un Henschel 126, pas moins de sept Curtiss sont touchés par
l'artillerie anti-aérienne allemande vers Sermoise, en particulier
l'Adjudant Romey qui doit poser le Curtiss
n° 246 en campagne près de Lesges, à l'est de Soissons,
tout près des lignes. Il n'a que le temps d'incendier son avion
pris pour cible par des mitrailleuses ennemies avant de s'enfuir et
rentrera dans la nuit "après avoir vogué de
PC en PC " selon le cahier d'ordres de la 5e Escadrille.
13 juin 1940
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Le 13 juin 1940, mission de destruction dans le secteur de
la forêt de Traconne - Montmirail entre 12 et 13 h 00.
Deux patrouilles triples décollent à 10 h 30.
Des tirs de Flak et un premier engagement réduisent
le dispositif français à treize appareils sur
les 17 du départ. Après avoir évolué
au milieu des éclatements de la Flak dans un ciel très
nuageux, les pilotes encor présents attaquent à
11 h 35 un groupe de 21 Ju 87 du II./StG
77 puis de nombreux autres bombardiers protégés
par des Me 109 du JG 27. Au total,
au cours du vol, les français affronteront une centaine
d'appareils allemands. Sept victoires confirmées et
deux probables seront attribuées aux pilotes du GC
III/2 au terme de cette mission dont un Ju 87 probable
accordé à l'Adjudant Romey
et au Capitaine Kerangueven.
Malheureusement, Romey ne rentrera pas de cette mission, probablement
tué sur le coup. Son corps ne sera découvert
que fin 1942 par madame Germaine l'Herbier-Montagnon, avec
l'épave de son Curtiss H-75A-3 n° 264 à
Champguyon.
Entre le 10 mai et le 13 juin 1940, l'Adjudant Romey
avait effectué 26 missions de guerre dont 18 sur MS
406 et 8 sur Curtiss H-75.
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NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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