Pierre
Dorcy est né le 4 décembre 1908 à Saint-Dizier-l'Evèque
dans le territoire de Belfort. Après avoir obtenu son brevet
de pilote civil le 18 septembre 1928, il devance l'appel et s'engage
pour 1 an le mois suivant. Il est affecté à la 5eme
Escadrille du 2eme Régiment d'Aviation
de Strasbourg où il obtient une promotion au grade de
Caporal le 1 mars 1929. Au terme de sa période d'engagement,
désormais sergent, il passe dans la réserve et s'acquitte
régulièrement de ses périodes militaires au sein
du 2eme Régiment. En octobre 1933, il est muté avec
la 2eme Escadre de Chasse sur la base
de Tours en octobre 1933. Admis dans le Corps des Sous-Officiers de
carrière en septembre 1934, il est promu Sergent-Chef le 1
octobre 1935. Pierre Dorcy arrive sur la base de Chartres en décembre
1936 et obtient une nouvelle promotion, au grade d'adjudant, en octobre
1937.
Lorsque la France déclare la guerre à l'Allemagne,
le 3 septembre 1939, l'Adjudant Dorcy
est affecté depuis deux mois à la 3eme Escadrille du
GC II/2 basé à Clermont-les-Fermes.
Au sein de cette unité, il effectue 55 missions entre le 3
septembre et le 9 mai 1940.
CAMPAGNE
DE FRANCE
10 mai 1940

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Une quarantaine de Do 17 est signalée
se dirigeant vers Laon, où stationne le GC
II/2 depuis le 9 avril. Le Commandant Bertrou
décolle à 4 h 45, suivi à 4 h 50 par l'Adjudant-Chef
Dorcy sur le Morane n°284
"5" et le Lieutenant de Rohan-Chabot.
Ces deux pilotes attaquent le dernier avion d'un groupe de cinq
Do 17 du II./KG 76 qui fuient vers
l'est en direction de Marle. Dorcy
effectue un total de six passes et le bombardier s'écrase
à Fontaine-lès-Vervins, homologué aux deux
pilotes. Touché, le Lieutenant doit se poser en campagne
avant de rejoindre Laon, et Dorcy
ramène un Morane inutilisable. Au cours de la journée
le GC II/2 fournira trente-six sorties,
l'Adjudant-chef Dorcy couvrant
encore le terrain à 14 h 25 avec le Morane n°659,
avion de l'état-major du groupe.
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12 mai 1940

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Couverture Charleroi - Dinant - Givet - Walcourt,
une patrouille double, décollage 5 h 05. Le plafond nuageux
oblige les Morane à évoluer à seulement
800 m. Les pilotes voient vers 5 h 30 un Dornier 17 se dirigeant
vers le nord-est et se séparent. La patrouille d'accompagnement,
dirigée par l'Adjudant-Chef Dorcy,
Morane n° 286 "4", vire au nord-ouest pour lui
couper la route et l'attaque. Le Dornier essaie de gagner les
nuages, puis part en piquant sur la gauche pour se retrouver
avec la patrouille guide dans son arrière à environ
200 m. Tiré par les pilotes, et voulant leur échapper,
il revient sous le feu de la patrouille Dorcy
et après avoir largué quelques bombes se pose
train rentré à trois kilomètres au nord-est
de Fosse. Le combat n'a pas duré trente secondes et le
Dornier Do 17P (codé 4U + EK - WNr 147) de la 2.(F)/123
est homologué aux six pilotes : Capitaine de
Calonne, Lieutenant de Rohan-Chabot,
Sous-Lieutenant Milhiet, Adjudant-Chef
Dorcy, Sergents Breitenstein
et Delisle.
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13 mai 1940
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Une protection de reconnaissance ne peut avoir lieu, le Potez
63 étant en retard. La patrouille triple en attente
décolle finalement sur alerte à 10 h 00, cinq
Do 17 du II./KG 76 et quatre
Bf I l0 du II./ZG
76 survolant la piste. Les trois patrouilles prennent
l'air isolément mais sont aussitôt prises à
partie par les Messerschmitt. L'Adjudant-Chef Dorcy,
sur son Morane n° 286, le Sergent-Chef de
la Gasnerie et le Sergent Breitenstein
en touchent un qui part en piqué, tiré ensuite
par l'Adjudant Pollono. Le Messerschmitt
110C du 4./ZG 76 s'écrase
à cinq kilomètres de Guise, avec 1 tué
et un blessé à bord (fait prisonnier), après
que deux occupants l'aient évacué en parachute,
homologué aux quatre pilotes.
Même jour décollage 16 h 35, deux patrouilles
doubles, destruction Mézières - Givet. Au cours
d'un violent combat contre des Bf 110, l'Adjudant-Chef Renaudie
est tué sur le MS n° 286 de Dorcy.
Le commandant du groupe et son adjoint sont également
abattus. Les jours suivants le GC II/2,
qui possède très peu d'avions disponibles, ne
fournit que quelques missions avant de se replier le 16 mai
au Plessis-
Belleville avec douze Morane rescapés sur les ving-six
présents le 10 au matin. Pour sa part la 3e escadrille
n'en a plus que quatre. Le GC II/2
effectue quelques missions conjointement avec le GC
III/1 avec lequel il partage le terrain, lui aussi replié
de Belgique avec un potentiel réduit. Quelques victoires
sont obtenues au prix de pertes matérielles, mais rien
d'important pour l'Adjudant-Chef Dorcy.
Les jours suivants des pilotes (Tchèques pour la plupart)
viennent renforcer le groupe, amenant avec eux des Morane
provenant du CIC de Chartres.
Le 21 mai le GC II/2 lait mouvement
sur Chissey, dans le Jura, avec dix-neuf avions.
Jusqu'à la fin du mois, le groupe effectue peu de
missions, se reconstituant avec des avions venus de formations
de l'arrière et qui demandent de nombreux jours de
travail avant d'être disponibles. Pour sa part
Dorcy effectue trois missions
du 24 au 31 mai, et à partir du 27 principalement sur
le Morane n°280 qui sera codé "10" début
juin.
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1 juin 1940

