Roger Saussol est né
le 9 octobre 1909 à Salmeich, dans l'Aveyron. Il est le cinquième
d'une famille de 7 enfants. Le jour de ses 18 ans, il s'engage comme
élève mécanicien à l'école Hanriot
de Paris. Il en sort breveté mais rêve de devenir pilote.
Le 19 février 1931, ayant réussi le concours d'entrée
, il est admis à l'école d'Istres où il obtient
son brevet de pilote de chasse en novembre. Le Sergent Saussol
est affecté en avril 1932 au 2eme Régiment
d'Aviation de Chasse basé à Strasbourg puis à
Tours à partir de novembre 1933. En janvier 1935, il est affecté
à sa demande en Tunisie au Groupe Aérien de la 4eme
Escadre d'Aviation, équipée de Nieuport-Delage NiD 62
et qui deviendra le 5eme Groupe autonome à la fin de 1937.
Lorsque la France déclare la guerre à l'Allemagne,
le 3 septembre 1939, l'Adjudant Saussol est toujours membre du 5e
GAA à Bizerte - Sidi-Ahmed. L'unité est équipée
de Dewoitine 500 totalement dépassés qui sont remplacés
début octobre par des MS 406. Entre le 11 et le 13 novembre,
le Groupe fait mouvement vers la France où il reçoit
sa nouvelle dotation d'appareils du même type et sa nouvelle
désignation de GC III/1. Saussol
se trouve affecté à la 2eme Escadrille et effectue au
début de 1940 un stage de pilotage sans visibilité à
Toulouse. En avril, il est promu Adjudant-Chef et après plusieurs
stationnements au cours de l'hiver, le Groupe se trouve finalement
à Norrent-Fontes au moment de l'attaque du 10 mai.
CAMPAGNE
DE FRANCE
10 mai 1940
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L'après-midi a lieu la première mission du
GC III/1 au-dessus de la Belgique.
Il s'agit d'une couverture de chars sur la région Gand
- Termonde par un important dispositif à la composition
imprécise, mais comportant au moins dix-neuf pilotes.
Quatre victoires sont obtenues sur un peloton de sept Heinkel
111P du II./KG 27, l'Adjudant-Chef
Saussol et le Capitaine de
Mallmann abattant un attardé à 17 h 35
dans la région de Termonde : " Je reçois
de l'essence dans la figure, une longue traînée
se forme derrière moi... j'arrête... mais le
moteur tourne rond, la traînée disparaît,
mes mitrailleuses sont vides, le canon tire encore... Le Heinkel
est derrière moi, de Mallmann
le suit, train sorti et à court de munitions. Je réduis
légèrement le moteur, laisse l'ennemi venir
se placer. . . le moment est critique, . . .lui ou moi. Je
tente le tout pour le tout, il est à 100 mètres
au-dessus, je cabre en réduisant complètement
le moteur, me place sous lui et le tire à 30 mètres
environ. L'avion touché à mort vire sur la droite,
s'écrase ou sol où il explose."
Après avoir quitté Norrent-Fontes pour Moerbecke
en Belgique, puis Maldeghem en Hollande le 12 mai, le GC
III/1 rentre le 13 à Norrent, d'où il continue
à couvrir les troupes alliées qui participent
à I'opération "Dyle - Breda". Devant
I'avance allemande, il se replie le 17 mai au Plessis-Belleville
avec seulement dix-huit Morane. ll voisine sur ce terrain
de la région parisienne avec le GC
II/2, qui n'en a sauvé que douze sur les vingt-six
qu'il possédait le 10 mai. Ces deux unités bien
diminuées partageront les mêmes missions pendant
quatre jours.
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18 mai 1940
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Destruction Aulnoye - Le Quesnoy - Le Cateau
- Guise, une patrouille triple du GC III/1
et une double du GC II/2. La patrouille
haute du GC II/2 attaque un peloton
de Do l7 dont l'un quitte sa formation. Alertée à
11 h 15 par des éclatements de DCA en direction de I'Oise,
la patrouille Lieutenant Tariel -
Adjudant-Chef Saussol - sergent
Durand
Albert du GC III/1
pique derrière le Dornier qui s'est mis en rase-mottes.
Bientôt rejointe par la patrouille Adjudant Bernavon
- Sergent-Chef Fortin - Sergent
Parent du GC
II/2, elle abat après dix minutes de poursuite le
Do l7 [4N + HK] du 2.(F)/22 dont
les deux moteurs ont pris feu et qui finit par s'écraser
en bordure d'une usine vers Rozoysur-Serre.
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MS 406 - GC III/1 - 1940
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20 mai 1940
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Destruction Péronne - Ham. une patrouille triple du
GC III/1 plus une double du GC
II/2. 8 h 00 - 9 h 00 sur secteur Au retour six pilotes
voient un Ju 88 qui bombarde en piqué Compiègne
; aussitôt le Sous-Lieutenant Abrioux,
l'adjudant Saussol et le sergent
Durand l'attaquent en tenaille, causant le saut en
parachute de quatre membres d'équipage. Comme le pilote
du Ju 88 revient sur Compiègne, le Sergent-Chef Doublet
le tire de très près de 3/4 arrière.
