Né en 1915 à Simpson en Pennsylvanie,
Joseph Raymond Sarnoski est le second
d'une famille de 17 enfants. La santé de son père, mineur,
déclinant, Joseph Sarnoski aide du mieux qu'il peut la famille
en entretenant la ferme familiale afin d'assurer la subsistance de
tout le monde. Paralèllement, il parvient à poursuivre
ses études et à obtenir son diplôme de fin d'étude
secondaire. Bien que l'alternance de ses études et de son travail
à la ferme ne lui laisse que peu de temps libre, il s'intéresse
à l'aviation.
Le 7 mars 1936, il s'engage dans l'US Army comme
cadet de l'Air à Baltimore, dans le Maryland.Après avoir
effectué son entraînement de base, il est affecté
au 2nd Bomber Group, à Langley
Field, en Virginie. Il complète son entraînement à
Lowry Field dans le Colorado et termine en 1939. En 1940, il est libéré
de ses obligations militaires et se réengage dans l'Air Corps
avant de reprendre l'entraînement en qualité de personnel
navigant. Il devient alors bombardier et membre d'équipage
de l'un des nouveaux quadrimoteurs B-17 en qualité de Sergent.
Il retourne au 2nd Bomber Group et intègre
le 41st Reconnaissance Squadron.
Alors qu'il se trouve basé à Langley,
il rencontre sa future épouse, Marie. Promu Staff Sergeant
en Septembre 1941, il est transféré à Dow Field,
dans le Maine comme instructeur bombardier au 65th
Bomber Squadron / 43rd Bomber Group qui vient lui-aussi d'être
équipé de B-17. Après l'attaque de Pearl
Harbor et l'entrée en guerre des Etats-Unis, le Group est
transféré en Australie le 13 janvier 1942. En mars,
Sarnoski est promu Technical Sergeant.
Poursuivant ses activités d'instructeur, il prend aussi part
à des missions de guerre et obtient une promotion au rang de
Master Sergeant avant la fin de l'année. Le 14 septembre, le
Group fait mouvement sur Port Moresby en Nouvelle Guinée. Chargé
de détruire les bateaux de la flotte nippone, le commandant
du 63st Squadron, le Major Willaim
Benn, met au point une technique d'attaque à très
basse altitude. La technique est à la fois très dansgereuse
et nerveusement éprouvante. Le 23 octobre, une attaque sur
Rabaul permet de
tester la méthode d'attaque à basse altitude. Alors
que 6 B-17 attaquent depuis une altitude de 10 000 pieds, six autres
fondent sur les navires japonais à seuelement 100 pieds. Le
Capitaine Ken Mc Cullar parvient à
couler un destroyer grâce à cette technique audacieuse.
Mc Cullar devient rapidement une légende
dans le Pacifique. Aux 5 bateaux désormais coulés ou
endommagés, il ajoute un nouveau coup direct deux nuits plus
tard en utilisant la même méthode. Cette nuit-là,
4 des 6 bombardiers parviennent à toucher des navires japonais.
Au cours de ces missions du mois d'octobre, Mc
Cullar embarque dans son appareil le Lieutenant Zeamer
en qualité de Copilote, ce dernier n'ayant pas le statut officiel
de pilote.
En novembre, alors qu'il se trouve basé à
Port Moresby, en Nouvelle Guinée, Sarnoski
fait la rencontre de Jay Zeamer avec
lequel il va se mettre en quête d'autres personnels navigants
en vue de former un équipage complet. A la même époque,
les japonais tentent de renforcer les troupes installées à
Guadalcanal et dépèchent
des renforts sur place. Zeamer se
distinguera en effectuant une mission périlleuse sur Rabaul
qui permettra de repérer les renforts. En janvier 1943, Zeamer
et Sarnoski font la connaissance du Capitaine
Rocky Stone, un navigateur dont le pilote
a été porté disparu en mission. Celui-ci se joint
à l'embryon d'équipage déjà formé.
Petit à petit, ils parviennent à recruter d'autres hommes
et finissent par former un équipage complet. Malheureusement,
le groupe est dépourvu d'appareil. Un jour, un B-17E codé
41-2666 est parqué sur le bord de la piste. Portant les marques
de nombreux combats, il est en très mauvais état et
devient très vite la proie des mécaniciens en mal de
pièces de rechange. Zeamer
décide alors de s'emparer de cet appareil dont plus personne
ne veut. Après l'avoir fait remettre en état, il modifie
profondemment son armement, tirant en cela les leçons apprises
auprès de Mc Cullen. Il fait monter
une mitrailleuse de 12,7 mm dans le nez qu'il peut actionner depuis
le poste de pilotage. Il fait remplacer les mitrailleuses de 7,7 situées
dans le poste avant par des mitrailleuses de 12,7 mm, ayant contrer
les attaques frontales, tactique favorite des chasseurs adverses.