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De nombreux bombardiers allemands ont pris
pour cible les régions lyonnaise et marseillaise, et
le GC II/2 doit intercepter ces vols
lors de leur passage sur la vallée de la Saône.
Décollage sur alerte 15 h 15, une patrouille simple :
Adjudant-Chef Dorcy (MS 406 n°280),
Sergent-Chef Plzak
et Sergent Delisle, 4 000 m. Orientés
sur un Heinkel 111 isolé, ils I'attaquent en tenaille
par l'arrière, à 150 m environ. Le moteur gauche
stoppé après la première passe, le droit
fumant noir à la seconde, le bombardier perd de l'altitude
à 10 km à l'ouest de Pontarlier quand quatre Dewoitine
du GC II/7 (Sous-Lieutenants Krol
et Gruyelle, Sergent Grimaud
et Caporal-Chef Nowakiewicz) se
joignent aux trois Morane qui tirent toujours. Après
une dernière passe de Dorcy,
le bimoteur (Ju 88 "7A + PM" de la 4.(F)/121)
s'écrase derrière un rideau d'arbres au nord d'Arbois
à 15 h 45, homologué aux sept pilotes. Son équipage
qui compte 3 blessé est fait prisonnier.
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5 juin 1940
 
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Au matin le GC II/2
compte 30 Morane, dont 20 disponibles. A 15 h 50 treize pilotes,
dont Dorcy, rejoignent Lognes-Emerainville
où stationne le GC I/6. Ces
deux unités, que renforcera également le GC
II/7, devront effectuer des missions de mitraillage des
colonnes motorisées ennemies sur le front de la Somme.
Pour l'occasion Dorcy a laissé
à Chissey son n° 280 et utilise le n° 249 "9".
Attaque de colonnes motorisées vers Bernis - Marchelepot
- Pertain, une patrouille simple du GC
II/2 et une du GC I/6, décollage
20 h 00. Les trois pilotes du GC II/2,
chargés de la protection de ceux du GC
I/6, sont pris à partie par une dizaine de Bf 109
avec qui ils engagent un combat tournoyant. A l'issue de celui-ci,
deux Bf 109 sont homologués au nord de Roye, chacun partagé
entre les trois pilotes : Adjudant-Chef Dorcy
(MS 406 n° 646 codé "5"), Sous-Lieutenant
Milhiet et Sergent-Chef Plzak,
mais Milhiet doit sauter blessé
de son Morane. L'Adjudant-Chef Dorcy
n'effectuera plus de missions sur cette partie du front.
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Le détachement du GC II/2 regagne
Chissey le 9 juin avec 8 avions sur les treize partis, Dorcu ramenant
le MS 406 n° 1058. Le 11 juin, au retour d'une reconnaissance
de terrain, il heurte avec son n° 280 le n° 596. Probablement
épuisé, il ne participe pas aux dernières missions
sur Chaumont et Metz. Il ne revolera que le 22 juin lorsque le Groupe
fait mouvement de Montpellier à Nimes à bord de son
n° 280. Le 23 juin, pour sa 19eme mission depuis le 10 mai, il
participe à un mitraillage de colonnes ennemies sur la route
de Romans à Saint-Marcellin. Lorsque la Campagne
de France se termine, il totalise 1627 jeures de vol et 6 victoires
confirmées.

Après l'armistice, affecté à la base de stockage
d'Orange-Caritat, suite à la dissolution du GC
II/2, il rejoint en nombre 1940 la 5eme Escadrille du GC
III/9. Démobilisé en novembre 1942 après
l'opération "Torch"
et l'invasion de la zone Sud par les Allemands, Dorcy
se retire dans son village natal. Arrêté pour ses activités
dans la résistance par la Gestapo en septembre 1944, il est
déporté en Allemagne mais réussit à s'évader,
via la Suisse. Il peut reprendre la lutte depuis l'Alsace en avril
1945 au sein de l'état-major du 1er Corps
Aérien Français. Le CAF ayant été
dissous après la libération, le Sous-Lieutenant Dorcy
est affecté en septembre 1945 à la section "Avions
de Liaison" de l'état-major des Forces Aériennes
Tactiques. Promu Lieutenant, il est placé le 4 décembre
1946 en congé de démbilisation, atteint par la limite
d'âge de son grade. Il prend sa retraite en 1962 avec le grade
de Capitaine de réserve.
Pierre Dorcy est décédé
en 1986.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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