Alphonse, Maurice Le Blanc
est né le 23 juin 1910 à Pasly dans l'Aisne. Titulaire
d'une bourse de pilotage, il obtient son brevet le 17 septembre 1930
à l'école Feillant avant d'être affecté,
le 2 août 1931 au 11eme Régiment
de Bombardement basé à Metz. Le 1er octobre 1932,
le Régiment prend la désignation de 11eme
Escadre de Bombardement. En octobre 1933, il est à la
11eme Escadrille Aérienne Lourde de Défense,
puis un an plus tard, à la 11eme Demi
Brigade et à la 38eme Demi Brigade,
toujours à Metz. Admis en 1936 à l'Ecole de l'Air de
Versailles, il est affecté comme Sous-Lieutenant la 2eme
Escadre de Chasse basée à Chartres et équipée
de Dewoitine 500, le 2 décembre 1937.
Lorsque la France déclare la guerre à l'Allemagne,
le 3 septembre 1939, le Sous-Lieutenant Le
Blanc appartient à la 6eme Escadrille du GC
III/2. Le Groupe est mobilisé à Cambrai avec ses
MS 406. Constitué en mai 1939, le Groupe s'est essentiellement
constitué à partir d'éléments des GC
I/2 et GC II/2. Au cours de la "Drôle
de guerre", Maurice Le Blanc
est promu Lieutenant.
CAMPAGNE
DE FRANCE
Le 1er avril 1940, la 6e Escadrille couvre son secteur par patrouilles
simples, le Lieutenant Le Blanc et
ses deux équipiers assurant cette mission entre 13 h 00 et
14 h 00. Le mal du Morane, le manque de vitesse, apparaît dans
le compte-rendu sur le cahier d'ordres de l'escadrille : " Rencontré
un Do 215 au point 1 à 12 h 57 à 8000. Poursuivi pendant
45 km. Abandonné en Belgique. Pas tiré. "
Le 6 mai 1940, en couverture en patrouille légère,
le Lieutenant Le Blanc tire deux
rafales à sept cents mètres de distance sur un Do l7
qui vole à 9 500 m, et se réfugie encore en Belgique.
" Il m'a été impossible de le rattraper. Bon
fonctionnement des armes et de la radio. " a écrit
le pilote.
Le 10 mai le terrain de Cambrai subit à l'aube un violent
bombardement qui détruit six avions, dont celui de Le
Blanc, et en endommage de nombreux autres. Pour effectuer les
premières missions, la 6e Escadrille n'a plus que six avions
sur les dix-neuf qu'elle possédait la veille. Renforcé
dans un premier temps par six pilotes et avions du GC
III/7, le GC III/2 envoie dès
le lendemain dix pilotes chercher des Morane 406 à Châteaudun.
À l'aube du 12, la 6e Escadrille n'a plus que deux avions opérationnels,
plus un de l'état-malor du groupe qu'elle utilise pour former
une patrouille. Des dix pilotes partis, tous rentrent avec un avion,
deux le 11, sept le 12, et le dernier le 13. Ce même jour le
Lieutenant Le Blanc et deux autres
pilotes prennent à leur tour le chemin de Châteaudun,
puis de Romorantin et enfin de Chartres, où ils perçoivent
immédiatement des avions. Ils rentrent à Cambrai le
lendemain, Le Blanc convoyant pour
sa part le Morane n° 419.
14 mai 1940
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Couverture Charleroi - Namur 16 h 15 - 16
h 45, quatre patrouilles totalisant douze pilotes. Les six de
la 6e Escadrille rencontrent deux pelotons de trois Heinkel
111 qui larguent leurs bombes et tentent de fuir. Le Lieutenant
Le Blanc et ses équipiers
en attaquent trois dont un va s'écraser après
deux passes, les deux moteurs en feu dans un bois à sept
kilomètres au sud-ouest de Namur, homologué à
Le Blanc (MS 406 n° 750
"5") et au Sergent-Chef Elmlinger
(MS 406 n° 201 "7"). Après ce premier succès,
deux autres attaques sur des Heinkel, entre autres par Le
Blanc et Elmlinger ne
donneront rien.
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15 mai 1940
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Couverture Namur - Dinant, 7 h 50 - 8 h 20
sur secteur. Les deux patrouilles doubles composant le dispositif
sont séparées dès le départ, le
Lieutenant Le Blanc et ses
cinq équipiers partant sur le secteur sans attendre les
quatre pilotes de la 5e Escadrille qui doivent les protéger
en altitude. La brume oblige les pilotes à voler à
1500 m, et lorsqu'à 7 h 55 ils se préparent à
attaquer deux pelotons de Heinkel 111 sur Namur, ils sont surpris
par neuf Bf 109 venant du nord à 2 000 m d'altitude.
Dans le combat tournoyant qui s'engage, le Lieutenant Le
Blanc, avec le MS 406 n° 934 "19", le Sous-Lieutenant
Voyer et le Sergent-Chef Elmlinger
(MS 406 n° 201 "7") attaquent deux Bf 109 qui
menaçaient un Morane. L'un deux va s'écraser à
huit kilomètres au sud-ouest de Namur, homologué
aux trois pilotes. Le Sergent-Chef Elmlinger
rentre à Cambrai avec un Morane criblé d'impacts.
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Le 17 mai 1940. Jour "sans"pour le Lieutenant Le
Blanc, qui écrit dans le cahier d'ordres, à l'issue
d'une couverture sur Nivelles - Lignies - Charleroi : " À
5 h l0 attaqué un Do 215 à 10 km nord du terrain, il
paraît touché, il pique vers l'est et nous échappe.
