As Roumain ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours
DOBRAN Ion


 

 

 


 

 


 

Né le 5 février 1919 à Valeni Podgoria

Lieutenant

10 victoires homologuées
3 victoires probablesn
1 avion ennemi détruit au sol
340 missions de combat - 74 combats aériens


 

 


Grade Date
Unités
Arrivée Départ Fonction Secteur
Asp
???
ARR 1939 04/42 Elève Pilote Roumanie
Slt
???
9eme Groupe de Chasse 04/42 08/43 Pilote Roumanie
Lt
1944
7eme Groupe de Chasse 08/43 10/43 Pilote Est
   
9eme Groupe de Chasse 10/43 09/44 Pilote Est. Roumanie
     
9eme Groupe de Chasse 09/44 25/09/44 Pilote Roumanie
     
9eme GC / 48e Esc 25/09/44 05/45 Chef Escadrille Roumanie

lon Dobran (Fakirul : le fakir) est un de ces as de l'Aviation Royale Roumaine peu connus car ne possédant pas un palmarès prestigieux comme Serbanescu ou Cantacuzino. a carrière "linéaire" s'apparente à celle de son camarade de promotion Vasile Gavriliu et même à celle de son homologue Di Cezare. Même si la propagande ne plaça guère ces pilotes sur le pavois, ceux-ci, par leur sérieux et leur régularité, allaient cependant se révéler comme des piliers de l'arme de chasse roumaine, tout en constituant d'indéniables exemples pour leurs subordonnés et leurs cadets.


Le 23 novembre 1916, Bucarest est évacuée puis capturée par les soldats de l'armée germano-austro-hongroise. Le sous-officier de gendarmerie Dobran n'attend pas l'occupation effective pour évacuer avec son épouse, qui exerce la profession de sage-femme, par crainte des excès de la soldatesque ennemie. ll va ainsi s'établir à Valeni Podgoria, près de Pitesti ; une fille y naîtra en 1918. Fin octobre 1918, l'armistice est signé et la Paix revient enfin. Le second enfant du couple Dobran, lon, voit le iour quatre mois plus tard, soit le 5 février 1919.

Le garçon entre à l'école de Stefanesti, achevant son cycle d'études primaires dans un lycée de Bucarest. Mais lorsque lon atteint ses douze ans, son père l'envoie d'autorité à Tirgu Mures, au lycée militaire "Mihai Viteazul". La carrière du jeune garçon est tracée : il entrera à l'armée. Mais pourquoi avoir par la suite "obliqué" vers l'aviation ? Selon l'intéressé : "C'est une question à laquelle il rn'est actuellement fort difficile de répondre. En 1934, à Tigu Mures, j'ai vu se poser tout près de moi un avion tout en toi,e et ai pu le contemplet à loisir. C'est peut-être cet épisode qui, inconsciemment, m'a poussé vers l'aviation...". En 1935, seul de sa classe, le garçon se fera d'ailleurs membre de l'ARPA (l'association roumaine pour la Propagande de l'aéronautique), ce qui prouve son réel intérêt pour l'aviation.

 

           

 

