Charles Chesnais est né
le 10 mai 1915 à Sainte-Marie, dans l'Ile-et-Vilaine. Titulaire
d'une préparation militaire supérieure, il devance l'appel
et s'engage dans l'Armée de l'Air le 26 octobre 1935. Après
avoir réussit le concours d'entrée à l'école
de l'air, il obtient son brevet de pilote le 14 juin 1939 et entame
un stage de perfectionnement à Etampes en août 1939.
Le Lieutenant Chesnais rejoint la
4eme Escadrille du GC II/9 en janvier 1940.
Crée en novembre 1940, le groupe est basé à Oran-la-Senia
et équipé de MS 406. Les pilotes sont issus de l'Escadre
de Marche d'Afrique du Nord qui a été dissoute ou des
4 escadrilles régionales de chasse qui étaient basées
en AFN. En novembre 1939, la plupart des cadres de ces unités
avaient été utilisés pour former les GC
I/6 et I/7, seule une petite partie
étant affectée à la 9eme Escadre. De nombreux
jeunes pilotes furent alors affecté à la 9eme Escadre
permettant ainsi de former les 3 Groupes. Le Lieutenant Chesnais,
comme de nombreux autres pilotes devaient ainsi poursuivre l'entrainement,
en qualité de chef de patrouille dans le cas de Chesnais.
Début mai 1940, le GC II/9 rejoint
Marignane, sans avion et avec un nombre restreint de mécaniciens,
puis se déplace vers Châteauroux où il perçoit
des Bloch MB 152, commençant l'entrainement à partir
du 14 mai. Le GC II/9, équipé
et renforcé, rejoint sa base de Buc les 18 et 19 mai et va
opérer aux côtés du GC II/1
qui occupe déjà le terrain et dont les mécaniciens
assureront l'entretien des appareils du GC II/9
jusqu'à l'arrivée de l'échelon roulant du Groupe.
Le 21 mai, à l'occasion d'une mission de couverture sur le
secteur de Pontoise - Chantilly, une patrouille double légère
qui a décollé à 6 h 30 rencontre une douzaine
d'avions qui tournent à 4000 m. Alors que ses deux équipiers
ont effectué deux passes sans résultat, le Lieutenant
Chesnais s'engage dans un combat tournoyant. Lui-même pris pour
cible, il encaisse une dizaine de coup et romp finalement le combat
après avoir visiblement atteint un appareil qui ne lui sera
cependant pas comptabilisé. De retour au terrain, plusieurs
projectiles incendiaires finissent de se consumer dans son aile. Le
24 mai, le GC II/9 qui Buc pour Connatre.
CAMPAGNE
DE FRANCE
26 mai 1940
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Destruction Amiens - Péronne - Ham,
une patrouille triple du GC II/9 et
une du GC II/3. Au cours de la mission,
un Bf 109 du 9./JG 2 sorti
des nuages tire à 8 h 45 le Lieutenant Chesnais
qui l'évite de justesse par un virage serré ;
le Bf 109 sera abattu par deux pilotes. Au retour, vers Nesles,
le dispositif regroupé rencontre vers 9 h 00 un Hs 126
qui se dirige vers le nord. Attaqué par le Capitaine
Delfino, le Lieutenant Chesnais,
le Sergent-Chef Cucumel, les
Sergents Pinson et Leschi,
il se défend par la manoeuvre classique : des virages
très serrés au ras du sol. Munitions épuisées,
trois pilotes abandonnent, seuls Chesnais
et Cucumel continuant I'attaque.
Finalement I'observateur saute en parachute, puis I'avion, un
Hs 126 du 3.(H)/13 s'écrase
sur la route de Ham à Péronne, entre Estrées-Saint-Denis
et Montigny, homologue aux cinq pilotes.
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5 juin 1940
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Le GC II/9 a reçu
l'ordre de détacher ses moyens disponibles sur le terrain
de Claye-Souilly, base du GC I/8.
Après une première mission sans histoire, une
seconde est demandée dans l'après-midi : destruction
Chaulnes - Nesles - Ham, une patrouille triple du GC
II/9 et deux des GC I/8 et GC
III/3, décollage 18 h 00. Après une première
attaque sur un peloton de cinquante Heinkel 111 du III./KG
53 près de Noyon, les neuf pilotes rencontrent
un Henschel 126 qui se défend comme celui du 26 mai :
virages serrés au ras du sol. Il finit par s'écraser
au nord de Chaulnes, homologué à sept d'entre
eux : Capitaine Delfino, Lieutenant
Chesnais, Sous-Lieutenants
Faisandier et Ponneau,
Sergent-Chef Cucumel, Sergents
Bernard et Daunizeau.