Il fait aussi remplacer les mitrailleuses simples de sabord par des
bitubes. L'armement d'origine est malgré tout conservé
à nord, permettant ainsi le remplacement d'armes défectueuses
ou enrayées en cas de besoin. Très vite, les autres
équipages du 65th Bomber Squadron
se rendent compte que Zeamer a fait
de son B-17 un véritable chasseur et c'est finalement avec
envie qu'ils observent désormais le B-17 qu'ils avaient abandonné
plus tôt.
Début mars, l'équipage prend une part
active à la bataille de la mer de Bismark . Très vite,
l'audace de l'équipage fait taire les critiques du début
et les hommes de Zeamer multiplient
les missions périlleuses, celles dont personne ne veut assumer
la conduite. Par tous les temps, quelque soit le danger, Zeamer
et ses hommes répondent présents. En mai, ils parviennent
à toucher un porte-avions et quelques jours plus tard ils volent
si bas lors d'une mission sur Rabaul
qu'ils arrachent le toit des maisons sur leur passage. Le même
mois, au cours d'une mission nocturne sur Wewak, Sa section est prise
dans le faisceau des projecteurs de la défense anti-aérienne
qui tire sur les appareils, menaçant de les abattre. Utilisant
son armement situé à l'avant, Zeamer
se lance alors à l'attaque des positions ennemies, à
la manière d'un avion d'assaut et parvient à détruire
3 positions et endommager 2 autres positions japonaises, permettant
ainsi aux autres appareils de sa section de mener leur mission à
bien. Cette action héroïque lui vaudra l'attribution d'une
seconde Silver Star. Le 5 mai, malgré les dommages très
sévères causés à son appareil, Zeamer
parvient à ramener tout son équipage indemne et l'appareil
est réparé à temps pour prendre part à
la mission suivante. Particulièrement loyal envers ses hommes,
chacun d'eux est décoré au même titre que lui.
Ainsi, les sergents Vaughn et Pugh
se sont vu attribuer la Silver Star. Quant aux sergents Able
et Kendrick, ils ont été
décoré de la Silver Star et de la DFC. Quant à
Sarnoski, désormais Master Sergant,
il est titulaire de la Silver Star et de l'Air Medal. Le 24 mai, Sarnoski
est promu Sous-Lieutenant en récompense de ses efforts en qualité
de bombardier et sa contribution très active dans la réussite
de nombreuses attaques.
Le 16 juin 1943, Zeamer
et son équipage se portent volontaire pour une mission de reconnaissance
photo au-dessus de Buka, au nord de Bougainville. Pour effectuer cette
mission longue de près de 2000 km, "OLD 666" sera
seul. La mission doit permettre de localiser les installation ennemies
dans le cadre de la préparation du débarquement prévu
pour le mois de novembre suivant. A ce moment précis, les services
de renseignements n'ont pas connaissance des mouvements de troupes
et notamment de l'acheminement de 400 avions japonais dans le secteur
des iles Solomons en date du 15 juin. La mission du 16 juin est la
47eme à laquelle prend part Zeamer.
S'agissant d'une mission de reconnaissance, la présence de
Sarnoski est d'autant moins nécessaire
que celui-ci achève son tour d'opération, après
18 mois d'une activité continue. Malgré cela, Sarnoski
décide de prendre part à cette mission.
Après avoir décollé à
4 heures du matin, le début de la mission de reconnaissance
se déroule sans encombre. Lorsqu'il arrive à la verticale
de Buka, à une altitude de 25 000 pieds, 3 heures après
avoir décollé, Zeamer
comprend très vite l'importance de sa mission en découvrant
les 400 appareils arrivés la veille sur l'aérodrome
de Buka. Suivant la route tracée par le navigateur , le Lieutenant
Johnson, le bombardier se dirige alors
vers le Sud afin de poursuivre la reconnaissance. L'analyse ultérieure
des images prises à Buka montrera que 21 chasseurs Japonais
avaient décollé pour intercepter le bombardier.
(Debout) Bud Thues, Zeamer, Hank
Dominski, J Sanoski (Devant) Vaughn, Kendrick, Able, Pugh
Alors qu'il est sur le point d'achever sa mission,
5 chasseurs Japonais interceptent le quadrimoteur et commencent à
orbiter autour de l'appareil afin de mettre au point leur tactique
d'attaque. Bien que l'appareil soit isolé et représente
une proie facile, la section japonaise de 5 A6M Zero du 251st
Kokutai.conduite par le Chief Flight Petty Officer Yoshio
Ooki décide de mener une attaque frontale, là
où l'appareil est le plus vulnérable car habituellement
mal défendu. Malgré la menace, le B-17 ne dévie
pas de sa route, cherchant à rejoindre sa base. Après
15 minutes d'observation, les japonais passent à l'attaque.