En septembre 1939, âgé de vingt ans, lon Dobran entre à l'école de Cotroceni oùr il va se lier avec divers camarades de promotion dont Vasile Gavriliu, lon Galea, Constantin Rosariu ou Horia Pop. Comme Gavriliu, il vole sur Fleet et Potez XXV avant de se perfectionner sur Nardi, IAR 27 et PZL P 11 à Tirgu Jiu puis à Ghimbav (Brasov). Pour lui, "cette pétiode fut très agréable. Nous étions tous très heureux de voler et il y eut fort peu d'accidents malgré l'ambiance très détendue". En 1942, le jeune officier est versé à la Flotila I Vonotoore, basée à Pipera et équipée d'lAR 80 ("Une bien bonne machine pour cette époque mais qui allait étre très vite dépassée", selon lui). Menée par le Commondor Mihail Romanescu, la flotille de chasse est incluse dans le Grupul 9. "Nous avons un peu tâté du Heinkel 112 mais seulement pour la transition, c'est-à-dire pour passer des appareils d'écolage à l'IAR 80. Le He 1l2 avait une forme aérodynamique et ressemblait à un requin mais il n'était, au point de vue performances, guère différent de l'IAR". Les aviateurs, suite à l'opération "Halpro" du 11 juin 1942, première et courle intrusion des bombardiers américains dans le ciel roumain, vont se consacrer à la défense du territoire et être envoyés un peu partout dans le pays pour contrer les éventuels intrus. ll n'y aura cependant aucune nouvelle attaque à cette période, et donc aucun engagement. Cet écolage opérationnel terminé, plusieurs jeunes pilotes doivent alors gagner le front de I'Est. Dobran est un de ceux désignés pour théâtre de guerre. . .

 

Le Lt. av. Ion Dobran volera sur cet IAR-80 au cours de l'année 1942, participant aux missions de protection du territoire national avec le 9eme Groupe de Chasse

 

Le tour de mâgie du "Fâkir" !

A cette époque, les combats de Stalingrad ont pris fin depuis plusieurs semaines. [aviation royale roumaine, réengagée en URSS à la mi-1942. a pris tristement conscience lors des très durs combats hivernaux de la vétusté de son matériel. Ses chasseurs (entre autres) doivent être remplacés, les IAR 80 et Bf 109 "Emil" étant d'une autre génération. Les jeunes aviateurs désignés pour le combat gagnent ainsi Tiraspol après un court voyage en Ju 52, afin de se réentraîner sur Bf 109 F et G
(le "Gheu", selon la prononciation roumaine) sous la houlette de pilotes allemands. C'est ainsi que Dobran va faire connaissance avec le Leutnant Helmut Lipfert. Né en 1916, cet ex sous-officier des blindés est encore inconnu. Passé en 1941 à la Luftwaffe, il a été versé fin 1942 au 6./JG 52. ll n'est à cette époque titulaire que de quelques Luftsiege, mais n'en terminera pas moins la guerre avec 203 victoires confirmées et décoré de la Croix de Chevalier avec Feuilles de Chêne. Lipfert est un des Allemands désignés pour instruire les nouveaux venus. Lui-même n'ayant qu'une expérience relativement limitée doit considérer les Roumains plus comme des camarades de son âge que comme des élèves, ce qui lui vaudra bonne presse auprès de Dobran et des compatriotes de ce dernier.

Un jour, l'Allemand lance le pari habituel des entraînements : demeurer continuellement en formation avec lui. Dobran décide de relever le gant et, dès le décollage, suit Lipfert comme son ombre en tant que Kaczmarek (ailier). L'Allemand se lance dans diverses acrobaties et effectue pas moins de quatorze passages au-dessus du terrain en rasant le sol. Peine perdue, il ne peut décrocher le Roumain. A l'atterrissage, on découvrira que pour "coller" à son Rottenfiihrer Dobran a volé encore plus bas que ce dernier, tellement bas... que les pales de son hélice ont arraché des mottes de terre qui souillent touiours l'avant de son "Gustav" ! Lipfert, impressionné par l'étonnante performance du Roumain, lui décerne alors le surnom de "Fakir" qui colle bien à son aspect ascétique. Cette appellation fera mouche et lui restera attachée... Ce qu'ignore l'Allemand, c'est que Dobran a un "truc" : l'axe de relevage du Bf 109, dont les orifices sont placés à l'arrière du fuselage. En s'alignant sur eux de telle sorte qu'il puisse voir le ciel à travers, lon a remarqué qu'il était strictement parallèle à son instructeur... mais toujours un mètre plus bas !

Les rapides débuts d'un As.