A 5 h 30 attaqué un Henschel 126, le mitrailleur paraît
touché, l'avion pique vers le sol mais ne paraît pas
être détruit [Un Hs 126 du I.(H)/23
est attaqué vers Charleroi (un blessé)]. "
Cet appareil ne lui sera pas homologué.
MS 406 du GC III/2
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20 mai 1940
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Couverture Ham - Péronne, une patrouille
double (cinq avions) du GC III/2 avec
une triple du GC III/3. A 11 h 10,
la patrouille rencontre sur Nesles douze Heinkel 111 faisant
route au sud-ouest à 2 500 m, qu'elle attaque de face,
parvenant ainsi à dissocier le peloton. D'un Heinkel
He 111P qui s'est écarté [codé "AI
+ EH" du l./KG 53 (abattu
à Beauvois-en-Vermandois -un tué, quatre prisonniers)],
les occupants sautent en parachute et il finit par s'écraser
à Monchy-Lagache, victime des Lieutenants Lechat
et Le Blanc (MS 406 n°
419 "12"), de l'Adjudant Romey
ainsi que des Sergents-Chefs Elmlinger
(MS 406 n° 201 "7") et Monribot.
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Depuis le 10 mai le GC III/2 vit une reconstitution
permanente de son potentiel, aussitôt réduit à
néant ou presque. Du coup il est décidé de le
replier à Avord, près de Bourges, et de le transformer
et rééquiper totalement en Curtiss H-75. Ses dix-huit
Morane présents sont reversés aux groupes volant encore
sur ce type, Le Blanc convoyant pour
sa part le n° 693 au GC I/6 à
Lognes. A partir du 1er juin le GC III/2
s'entraîne sur Curtiss, et reioint le front le 6 juin à
La Perthe.
8 juin 1940
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Couverture aux coups Villers-Cotterêts
- Soissons - Fismes, une patrouille triple, décollage
19 h 25. A 20 h 00 deux avions identifiés comme des Hs
126 [Bien que l'erreur d'identification soit surprenante, il
pourrait s'agir en fait de deux Ju 87 B du III./StG
2, dont l'un est abattu à Mareuil-en-Dôle
à 20 h 00.] sont attaqués au nord de Fère-en-Tardenois
et l'un s'écrase au nord de Braine, abattu par les neuf
pilotes : Commandant Geille,
Capitaines Lasckiewicz et Corniglion-Molinier,
Lieutenants Dubreuil, Le
Blanc (H-75A-3 n° 278) et Zantara,
Adjudant-Chef Nédellec,
Sergent-Chef Elmlinger (H-75A-3
n° 235) et Sergent Rouxel.
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9 juin 1940
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Protection de reconnaissance au sud de Soissons,
puis destruction sur Château-Thierry deux patrouilles
doubles, décollage 13 h 30. A 14 h 15 une des deux patrouilles
doubles attaque à 3 000 m au-dessus de Fismes un Hs 126
de la l.(H)/41 contraint à
l'atterrissage près de Marle (un tué), sur lequel
trois pilotes font une dizaine de passes. Le mitrailleur hors
de combat et après de multiples évolutions, il
finit par rejoindre ses lignes, donc seulement " probable
" pour les Lieutenants Dubreuil
et Le Blanc (H-75 n° 278).
Ce dernier, à bout de munitions. rentre directement à
La Perthe.
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13 juin 1940
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Destruction Forêt de Traconne - Montmirail,
12 h 00 - 13 h 00, deux patrouilles triples. Des tirs de Flak
sur Estemay et un premier engagement contraignent quatre pilotes
à rentrer à Auxerre, nouvelle base du GC
III/2. Pendant une demi-heure le dispositif, réorganisé
après les départs, vole entre de gros nuages sans
rien voir d'autre que des éclatements de la Flak. Vers
11 h 35 les Curtiss attaquent vingt et un Stuka du II./StG
77 qui prennent aussitôt la direction du Nord,
puis de nombreux autres protégés par des Bf 109
du I./JG 27 ; au total les treize Français
font face à une centaine d'Allemands. Dans ce combat
gigantesque les pilotes du GC III/2
obtiennent sept victoires sûres et deux probables. Pour
sa part le Lieutenant Le Blanc,
sur son Curtiss n° 278, a abattu sûrement un Ju 87B-1
de la 6./StG 77, tombé à
3 km au sud de Montmirail (équipage sauf) vers Montmirail.
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Le 18 juin, le GC III/2 traverse la Méditerranée.
Maurice Le Blanc, retardé
avec deux équipiers, ne rejoint son Groupe que deux jours plus
tard. Entre le 10 mai et le 16 juin 1940, le Lieutenant Le
Blanc a effectué 23 missions de guerre dont 11 sur MS 406
et 12 sur H-75. Le GC III/2 étant
dissout le 27 juillet 1940, Le Blanc
rejoint le 30 août, la 1ere Escadrille du GC
I/5 basé au Maroc. Il participe le 24 septembre 1940 à
l'escorte du bombardement de Gibraltar, effectué en représaille
de la tentative de débarquement des forces Britanniques et
françaises libres à Dakkar (Opération "Menace").
Le 9 novembre 1942, lors des opérations de débarquement
anglo-américaines en Afrique du Nord (Opération "Torch"),
le Lieutenant Le Blanc est abattu
et tué au combat à l'Est de Boulhot (près de
Rabat) par un F4F-4 de la VF 9 embarqué
sur le porte-avions USS Ranger. Il comptait alors 1597 heures de vol
et avait remporté 5 victoires au cours de la Campagne
de France.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).