Né le 3 janvier 1920 à Saint-Maurice (Seine)
Décédé le 13 mars 1953 (Accident aérien)

 

 

Sous-Lieutenant

1 victoire homologuée
1 victoire en collaboration
1 victoire probable

Texte orginal : "Ceux du Normandie-Niemen" d'Yves Donjon - Editions Astoure

Charles Monier est né le 3 janvier 1920 à Saint-Maurice (Seine). De 1935 à 1938, il est à l'Ecole Breguet puis, passionné de mécanique, travaille chez Renault comme mécanicien à l'atelier des moteurs d'avions. Il obtient son brevet de pilote civil le 16 août 1938 et le 12 octobre 1939, il signe son engagement et obtient le brevet militaire le 13 mars 1940, avant de rejoindre l'Ecole des pilotes de chasse à Avord. A l'armistice, il est Sergent pilote à Mont-de-Marsan.

Il s'évade par l'Espagne et le Maroc pour rejoindre les Forces aériennes françaises libres (FAFL) en Angleterre dès le 29 juin 1940. Il prend part à la campagne de Libye sur Hurricane. Aspirant en 1942, il est affecté au Sq 340 / Ile de France puis, en 1944, il rejoint le Régiment de Chasse "Normandie" sur le front de l'Est. Il arrive le 20 février 1944 et inaugure son palmarès le 26 juin en abattant un Me 109 en collaboration avec 4 autres pilotes. Le 30 juillet, il est abattu en combat aérien au-dessus de Suwalki et porté disparu. Surnommé "Popoff" ou "Waterproof" par ses camarades, il reparait deux jours plus tard. Il en est à sa troisième expérience du genre. Descendu en flamme par un Me 109, il se parachute dans le "No man's land" et passe la nuit dans un argre en attendant que les Russes conquièrent le terrain. Il quitte le Normandie-Niement le 12 décembre 1944 avec 2 victoires à son actif (la seconde est remportée seul le 17 octobre) et 1 probable.

En 1947, il est pilote au Centre d'Essais en Vol de Bretigny. Lieutenant, il est démobilisé en 1947 après avoir recu la Légion d'Honneur, mais choisi de rester au C.E.V comme civil. En septembre 1949, il est pilote d'essais pour la société Marcel Dassault. Le 3 mars 1953, à 17 heures 10, Monier décolle d'Istres à bord du "Mystère II 01" pour un vol d'essai de largage de bidons d'aile. Le largage sur la Crau posait en outre un délicat problème : les bergers refusaient d'éloigner les troupeaux qui paissaient l'herbe maigre. Voler haut augmentait les risques de dispersion et donc d'accidents de personnes. Monier se maintient à 800 mètres, là où le danger est le plus grand. Posément, il effectue son largage, le bidon de droite heurte l'empennage. Désemparé, l'appareil pique vers le sol. Toute la science du pilotage se révèle impuissante. Les techniciens de la voiture radio le voient s'écraser au milieu des pierrailles, dans une lueur d'incendie.

Ironie du sort, le 13 mars 1953, devait avoir lieu une cérémonie solennelle pour le retour des corps des anciens du "Normandie-Niemen" tombés en Russie. Charles Monier, tenant à être présent demande au chef pilote Kostia Rozanoff de différer l'essai. Mais celui-ci répondit :

"Fais ce largage, tu iras à Paris après !" Hélas, ce fut l'accident mortel, et le corps de "Popoff" rejoignit aux invalides ceux de ses onzes camarades...

Charles Monier s'était vu décerner la citation suivante : "Type de l'excellent pilote en qui l'on peut avoir la confiance la plus absolue. Moral à toute épreuve, résistance physique exceptionnelle, allant magnifique, habileté consommée. A toujours fait plus que son devoir en sachant rester un modèle de modestie".

La BA 125 d'Istres a pour nom de tradition : "Lieutenant Charles Monier". Il avait à son actif 1696 heures de vol sur 91 types d'appareils différents.