" 14 août 1 943 : nous sommes finalement bons pour l'Est. A 10 h 55, nous décollons de Tiraspol pour voler directement vers Kramatorskaja. Du vieux Ju 52, nous lançons des regards vers le sol qui se déroule de manière monotone. Tout le monde est silencieux, les neuf membres du Grupul 9 sont plongés dons leurs pensées. Qui sont-ils ? Les Sous-Lieutenants Vasile (Chitu) Gavriliu et lon Dobran ainsi que les adjudants Bedreaga, Botnar, Onofrei, Nicoaro, Miron, Iliescu et Iosif Moraru. J'oublie le lieutenant Nicki Batroaul (le vieux !). Certains sont malades vu les turbulences. (...) Nous arrivons à 14 h 05. En attente sur la piste, nous apercevons un Yak effectuant de larges cercles dans le ciel juste au-dessus de nos têtes. C'est un appareil de reconnaissance qui évalue les forces présentes. Les canons de DCA tirent sans grande conviction... Tel est notre accueil du front".

C'est ainsi que commencent les carnets de lon Dobran, carnets qu'il rédigera pendant toute la guerre. Leur entraînement terminé, les jeunes aviateurs tagnent en effet le Grupul 7, qui opère à cette époque de Kramatorskaja. C'est une unité d'élite réunissant des pilotes très expérimentés dont la réputation n'est plus à faire. Mais ces aviateurs qui combattent depuis trop longtemps (certains depuis Stalingrad) sont progressivement relevés par des compatriotes venus de I'arrière. Le lendemain de son arrivée, le Sous-Lieutenant Dobran est de suite "mis dans le bain"' Il découvre très vite la différence entre écolage et guerre réelle.

"Nous avons engagé onze chasseurs ennemis (...) mais avec une totale impatience je tire de trop loin et les jak piquent avant même d'être touchés". ll va pourtant bénéficier d'une chance quasi incroyable : "Par inadvertance, au cours de diverses monoeuvres je perds Colea [Nicolae Naghirneac] et gagne de l'altitude. Quatre jak se placent dans ma queue, trois autres évoluant plus bas à droite. Je me lance dans une nouvelle monoeuvre mais ils me tombent dessus et commencent à me mitrailler. Les quatre appareils les plus proches passent cependant à une centaine de mètres en-dessous de moi. Je deviens euphorique et me mets à rire tout seul. Je me sens calme et en possession de tous mes moyens ; ils ne peuvent rien me faire. Maintenant que je suis au-dessus d'eux, je leur suis supérieur. Je regarde tous azimuts pour vérifier si aucun autre ennemi ne me menace puis je me relance au combat encore et encore. Soudain un des appareils me coupe littéralement la route et nous manquons de nous percuter. Je lui décoche toutes mes munitions. (...) Avec regret, je quitte les lieux en piqué". Au retour, le jeune pilote est congratulé et crédité sur le champ d'une victoire remportée lors de son premier vol de guerre. En fait, ce succès ne sera pas confirmé. Qu'importe !

Ce n'est pas une déception pour le nouvel arrivé puisque ce combat lui a donné largement confiance. On notera le calme avec lequel notre pilote a, pour la première fois, affronté plus d'une demi-douzaine d'appareils soviétiques. Ce flegme, qu'il conseruera toute sa vie, donne toute sa saveur à son surnom de "Fakir".

 