Les 5 appareils passent sur le dos et se dirigent sur le B-17 depuis
5 angles différents (8 h, 10 h, 12 h, 2 h, 4 h). Les appareils
convergent à grande vitesse, toutes armes hurlantes. Jusque
là, au cours des 46 missions précédentes, Jay
Zeamer n'a jamais rencontré plus de deux chasseurs japonais
et il comprend très vite qu'il doit faire face cette fois-ci
à des pilotes expérimentés. Alors que les appareils
se rapprochent, les obus de 20 mm atteingnent le poste de pilotage
et l'avant du B-17, faisant exploser le plexiglas. Au même moment,
le Slt Joseph Sarnoski tire sur le Zero
qui attaquait depuis les 10 h et l'endommage. Secoué par cette
attaque destructrice, l'équipage fait le bilan de ce premier
assaut. Joseph Sarnoski a été
projeté en arrière et il est sérieusement blessé,
même s'il refuse l'aide du navigateur venu aux nouvelles, lui
indiquant que "tout va bien". Dans le poste de pilotage,
la dévastation est tout aussi importante. L'ai s'engoufre dans
l'appareil éventré. Le sang recouvre les parois. Lentement,
Joseph Sarnoski regagne son poste afin
de faire face à un nouvel assaut. Alors que tout le monde s'apprète
à faire face, d'autres chasseurs nippons rejoignent la bataille.
Parvenu à regagner son poste, Joseph
Sarnoski empoigne sa mitrailleuse et fait feu sur un Ki 46
Dinah qui s'est joint au combat et qui tente de mener une attaque
frontale. L'appareil japonais est touché et l'avion s'écrase,
offrant à Joseph Sarnoski sa deuxième
victoire avant que celui-ci ne décède de ses blessures
(1 seul appareil est réellement abattu, le premier n'étant
qu'endommagé).
Dans la cabine de pilotage, la situation n'est guère
meilleure. Jay Zeamer a été
atteint par une centaine d'éclats au niveau des membres. Ceux-ci
sont paralysés et il perd beaucoup de sang. Le dernier passage
a été destructeur, endommageant le tableau de bord,
le système hydraulique et le circuit d'oxygène. En retour,
son tir a mis hors de combat l'appareil du leader Japonais qui abandonne
le secteur et rejoint sa base accompagné par son ailier (l'appareil
sera crédité à Jay
Zeamer comme victoire confirmée). Trois autres appareils
japonais ont été endommagés (Tadaharu
Sakagami, Tadashi Yoneda, and
Ichirobei Yamazaki) (dont 2 officiellement
crédités comme victoires confirmées à
Jay Zeamer et Joseph
Sarnoski). Au total, les 8 appareils du 251st Kokutai auront
tiré 500 obus de 20 mm et 700 cartouches de 7,7 mm.
Rejoints par d'autres appareils, se sont 17 nouveaux
chasseurs Japonais provenant d'autres unités basées
à Buka qui s'en prennent au malheureux bombardier isolé,
multipliant les attaques destructrices. Privé d'oxygène,
le pilote doit faire littéralement plonger son appareil pour
permettre à son équipage de respirer normalement. Il
passe ainsi d'une altitude de 25 000 pieds à 10 000 pieds,
toujours poursuivit par les chasseurs nippons bien décidés
à abattre une proie d'apparence facile. Pendant 45 interminables
minutes, malgré ses blessures, Jay
Zeamer effectue de brutales manoeuvres évasives pour échapper
aux tirs incessants des chasseurs japonais. Au cours du furieux combat
défensif que mènent les mitrailleurs, le Sergent Able
parvient à abattre un Zero (Un autre Zero sera officiellement
crédité à l'équipage portant à
5 le nombre de victoires totales confirmées alors que seuls
2 appareils nippons ont été abattus). Il est lui-même
blessé aux deux jambes. Finalement, à court de carburant,
les chasseurs ennemis sont contraints d'abandonner la poursuite, laissant
derrière eux 5 des leurs. Pour autant, la situation du valeureux
OLD 666 n'est pas brillante avec 6 membres d'équipage blessés
et le Slt Joseph Sarnoski mort à
son poste. Une fois les chasseurs éloignés, dans un
état de semi-conscience, Zeamer
fait le point de la situation et confie au copilote, le Lieutenant
Britton, un des deux seuls membres d'équipage
indemne, le soin de poser l'appareil sur la base de Dobodura, en Nouvelle-Guinée,
celui-ci étant trop endommagé pour regagner sa base
d'origine. Dans le même temps, le sergent Able
et le Lieutenant Johnson maîtrisent
le début d'incendie. Malgré les dommages subits et l'absence
de volets, le copilote parvient à poser l'appareil sans encombre
à 12 heures 15, assisté par Jay
Zeamer à qui le sergent Vaughn
a fait une injection de morphine. L'appareil compte pas moins de 187
impacts de balles et 5 obus de 20 mm ont causé d'importants
dommages.