Après un dernier virage à droite, le Junkers
s'écrase vers 9 h 30 sur le terrain de football de
Venene. ll est homologué à six pilotes du GC
III/1 : les quatre déjà cités, plus
le Capitaine de Mallmann et le
Sergent-Chef Paulhan, et deux
du GC I/1 : le Capitaine Coutaud
et le Sergent-Chef Teillet
qui ont prononcé leur attaque après les quatre
évacuations en parachute. Ces derniers revendiquent
un Dornier 17, avion monodérive, alors que ceux du
GC III/1 évoquent un Junkers
88A-1, bi-dérive, du 3./KG 51.
Son potentiel étant tombé au plus bas (neuf
avions et quatorze pilotes disponibles à l'aube du
22 mai), le GC III/1 reçoit
de nombreux Morane. Ce renfort permet au groupe d'aligner
deux patrouilles doubles - douze avions - pour les nombreuses
protections de reconnaissance qui lui sont demandées.
Le problème est que ce sont encore des Morane 406,
qui ne peuvent suivre le Bloch 174 qu'ils sont censés
protéger le matin du 25 mai...
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26 mai 1940
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Protection de deux Potez 63-11 du GR
II/33 en reconnaissance sur Compiègne - Bapaume
- Péronne, décollage 7 h 30, deux patrouilles
doubles (douze Morane) du GC III/1
et une haute (cinq Curtiss) du GC I/4.
Le dispositif arrive à 8 h l5 à hauteur de Bapaume
quand deux patrouilles d'une dizaine de Bf 109 se présentent,
une de face, l'autre par la droite. Elles prennent de l'altitude
et attaquent les Curtiss pendant que les Morane se mettent
en cercle. Un combat se déroule à chacun des
trois étages. Le GC III/1
obtient huit victoires ; pour leur part les six de la 2e escadrille
en revendiquent six au prix de deux pilotes et trois avions
perdus. Doublet a très
vite perdu son chef de patrouille et son équipier,
et seul, tire sur plusieurs Bf 109, sans résultat,
jusqu'à ce qu'un imprudent, poursuivi par un autre
Morane, effectue un retournement juste sous ses armes. Le
résultat est immédiat : une courte rafale de
Doublet et le Bf 109 va s'écraser
au sud de Ligny - Thilloy. Après un virage, un second
Bf 109 fait la même manceuvre que le premier, et va
le rejoindre après de nouveau une seule rafale (Le
I./JG 21 perd 2 appareils avec
1 blessé et 1 prisonnier)
Le Sous-Lieutenant Abrioux a
raconté la suite dans son compte-rendu : . ... Regroupement
; nous nous comptons : plus que dix. ll y a deux manquants.
À l'atterrissage nous verrons que ce sont de Mallmann
et Saussol. Un coup d'oeil
denière me permet d'apercevoir ou loin une vingtaine
de Me 109 qui nous poursuivent. lls n'aniveront pas à
nous rejoindre. Peu de temps après, je me trouve presque
nez à nez avec un Henschel 126. Doublet
le tire trois-quarts avant. Il effectue un retournement et
pique ou sol. Je le tire dans la descente pendant que le Sergent-Chef
le poursuit en rase-mottes. Il s'écrasera un peu plus
loin." L'Allemand s'écrase près de
Fricourt, homologué aux deux pilotes.
Le même jour le terrain du Plessis subit un violent
bombardement qui réduit pratiquement à néant
le potentiel du groupe. Plusieurs jours seront nécessaires
à sa reconstitution. Le 1er juin le groupe possède
29 Morane mais à la veille de I'offensive allemande
sur la Somme le 5, il doit rejoindre Valence pour faire face
à une éventuelle attaque italienne. Le 6 juin
le GC III/1 rejoint Nangis, en Seine-et-Marne,
mais sans son échelon roulant qui parvenait à
Valence au moment où les avions partaient ! Sans personnel
mécanicien, les disponibilités sont donc réduites
pour les missions sur la Somme qui commencent le 7.
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Sa convalescence terminée, l'Adjudant-Chef Saussol
s'engage dans la Résistance ce qui lui vaut à la Libération
d'être successivement promu Sous-Lieutenant puis Lieutenant.
Réintégré dans le personnel navigant, il est
détaché à l'école de Czaux. Le 25 mars
1948, il est affecté au Centre Régional de Contrôle
aérien où il est nommé Capitaine en avril 1950.
Pensionné à 70% pour invalidité, Roger
Saussol prend sa retraite de l'Armée de l'Air en mars 1957.
Il est décédé le 7 janvier 1988.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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