Kléber
Doublet est né le 22 février 1915 à Ozoir
-la-Ferrière, en Seine-et-Marne. En 1935, il entre à
l'école des boursiers de pilotage de Bourges et obtient son
brevet le 5 décembre suivant. Il est alors affecté comme
Sergent sur la base de Dijon en 1936. Le 3 septembre 1939, lorsque
la France déclare la guerre à l'Allemagne, il est pilote
à la 2eme Escadrille du 5e GAA
basé à Bizerte. L'unité vole alors sur les antiques
Dewoitine D 510. Début octobre, les avions sont remplacés
par des MS 406 mais le Groupe rejoint presque aussitôt la métropole,
entre le 11 et le 13 novembre où il perçoit de nouveaux
Morane neufs et reçoit sa nouvelle désignation de GC
III/1. Après plusieurs stationnements divers au cours de
la drôle de guerre, le GC III/1 se
trouve à Norrens-Fontes lorsque les allemands déclenchent
leur offensive à l'Ouest, le 10 mai 1940. Au cours de l'hiver,
le Sergent Doublet a été
promu Sergent-Chef.
CAMPAGNE
DE FRANCE
10 mai 1940
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À 4 h 00, un avion allemand identifié
comme un Junkers 88 mitraille et bombarde le terrain de Norrent-Fontes,
bientôt suivi de quatorze Heinkel 111 qui motivent le
décollage immédiat de la patrouille d'alerte de
la 2e Escadrille. Pendant que les autres poursuivent les He
111 et en abattent quatre [un avion du II./LG
1 et 3 des I et
III./KG 27 en collaboration avec des Hurricanes du Squadron
85 de la RAF], Doublet se
heurte à un Ju 88, peut-être le même revenu
constater les résultats de l'attaque. Sous les rafales
de Doublet il s'écrase
à 5 h 20, près d'Hazebrouck. Après avoir
quitté Norrent-Fontes pour Moerbecke en Belgique, puis
Maldeghem aux Pays-Bas le 12 mai, le GC
III/1 est rentré le 13 à Norrent, d'où
il continue à couvrir les troupes alliées participant
à l'opération "Dyle-Breda". Devant l'avance
allemande, il se replie le 17 mai au Plessis-Belleville avec
seulement dix-huit Morane. Il voisine sur ce terrain avec le
GC II/2, qui n'a sauvé que
douze avions sur les vingt-six qu'il possédait le 10
mai. Ces deux unités bien diminuées partageront
les mêmes missions pendant quatre jours.
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19 mai 1940
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Mission de destruction Aulnoye - Le Quesnoy
- Le Cateau - Guise, une patrouille double du GC
III/1 plus une double du GC II/2,
de 6 h 00 à 7 h 00 sur secteur. Les douze Français
rencontrent une trentaine de Bf 109 et 110 au nord-est de Saint-Quentin.
Dans le combat tournoyant qui s'ensuit le Sergent-Chef Doublet
et l'adjudant Gagnaire
tirent un Bf 109 de la JG 2 qui part
en retournement apparemment incontrôlé. ll disparaît
près du sol dans la brume mais sans que son écrasement
soit constaté, et de ce fait restera seulement "probable
", partagé entre les deux pilotes.
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20 mai 1940
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Destruction Péronne - Ham. une patrouille triple du
GC III/1 plus une double du GC
II/2. 8 h 00 - 9 h 00 sur secteur Au retour six pilotes
voient un Ju 88 qui bombarde en piqué Compiègne
; aussitôt le Sous-Lieutenant Abrioux,
l'Adjudant Saussol et le sergent
Durand l'attaquent en tenaille, causant le saut en
parachute de quatre membres d'équipage. Comme le pilote
du Ju 88 revient sur Compiègne, le Sergent-Chef Doublet
le tire de très près de 3/4 arrière.
Après un dernier virage à droite, le Junkers
s'écrase vers 9 h 30 sur le terrain de football de
Venene. ll est homologué à six pilotes du GC
III/1 : les quatre déjà cités, plus
le Capitaine de Mallmann et le
Sergent-Chef Paulhan, et deux
du GC I/1 : le Capitaine Coutaud
et le Sergent-Chef Teillet
qui ont prononcé leur attaque après les quatre
évacuations en parachute. Ces derniers revendiquent
un Dornier 17, avion monodérive, alors que ceux du
GC III/1 évoquent un Junkers
88A-1, bi-dérive, du 3./KG 51.
Son potentiel étant tombé au plus bas (neuf
avions et quatorze pilotes disponibles à l'aube du
22 mai), le GC III/1 reçoit
de nombreux Morane. Ce renfort permet au groupe d'aligner
deux patrouilles doubles - douze avions - pour les nombreuses
protections de reconnaissance qui lui sont demandées.