Trop faible pour prononcer le moindre mot ou donner
le plus petit signe de vitalité, Jay
Zeamer est extrait de l'appareil avec précaution. Tout
l'équipage pense que le pilote est mort en raison de la grande
quantité de sang qu'il a perdu. En fait, Jay
Zeamer survivra à ses blessures, perdant toutefois une
jambe. En considérant l'exploit réalisé, le chef
d'état-major du commandant adjoint de la 15e Air Force, le
Colonel Merian C. Cooper proposera Jay
Zeamer pour l'attribution de la Médaille d'Honneur. Le
commandant de la 15e Air Force, le General George
Kenney, accedera à la demande, remettant la décoration
à Jay Zeamer le 16 janvier
1944 au Pentagone.
Le Slt Joseph Sarnoski
se verra aussi attribuer la même décoration, à
titre posthume, alors que l'ensemble des autres membres d'équipage
se verront attribuer la Distinguished Service Cross, faisant du OLD
666 l'appareil à l'équipage le plus décoré
de l'USAAF et le seul à voir 2 de ses membres recevoir la Medal
of Honor.
Jay Zeamer est promu
Major le 9 juillet 1943 et Lieutenant Colonel en avril 1944. Il passera
15 mois à l'hôpital avant de reprendre du service aux
Etats-Unis sur la base de Mitchel Field, dans l'état de New
York en qualité d'inspecteur tactique. Il se retire finalement
de l'USAAF le 18 janvier 1945. Il retourne alors au MIT et obtient
un Master d'ingénérie aéronautique en 1946. Il
travaille ensuite pour de nombreuses entreprises aéronautiques
avant de se retirer en 1968, dans le Maine à Boothbay Harbor.
Marié en 1949, il élève ses
5 enfants (Marcia, Jacque, Jayne, Susan, et Sandra.) au côté
de son épouse Barbara. Après guerre, Jay
Zeamer ne fera que rarement allusion aux évènements
qui le conduisirent à recevoir la plus haute distinction américaine,
se sentant coupable de la perte de son ami Joseph
Sarnoski.
Jay Zeamer est décédé
à l'âge de 88 ans, le 22 mars 2007. A la date de sa mort,
il était le dernier récipiandaire de la Médaille
d'Honneur de l'USAAF encore en vie. Il fut enterré au cimetière
militaire d'Arlington et les drapeaux furent mis en berne à
la demande du gouverneur John Baldacci.
Medal of Honor citation
The President of the United States in
the name of The Congress takes pleasure in presenting the Medal
of Honor to:
SARNOSKI, JOSEPH R. (Air Mission)
Rank and Organization: Second Lieutenant,
U.S. Army Air Corps, 43rd Bomber Group, Place and Date: Over Buka
Area, Solomon Islands, 16 June 1943. Entered Service at: Simpson,
Pa. Born. 30 January 1915, Simpson, Pa. G.O. No.: 85, 17 December
1943.
Citation: For conspicuous gallantry and
intrepidity in action above and beyond the call of duty. On 16 June
1943, 2d Lt. Sarnoski volunteered as bombardier of a crew on an
important photographic mapping mission covering the heavily defended
Buka area, Solomon Islands. When the mission was nearly completed,
about 20 enemy fighters intercepted. At the nose guns, 2d Lt. Sarnoski
fought off the first attackers, making it possible for the pilot
to finish the plotted course. When a coordinated frontal attack
by the enemy extensively damaged his bomber, and seriously injured
5 of the crew, 2d Lt. Sarnoski, though wounded, continued firing
and shot down 2 enemy planes. A 20-millimeter shell which burst
in the nose of the bomber knocked him into the catwalk under the
cockpit. With indomitable fighting spirit, he crawled back to his
post and kept on firing until he collapsed on his guns. 2d Lt. Sarnoski
by resolute defense of his aircraft at the price of his life, made
possible the completion of a vitally important mission.