Alias : "Deschamps" et "Elysées"
Jacques Ballet est né le 19 février 1908 à Neufchâteau
dans les Vosges où son père, notaire, devint par la
suite avocat à la Cour d'Appel de Paris. Il décède
en 1914. Jacques Ballet entre au collège Jean-Baptiste Say
à Paris puis au lycée Janson de Sailly avant de passer
avec succès son Baccalauréat. Après une licence
et un diplôme d'Etudes supérieures de Sciences Physiques
à la Sorbonne, il entre, en 1928, à l'Ecole nationale
supérieure du Pétrole et des Moteurs. Fin 1928, il fait
son service militaire et passe six mois en qualité d'élève
officier de réserve à l'Ecole d'Aviation d'Avord puis
six mois comme sous-lieutenant au 34e Régiment
d'aviation. Ingénieur diplômé de l'ENSPM,
Jacques Ballet est chef du laboratoire
de Recherches puis du Service de la coordination technique à
la Standard française des Pétroles (devenue ESSO). Il
est rappelé le 25 août 1939 comme lieutenant au Groupe
Aérien d'Observation 3/551.
Au cours de la Campagne de France,
le 20 mai 1940, il abat un avion allemand. Souhaitant ardemment continuer
à se battre, il demande alors, par la voie hiérarchique,
à passer en Angleterre. En guise de réponse on lui ordonne
de mettre le feu à son appareil. Passant outre, Jacques
Ballet, en compagnie du sergent-chef pilote Michel,
quitte clandestinement la base de Cazaux avec son Potez 63, le 19
juin 1940 au soir, à destination de l'Algérie où
il espère poursuivre le combat.
Les contacts pris sur place se révèlent décevants
et, démobilisé le 29 août 1940, il décide
de regagner la France où les possibilités de résister
aux allemands lui apparaissent plus nombreuses qu'en Afrique du Nord.
Visitant divers camarades du Ministère de l'Air à Vichy,
Jacques Ballet y trouve un état
d'esprit assez éloigné de la résistance. En revanche,
à Paris, où il reprend son poste d'Ingénieur
de la Standard française des Pétroles, il commence à
établir dès le mois de septembre des contacts avec d'anciens
réservistes de l'Armée de l'Air qui, comme Henri Pascal,
sont convaincus qu'il est possible d'agir contre l'ennemi. Il est,
dès novembre 1940, avec Maurice Ripoche
et Henri Pascal, un des fondateurs du
mouvement de résistance "Ceux de la Libération"
(CDLL) qui comptera bientôt plusieurs milliers de membres en
zone occupée. Des contacts sont pris avec le SR Air auquel
"Ceux de la Libération" fournit de nombreux renseignements.
Jacques Ballet y a pour correspondant
Robert Masson. Il effectue en outre plusieurs liaisons en zone libre
avec Pascal et Ripoche
fin 1941.
Début 1942, il est membre du Comité directeur et chef
du 2e bureau de CDLL sous les pseudonymes de "Deschamps"
et "Elysées". Il obtient des plans allemands extrêmement
précieux concernant les balisages aériens de nuit, les
convois de passages des avions allemands vers l'Angleterre, la radiolocalisation,
etc. Jacques Ballet, qui a manifesté
à plusieurs reprises son envie de rejoindre les Forces
aériennes françaises libres
(FAFL), est désigné
en août 1942 pour l'Angleterre afin d'exposer à l'Etat-major
de la France libre le rôle et les positions de "Ceux de
la Libération". L'opération "pick up"
est plusieurs fois reportée. Recherché par la Gestapo,
il s'évade le 9 janvier 1943 par l'Espagne avec son camarade
François Sommer, en faisant
passer avec eux un aviateur américain. Il est condamné
à mort par contumace par les Allemands. Arrêté
deux jours plus tard par la Guardia civile, Ballet
et Sommer, se font passer pour des
Canadiens, réclamés par le Consulat britannique et sont
emprisonnés à Lérida où ils retrouvent
Robert Masson. Dans des conditions pénibles, Jacques
Ballet contracte une grave maladie qui le conduit pendant deux
mois à l'Hôpital de Lérida.
Boston A-20G - Sq 342
RAF / GB 2 "Lorraine"
|
Libéré comme "canadien", il est dirigé
sur Madrid où l'ambassade britannique lui donne un passeport
pour Gibraltar où, le 24 avril 1943, il signe son engagement
dans les Forces
françaises libres.
Il rejoint enfin Londres par convoi, le 3 mai 1943. Faisant une rechute
début juin, il est hospitalisé à l'Hôpital
Saint-James à Londres, jusqu'au 22 juillet 1943, restant dix
jours dans le coma et recevant même les derniers sacrements.
Miraculeusement rétabli, après une courte convalescence,
il travaille jusqu'au 28 février 1944 comme adjoint au chef
du poste de Londres de la Direction des Services de renseignements
et de sécurité militaire (DSRSM). Capitaine depuis le
25 décembre 1943, il demande malgré son état
de santé à reprendre du service aérien. Affecté
à l'Advanced Flying Unit n° 3
de la RAF le 7 mars 1944, puis à l'Operational
Training Unit n° 13 le 25 avril 1944 et enfin au Group
Support Unit n° 2 du 19 juillet au 7 août 1944. Il
parvient alors à se faire affecter au Squadron
342 (Groupe de Bombardement "Lorraine" 1/20) le 8 août
1944 comme officier observateur jusqu'au 2 novembre 1945.
En 8 mois, d'août 1944 à mars 1945, il est cité
4 fois pour des missions de bombardement accomplies avec sang-froid
malgré les violentes ripostes de la DCA ennemie, dans des conditions
éprouvantes. Il accomplit au total avec le "Lorraine"
66 missions de bombardement sur l'Allemagne et les territoires occupés.
Jacques Ballet est démobilisé
le 6 janvier 1946 avec le grade de commandant (colonel honoraire du
personnel navigant de l'Armée de l'Air depuis 1967). En 1946
il est adjoint du directeur industriel d'ESSO Standard puis, l'année
suivante directeur général de Standard-Kuhlmann. En
1948, Jacques Ballet devient directeur
des relations sociales d'ESSO Standard puis, en 1954, directeur administratif
d'ESSO Standard. Deux années plus tard il est nommé
directeur de la production et des approvisionnements d'ESSO Standard
puis, en 1958, directeur général d'ESSO Standard. PDG
d'ESSO Standard de 1966 à 1973, Jacques
Ballet est ensuite Administrateur d'ESSO SAF (1973-1978). Président
de l'Association française des Techniciens du Pétrole
et de la Société des Ingénieurs de l'Automobile,
il est également président de l'Association nationale
des auditeurs de l'Institut des hautes études de Défense
nationale. Jacques Ballet a été
vice-président de l'Association des Français libres,
de l'Amicale des Forces
aériennes françaises libres
(FAFL) et de la Société
d'Entraide des Compagnons de la Libération, des "Amitiés
de la Résistance" et du Comité de la Flamme sous
l'Arc de Triomphe.
Président d'Honneur de "Ceux de la Libération"
et membre fondateur et Administrateur du Comité d'Action de
la Résistance (COMAC). Jacques Ballet
est décédé le 5 novembre 2000 à l'Hôpital
Américain de Neuilly-sur-Seine. Il a été inhumé
à Rayol Canadel sur Mer (83).
Texte original : http://www.ordredelaliberation.fr/fr_compagnon/50.html