Le problème est que ce sont encore des Morane 406,
qui ne peuvent suivre le Bloch 174 qu'ils sont censés
protéger le matin du 25 mai...
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MS 406 - GC III/1 - 1940
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26 mai 1940
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Protection de deux Potez 63-11 du GR
II/33 en reconnaissance sur Compiègne - Bapaume
- Péronne, décollage 7 h 30, deux patrouilles
doubles (douze Morane) du GC III/1
et une haute (cinq Curtiss) du GC I/4.
Le dispositif arrive à 8 h l5 à hauteur de Bapaume
quand deux patrouilles d'une dizaine de Bf 109 se présentent,
une de face, l'autre par la droite. Elles prennent de l'altitude
et attaquent les Curtiss pendant que les Morane se mettent
en cercle. Un combat se déroule à chacun des
trois étages. Le GC III/1
obtient huit victoires ; pour leur part les six de la 2e escadrille
en revendiquent six au prix de deux pilotes et trois avions
perdus. Doublet a très
vite perdu son chef de patrouille et son équipier,
et seul, tire sur plusieurs Bf 109, sans résultat,
jusqu'à ce qu'un imprudent, poursuivi par un autre
Morane, effectue un retournement juste sous ses armes. Le
résultat est immédiat : une courte rafale de
Doublet et le Bf 109 va s'écraser
au sud de Ligny - Thilloy. Après un virage, un second
Bf 109 fait la même manceuvre que le premier, et va
le rejoindre après de nouveau une seule rafale (Le
1./JG 21 perd 2 appareils avec 1 blessé et 1 prisonnier)
Le Sous-Lieutenant Abrioux a
raconté la suite dans son compte-rendu : . ... Regroupement;
nous nous comptons : plus que dix. ll y a deux manquants.
À l'atterrissage nous verrons que ce sont de Mallmann
et Saussol. Un coup d'oeil
denière me permet d'apercevoir ou loin une vingtaine
de Me 109 qui nous poursuivent. lls n'aniveront pas à
nous rejoindre. Peu de temps après, je me trouve presque
nez à nez avec un Henschel 126. Doublet
le tire trois-quarts avant. Il effectue un retournement et
pique ou sol. Je le tire dans la descente pendant que le Sergent-Chef
le poursuit en rase-mottes. Il s'écrasera un peu plus
loin." L'Allemand s'écrase près de Fricourt,
homologué aux deux pilotes.
Le même jour le terrain du Plessis subit un violent
bombardement qui réduit pratiquement à néant
le potentiel du groupe. Plusieurs jours seront nécessaires
à sa reconstitution. Le 1er juin le groupe possède
29 Morane mais à la veille de I'offensive allemande
sur la Somme le 5, il doit rejoindre Valence pour faire face
à une éventuelle attaque italienne. Le 6 juin
le GC III/1 rejoint Nangis, en Seine-et-Marne,
mais sans son échelon roulant qui parvenait à
Valence au moment où les avions partaient ! Sans personnel
mécanicien, les disponibilités sont donc réduites
pour les missions sur la Somme qui commencent le 7.
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8 juin 1940
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Protection de deux Potez 63-11 du GR
II/33 envoyés en reconnaissance sur Aumale, plusieurs
patrouilles triples et doubles. Plusieurs pelotons de bombardiers
rencontrés sont laissés, les Morane privilégiant
la protection des Potez. Un Junkers 87 qui passe quand même
trop près est attaqué et abattu par le Lieutenant
Tariel, l'Adjudant Gagnaire
et le Sergent-Chef Doublet,
qui reloignent très vite le reste du dispositif. Trois
Bf 109 semblant vouloir attaquer les Morane se mettent en cercle
défensif trop longtemps au goût de certains, et
tout le monde rentre sans plus d'incidents.
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Le 10 juin 1940, le GC III/1 envoie à
Connantre ses avions disponibles pour opérer avec les GC
I/6 et GC II/9. Après une mission
sur Rethel mettant en oeuvre 36 chasseurs, Doublet
doit rester à Connantre; son avion étant en panne alors
que les autres pilotes du Groupe rejoignent leur nouvelle base à
Rozay-en-Brie . Vers 15 h 30, Connantre subit un raid de bombardiers
et Doublet s'apprète à
décoller quand des bombes s'abattent sur le terrain. Le MS
406 est détruit et son pilote grièvement blessé
au poumon et aux deux jambes qui sont broyées. Evacué
sur l'hôpital de Romilly, il y décède le lendemain.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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