Le Lt. av. Ion Dobran volera sur ce Bf 109G4 du Grupul 7 en 1943


Premières victoires

Très vite, le Sous-Lieutenant Dobran s'accoutume à la difficile vie du front : les baraquements spartiates et humides, les bombardements de nuit de I'aviation soviétique, le manque d'hygiène, etc. Les missions se succèdent : escortes des Ju 87 et 88, chasses libres, missions de protection du terrain... Le 6 septembre, il remporte enfin sa première victoire homologuée, un ll-2 d'une formation venue (escortée par des La-5) pour bombarder le terrain roumain. L'llyouchine s'abat près de Blizneti. Trois jours plus tard, Dobran combat un autre de ces avions d'assaut dans le même secteur et remporte une nouvelle victoire qui ne lui sera pas confirmée. Le 25 septembre à 11 h 35, le jeune pilote décolle avec l'adjudant Iosif Moraru pour escorter des Ju 87 Stuka. Près de Togmaciansk, leurs protégés sont attagués par des Yak. Dobran intervient et constate à la seconde rafale de son canon axial de 20 mm que l'aile d'un Russe se brise : c'est son second succès homologué. Les semaines qui se succèdent voient de nombreuses opérations et des combats sans résultat contre les chasseurs soviétiques ; l'hiver freine largement les sorties. Le 23 octobre, le Grupul 7 est officiellement retiré du front, sa place étant reprise par le Grupul 9 dont les composantes ont assuré progressivement la relève. Néanmoins, 14 des meilleurs pilotes (Serbanescu, Cantacuzino, Milu, Greceanu, etc.) vont demeurer au neuvième Groupe.

Au début de 1944, le Grupul 9 gagne Lepeticka, un des nombreux aérodromes de repli de l'unité. Le 20 février, notre "Fakir" vole comme ailier du Capitaine Serbanescu lors de sa troisième mission de la journée. "Nous étions dans une formation de cinq appareils dont l'un piloté par l'officier allemand de liaison. Près de Krivoi Rog, nous avons engagé le combat avec six Jak. Serbanescu a attaqué de suite mais a manquésa cible. J'ai pu mieux ajuster mon tir et j'ai ainsi remporté ma troisième victoire. Le capitaine s'est alors ressaisi et a pu, cette fois, remporter de même une victoire".

Défense du territoire

Le Grupul 9, vu l'avance soviétique, regagne début avril Tecuci sur le territoire national. A cette époque, lon Dobran a été promu lieutenant. ll n'est plus temps de reculer. Le 4 avril 1944, la 15 th USAAF a lancé ses premiers raids sur la capitale et les champs pétrolifères roumains au départ de l'ltalie. Pour sa part, toujours tourné vers l'Est, le Grupul 9 continue sa lutte contre les appareils de l'Armée Rouge. Le 11 avril 1944, Dobran participe à l'escorte de Henschel Hs 123 au nord de Iasi.

ll engage avec deux ailiers le combat contre quatre La-5 et deux Yak-7 (ou 9) et en abat un près de Targu Frumos. Six jours plus tard, il remporte une victoire probable sur un Il-2 près de lasi, puis une autre le 19 sur un La-5 à Nistru. Le 11 mai, lon note dans son carnet qu'un nouveau "LaGG-5" tombe sous ses coups ; le chasseur soviétique constitue sa cinquième victoire confirmée. Le 23 mai, douze Messerschmitt qui effectuent une mission de "chasse libre" au nord de Grigoriopol abattent trois Yak, dont est crédité à la patrouille Dobran - Greceanu - Economu - Naghirneac - Panaite. Conformément aux règles de l'aviation royale roumaine calquées à l'époque sur celles de la Luftwaffe, l'appareil n'est pas attribué individuellement et n'apparaît donc pas dans le palmarès de l'as... qui se rattrape le 3l md au cours d'une mission menée en compagnie du Capitaine Serbanescu, chacun des pilotes détruisant un ll-2 vers lasi.