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6 juin 1940
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Protection de bombardiers Glenn Martin 167F
des GB II/62 et GB
II/63 sur le secteur Noyon - Tergnier, une patrouille
triple du GC II/9 avec une triple
et une double du GC II/5. En fïn
de mission le Capitaine Delfino,
qui dirige le dispositif, emmène tous les pilotes sur
Laon. La patrouille du GC II/9, qui
vole aux environs de 2 000 m, voit vers 12 h 00 descendre en
piqué un Henschel 126 du 4.(H)/22
poursuivi par un Cuniss. Les pilotes de Bloch plongent à
la suite et finissent par l'abattre dans une clairière
au nord de Soissons, homologué aux Capitaine Delfino,
Lieutenant Chesnais, Adjudant-Chef
Rebière, Sergent-Chef Cucumel,
Sergent Paris. Mais le Henschel
a eu le temps de les attirer dans un nid de Flak ; le Lieutenant
Chesnais voit un Bloch évoluer
avec difficultés entre les arbres, puis capoter : c'est
le Sergent-Chef Cucumel, qui
vient d'être abattu aux commandes du Bloch 152 n°
612. Le groupe aura de ses nouvelles un mois plus tard, par
un message : " Suis à l'hôpitol de Saint-Quentin,
légèrement blessé. "
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MB 152 du GC II/9
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9 juin 1940
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Protection de bombardiers d'assaut sur Forges-les-Eaux
par une patrouille triple détachée au préalable
à Claye-Souilly. Un Hs 126 sera abattu peu après
10 h 00 près de Formerie par les Capitaine Delfino,
Lieutenant Chesnais, Sous-Lieutenants
Faisandier, Adjudant-Chef Rebière,
Sergents Pinson. Le commandant
Rousseau-Dumarcet a fait le récit
suivant de cette mission : " Vers 10 heures, les nôtres
patrouillent au-dessus de Forges les Eaux. Les Bréguet
690 bombardent une colonne blindée et s'en donnent à
coeur joie. La patrouille, après être montée
ou nord revient au sud. Au-dessus, six Me 109 font route en
sens inverse. La patrouille fait semblant de ne pas les voir.
Elle se sent forte, à sept contre six. Bientôt
deux Me 109 se détachent pour attaquer par surprise par
derrière. Les nôtres font face et, aussitôt
les avions ennemis remontent vers le nord avec les leurs. lls
ne reviendront plus sur le secteur. La patrouille du GC
II/9, orientée vers le nord, continue sa surveillance.
Un Henschel 126 apparaît à la même altitude
que la patrouille supérieure. Il vient certainement voir
ce que devient la colonne blindée qui, depuis deux jours,
pousse vers Forges les Eaux. Le Lieutenant Chesnais
l'attaque, puis tous à tour de rôle le tirent.
C'est un jeu de massacre. Le Henschel 126 du
I.(H)/31 s'écrase en flammes près de Formerie
(treizième victoire)."
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10 juin 1940
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Protection de bombardement sur Fismes le matin avec les GC
III/1 et GC I/6. En fin de mission
la patrouille du GC II/9 attaque
un groupe de Do 17P qui se disloque, larguant ses bombes dans
la nature. Le Lieutenant Chesnais
en attaque un en virage, puis en piqué, lui tirant
six rafales. Un moteur en feu, le bombardier [6M + BM] du
4.(F)/11 va s'écraser
près de Chamouille.
Laprès-midi protection de bombardement sur Roizy -
Perthes, une patrouille triple légère. Un Henschel
126 du 5.(H)/13 passe peu après
15 h 30 à hauteur de la patrouille dirigée par
le Lieutenant Chesnais qui
l'attaque aussitôt, bientôt rejoint par deux autres
pilotes. Le Hs 126 s'écrase au Thour, victimes du Lieutenant
Chesnais, de l'Adjudant-Chef
Rebière et du Sergent
Courteville.
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11 juin 1940
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Couverture du terrain sur alerte, une patrouille
légère, 20 h 00. Le Lieutenant Chesnais
et le Sergent Bernard se dirigent
vers des éclatements de la DCA de Fère-Champenoise
et voient malgré I'obscurité trois Do 17 se cacher
dans les nuages. Au milieu des tirs de l'artillerie anti-aérienne
française les deux pilotes attaquent les Dornier qui,
en formation serrée, unissent le tir de leurs mitrailleurs.
Celui de gauche abandonne le peloton en piqué dans les
nuages où Chesnais le
perd de vue ; il sera homologué aux deux pilotes (Un
Do 17M du Stab./KG 28 est contraint
à l'atterrissage dans ses lignes, endommagé à
50%).. Au retour, on découvrira deux balles dans l'hélice
de son Bloch ; Bernard, lui, a
dû se poser en campagne avec une roue crevée.
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Au 25 juin, le GC II/9 s'est replié
sur Toulouse avec seulement 21 pilotes et 10 avions. Demeuré
au GC II/9 en pétropole après
l'armistice, le Lieutenant Chesnais est démobilisé après
le débarquement allié en Afrique du Nord. Il rejoint
en novembre 1944 la zone de défense aérienne d'Alger
où il est employé à l'école supérieure
d'électricité. Le 25 mars 1945, le Capitaine Chesnais
devient stagiaire au CIC de Meknès qu'il quitte en mars de
l'année suivante pour rejoindre l'Indochine où il est
affecté au 2eme GAOA (Groupement Aérien
d'Observation d'Artillerie) équipé de MS 500
"Criquet" et qui opère en Conchinchine. C'est sur
ce théatre des opérations qu'il est mortellement blessé
le 27 juin 1946, pris dans un rabattant au col de Mang Yang, alors
qu'il effectuait une mission de reconnaissance d'infanterie au profit
du Groupement Divary. Son acte de décès est daté
du lendemain.
NB : L'unité tactique de l'escadrille est la patrouille, laquelle
peut-être organisée comme suit :
- Patrouille simple : 3 avions.
- Patrouille légère : 2 avions.
- Patrouille double : 6 avions (2 patrouilles simples).
- Patrouille double légère : 4 avions (2 patrouilles
légères).
- Patrouille triple : 9 avions (3 patrouilles simples).
- Patrouille triple légère : 6 avions (3 patrouilles
légères).
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