Le 6 juin 1944, jour du débarquement allié en Normandie, le Grupul 9 va affronter pour la première fois les appareils américains. Ce combat est une des conséquences des fameuses missions "Frantic", les navettes effectuées par les chasseurs et bombardiers américains entre l'ltalie et la piste ukrainienne de Poltava. A cette époque, la 15 th USAAF dispose d'une formation de B- l7 ainsi que d'une escorte conséquente de P-5 l. La Petite armada va donc effectuer un vol aller-retour d'Ukraine pour bombarder Galati. Son entrée dans l'espace aérien roumain surprend Dobran et trois camarades alors qu'ils jouent paisiblement aux cartes ; tous sautent en urgence dans leur Bf 109 G. Les Roumains vont pouvoir ainsi contempler pour la première fois les lourds et puissants quadrimoteurs "made in USA' évoluant en formation compacte. lon, sans doute plus rapide que ses compagnons, se retrouve vite seul en plein ciel. Il repère quatre chasseurs évoluant plus bas que lui et, pensant qu'il s'agit de "Gustav" de la 56eme Escadrille, s'en rapproche. Ce sont en fait des P-51 au nez rouge dont les pilotes ne l'ont pas remarqué. Le lieutenant Dobran ajuste le Mustang de droite dans son viseur Revi et lui décoche une longue rafale, son adversaire quittant alors en feu sa formation. Les trois autres Américains, vite revenus de leur surprise, contre-attaquent alors que le Fakir" tente de s'approcher des Flying Fortresses. En usant de diverses manoeuvres, le jeune pilote réussit à semer deux de ses poursuivans mais le troisième, plus tenace, finit par le toucher : lon réussit néanmoins à se poser normalement. N'étant que légèrement contusionne, il reprendra très vite du service.

Les engagements se succédant, notre aviateur qui se remémore ses souvenirs du lycée décide de choisir une devise : "Panta reii" [Tout coule... rien ne reste] qu'il fait peindre sur l'avant de son "Gustav" arborant le N° 22. "Les combats aériens continuels, la perte régulière de mes camarades, l'impression que la fin pouvait être proche (y compris celle de mon existence), ... tout cela ne pouvait que souligner le caractère très éphémère de notre vie". Les événements vont vite lui donner raison ! Le 26 juillet, les appareils du 9eme Groupe décollent en urgence sous le commandement du Capitaine Gheorghe Popescu-Ciocanel. Les services de détection locaux, fort mal inspirés, ont signalé l'arrivée vers Barlad de 20 bombardiers américains non escortés. Malheureusement, les Roumains vont se heurter à 55 Lightning assistés de 47 Mustang... Ces chasseurs basés à Poltava regagnent l'ltalie où ils seront bien plus utiles qu'en Ukraine. Au cours de leur survol de la Roumanie, les pilotes américains revendiquent 18 victoires dont 6 Bf 109 près de Focsani.

En fait, sept appareils du Grupul 9 sont abattus ce jour. Dobran, qui est crédité d'un P-38, se fait descendre à nouveau mais s'en tire une fois de plus sans mal. ll a plus de chance que Popescu-Ciocanel qui décédera le 12 août à l'hôpital des suites de ses blessures. Cet as aux 12 victoires n'est, hélas, pas le seul tué de l'engagement. Le Grupul 9 perd également les adjudants Emil Balan (10 victoires), Alexandru Economu et Pavel Turcanu. Les adjudants loan Mucenica (24 victoires) et Andrei Radulescu (7 victoires) demeureront quant à eux fort longtemps à l'hôpital. Ce 26 juillet est une journée à marquer d'une pierre noire dans l'histoire du 9eme Groupe... Ce ne sera pas la seule ! Le 11 août 1944 voit le dernier combat du plus grand as roumain, le Capitaine Alexandru Serbanescu. ll incombera à Dobran, un des habituels ailiers du défunt, de rechercher le corps de son supérieur. Dans un Fieseler Fi 156 Storch, notre pilote va couvrir la region où a disparu Serbanescu avant de retrouver l'épave avec le corps de l'aviateur. Deux jours après cette perte irréparable, lon vole comme ailier du Capitaine Cantacuzino. Tous deux affrontent deux Yak qui sont abattus ; celui du "Fakir" constitue sa dernière victoire sur un appareil soviétique.

 

Messerschmitt Bf 109G-6 " t bleu" du Lt lon Dobran, Cdt de l'Escadrille 48 du
Grupul 9. Turnisor (Transylvanie) 25 septembre 1944.

 

Dans l'autre camp

Le 23 août 1944, la Roumanie passe du côté des alliés, c'est-à-dire de l'URSS vu I'invasion de son territoire par l'Armée Rouge. Les aviateurs roumains vont devoir dès lors lutter contre les Allemands. Si la décision politique peut s'expliquer, du point de vue humain cette volte-face sera difficilement ressentie par de nombreux combattants ; spécialement dans les unités ayant eu des contacts serrés avec l'ex-allié. Dobran a été entraîné par des Allemands, a sympathisé avec son homologue Lipfert, a eu de très bons contacts avec les officiers de liaison de la Luftwaffe... Tout cela explique les réticences de bien des pilotes à se retourner contre les camarades de la veille. Mais un ordre est un ordre et leurs scrupules sont très vite balayés par les événements lorsque, en représailles, la Luftwaffe est engagée contre Bucarest. Le 25, lon Dobran intercepte une formation de Heinkel 111 (probablement du KG 4) engagée sur la capitale et remporte sa 10eme et dernière victoire confirmée sur un de ces bimoteurs.

S'ensuit une courte période de réorganisation. Les Roumains accueillent des envoyés de l'Armée Rouge qui évaluenr le matériel et le personnel. Ensuite, les forces aériennes roumaines sont inventoriées par le nouvel allié soviétique qui prépare les campagnes à venir. Le Grupul 9 est ainsi envoyé en Transylvanie pour continuer la lutte contre les forces germano-hongroises, mais les engagements y sont rares. Certains vont être cruels comme on le découvrira après-guerre. En quelques occasions, des Bf 109 roumains tomberont ainsi sous les coups de pilotes experimentés de la JG 52. ll semble donc que des Roumains périrent de la main de ceux qui furent leurs instructeurs et leurs camarades de beuverie de l'année précédente...

Heureusement, pareil dechirement est épargné au Lieutenant "Fakirul" Dobran qur continue à accumuler les missions d'escorte et de mitraillage au sol, détruisant ainsi le 15 septembre 1944 un Re 2000 "Héla" lors du strafng de l'aérodrome hongrois de Someseni (près de Cluj). ll participe aussi à des chasses libres au cours desquelles il revendiquera son dernier succès en collaboration, le 25 septembre. Ce jour-là, lon aide le Capitaine Toma Lucian à abattre un Ju 88 de reconnaissance intercepté à 8000 m d'altitude. Hélas, Lucian est mortellement touché par le mitrailleur du Junkers. Dobran devient alors et jusqu'à la fin du conflit le commandant de la 48eme Escadrille. Au début du mois de mai 1945, le Gupul 9 est à Piestany en Tchécoslovaquie. Le 9 mai, notre pilote effectue ses deux dernières missions : une escorte d'un IAR-39 larguant des tracts, puis un vol en formation sous le commandement du Capitaine Cantacuzino. ll ne reste plus alors gu'à revenir au pays, après 340 missions de guerre et 74 combats aériens...

L'après-guerre

'Après la victoire de mai 1945, je fus un des rares officiers (avec Vasile Gavriliu et lon Galea) à demeurer dans la nouvelle aviation roumaine. Je me suis marié le 6 décembre 1946 et Cantacuzino fut mon parrain. Un peu plus d'un année plus tard, il quittoit définitivement la Roumanie lors d'un passage en ltalie. J'ai commandé le 1er régiment de chasse (car, selon les normes militaires soviétiques, les groupes étaient devenus régiments). En 1950, j'ai été désigné comme chef de la section école pour toute l'aviation. Nous avons entraînés de nombreux jeunes pilotes et préparions, sans le savoir, notre remplacement. Effectivement, peu après, de nombreux adjudants furent promus en bloc officiers, ce qui a permis de renvoyer tous ceux qui avaient
opéré contre l'Union Soviétique".

Mis à pied en avril 1952, lon Dobran devient tourneur à I'Usine "Temps nouveaux". Son salaire mensuel passe de 1800 à 200 lei, mais comme il le reconnaît lui-même, "c'était gênant pour vivre mais j'étais néanmoins fort content de ne pas avoir été arrêté et jeté en prison comme tant de mes camarades". ll travaille après comme technicien jusqu'en 1964. S'ensuit une période peu agréable comme pilote dans l'aviation agricole. Aux commandes d'un IAR-813, l'ex-as de la chasse doit pulvériser des insecticides sur les récoltes ! Heureusement, lon va être à son tour contacté par le fameux général Dumitru Balaur qui recrute la crème des "réprouvés militaires" dans le but de renforcer l'aviation civile. Dobran entre donc à la Tarom où il va voler comme commandant de bord dans toute I'Europe (Paris, Bruxelles, Athènes, Copenhague, etc.), mais également vers Tel Aviv et d'autres destinations. Bien que n'ayant pas sa carte du parti communiste' il sera néanmoins désigné comme commandant du détachement des llyouchine ll-14. Retraité en 1973, lon Dobran, "le fakir", vit toujours à Bucarest'

 

Gen. Constantin Balta (Gauche) et Gen. Ioan Dobran (droite)

 


Traducteur / Translator / Traduttore / übersetzer / vertaler

 

 

DECORATIONS


Virtutea Aeronautica Order Knight class

 


AF
06/06/44
AF
26/07/44

 


 

 

 

 

 

 

VICTOIRES
Date Heure Revendic Type Unité Avion d'arme Unité Lieu   Référence
15.08.43 Probable Yak 1
Me 109 Grupul 7 Kramatorskaja
-
(Slt) Dobran Ian
06.09.43 Détruit Il 2
Me 109 Grupul 7 Blizneti
1
(Slt) Dobran Ian
09.09.43 Probable Il 2
Me 109 Grupul 7 Blizneti
-
(Slt) Dobran Ian
25.09.43 Détruit Yak
Me 109 Grupul 7 Togmacianzk
2
(Slt) Dobran Ian
20.02.44 Détruit Yak 9
Me 109 Grupul 9 Krivoi Rog
3
(Slt) Dobran Ian
11.04.44 Détruit Chasseur
Me 109 Grupul 9 N. Targu Frumos
4
(Slt) Dobran Ian
17.04.44 Probable Il 2
Me 109 Grupul 9 Iasi
-
(Slt) Dobran Ian
19.04.44 Probable La 5
Me 109 Grupul 9 Nistru
-
(Slt) Dobran Ian
11.05.44 Détruit La 5
Me 109 Grupul 9
5
(Slt) Dobran Ian
23.05.44 Probable Il 2
Me 109 Grupul 9
-
-
-
-
-
(Slt) Dobran Ian
(-) Greceanu
(-) Economu
(-) Naghirneac
(-) Panaite
31.05.44 Détruit Yak
Me 109 Grupul 9 vers lasi
6
(Slt) Dobran Ian
06.06.44 Détruit P-51
Me 109 Grupul 9 Bolgrad
7
(Slt) Dobran Ian
26.07.44 Détruit P-38
Me 109 Grupul 9 Siret
8
(Slt) Dobran Ian
20.08.44 Détruit Yak
Me 109 Grupul 9 Iasi
9
(Slt) Dobran Ian
25.08.44 Détruit He 111
Me 109 Grupul 9 Bucarest
10
(Slt) Dobran Ian
25.08.44 Sol Re 2000
Me 109 Grupul 9 Bucarest
-
(Slt) Dobran Ian
25.09.44 Probable Ju 88
Me 109 Grupul 9
-
-
(Slt) Dobran Ian
(Cpt) Lucian Toma



Sources

http://www.worldwar2.ro
Revue AVIONS n° 112 - Juillet 2002