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LA RECONQUETE
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Pour les Alliés, la voie étroite conduisant au Japon passait, à la fin de 1943, par la Nouvelle-Guinée et les Philippines, et suivait les atolls du Pacifique Centre. La force principale de l'aviation américaine reposait désormais sur la rapiditédes nouveaux groupes embarqués. |
Au cours de l'année 1943, les affrontements aériens au-dessus des Solomons et de Rabaul furent parmi les plus âpres de la guerre du Pacifique. L'aéronavale nippone utilisa largement ses groupes embarqués et ses unités basées à terre dans l'espoir de contenir la puissante avance de l'ennemi. Le 1er mai 1943, ce qui restait de la 21e flottille du contre-amiral T. Ichimaru fut transféré de Kavieng à Tinian (Mariannes), ses éléments aériens étant confiés à la 25e flottille. Dix jours plus tard, 58 A6M3 et 49 G4M1, provenant des îles Marshall, arrivèrent à Rabaul par petits -groupes. |
Vues aériennes de Rabaul
En août 1943, les unités aériennes de la marine nippone dans la zone sud-est se répartissaient ainsi : 201e Kokutai, 204e Kokutai, 251e Kokutai, 253e Kokutai et 262e Kokutai, dotés de A6M3 et du nouveau chasseur Mitsubishi A6M5 modèle 52 ; 501e Kokutai et 582e Kokutai, avec des Aichi D3A1 et un petit nombre de Yokosuka D4Y2 Suisei ; 705e Kokutai et 751e Kokutai, ainsi qu'une partie du 752e Kokutai, équipés de G4M1 ; enfin, 851e Kokutai, 938e Kokutai et 958e Kokutai, pourvus d'hydravions Aichi E13A1, de Mitsubishi F1M2 et de Kawanishi H8K « Emily ». |
Des affrontements d'une grande violence se déroulèrent à l'occasion des débarquements alliés en Nouvelle-Géorgie. L'amiral Koga envoya les groupes du Hiyo et du Junyo (2e Kokusentai) à Kahili et Ballale pour y intégrer la Ve force d'attaque (Koku Kushu Butai), du commandant Mitsugu Kokufuda. Le 21 juin 1943, le 4th Marine Raider Battalion débarqua à Wickham, en NouvelleGéorgie, ouvrant la voie à la conquête de Munda ; le 30 juin, l'île de Rendova était envahie. Dans les journées du 20 au 22 août, les Japonais se retirèrent des îles de la Nouvelle-Géorgie, tandis que les unités des ComAirSols prenaient le contrôle des aérodromes de Munda, Bairoko, Ondonga et Segi Point. |
Attaque des bases de Rabaul de Simpson Harbor
Le 14 septembre, les ComAirSols (Brigadier General F.P. Mulcahy), aidés par des unités de l'aviation néo-zélandaise, partirent à l'assaut des aérodromes de Buin, Kara, Kieta, Ballale, Buka, Bonis et Kahili (île Bougainville). A partir du 12 octobre 1943, Rabaul, déjà fréquemment touchée dans le passé, constitua la cible d'une campagne de bombardements massifs, conduite par la 5th Air Force, de Kenney. Le premier jour, 87 B-24, 114 B-25, 125 P-38 et 12 Beaufighter (de la RAAF) pilonnèrent les navires ancrés à Simpson Harbour, ainsi que les terrains de Vunakanau, Lakunai, Tobera, Rapopo et Keravat, où ils rencontrèrent l'opposition de 32 « Zeke ». Les résultats furent médiocres, un pétrolier de 6 000 t et quelques petits bâtiments étant coulés, tandis que deux A6M étaient abattus et 48 appareils détruits au sol. De leur côté, les Alliés avaient perdu cinq avions. Des raids répétés furent menés le 13, le 18 et le 29 octobre, ainsi que le 2 novembre. Trois jours plus tard, le Task Group 58.3, de Sherman (USS Saratoga et USS Princeton), envoya 52 Hellcat, 23 TBM-1 et 22 SBD-5 sur Rabaul ; 60 à 70 « Zeke » des 201e Kokutai, 204e Kokutai et 251e Kokutai décollèrent des pistes de Tobera et Vunakanau pour les intercepter. Mais les Américains parvinrent à endommager sérieusement les quatre croiseurs lourds mouillés à Simpson Harbour. L'US Navy organisa, le 11 novembre, un nouveau raid, qui contraignit Koga à retirer les groupes du 1er Kokusentai expédiés à Rabaul au début du mois ; en deux semaines, en effet, 43 ses 82 A6M, 38 de ses 45 D3A2 et 34 de ses 40 B5N2 avaient été anéantis. Tous les efforts que les Alliés consacraient à Rabaul avaient un but précis : assurer la couverture des débarquements de troupes au cap Torokina (Bougainville), qui avaient eu lieu le 1er novembre. |
Depuis les bases de l'île Bougainville, Rabaul
se trouvait dans le rayon d'action des F4U-1 Corsair du VF-17
et dans celui des unités de l'US Marine Corps. Les 90 000 soldats
japonais installés en Nouvelle-Bretagne, concentrés principalement
aux environs de Rabaul, constituaient pour MacArthur et Halsey un problème
particulièrement difficile à résoudre ; aussi laissèrent-ils
les choses en l'état : désormais, Rabaul était
isolée et facile à contourner. Pendant les mois de décembre
1943 et de janvier 1944, la base subit de fréquentes attaques;
ses fragiles défenses reçurent bien le 22 janvier le renfort
des groupes du Junyo, du Hiyo et du Ryuho - 62
A6M5, 18 D4Y2 et 18 Nakajima B6N2 Tenzan - mais les événements
qui se déroulaient sur l'immense théâtre du Pacifique
pesaient dorénavant d'un poids très lourd. Des éléments
appartenant aux 25e et 26e flottilles, soit plus de 50 « Zeke
», défendirent Rabaul pour la dernière fois, le
19 février 1944, contre un raid mené par 145 TBF-1, SBD-5,
F6F-3 et Corsair. Le lendemain, sur ordre de l'amiral Mineichi Koga,
les forces aériennes japonaises quittèrent cette base
pour Truk (Carolines), ne laissant sur place que quelques éléments
de commandement. Au cours des batailles des îles Salomon et de Rabaul (7 août 1942 - 20 février 1944), la puissance aérienne de la marine japonaise fut défiée, et en fin de compte battue, au terme d'une lutte très serrée. Au total, l'aéronautique navale nippone avait perdu 2 935 appareils, dont 1 467 chasseurs, 1 199 bombardiers-torpilleurs et 269 bombardiers en piqué, sans parler d'un grand nombre de pilotes et d'équipages expérimentés. |
Groupe de pilotes Japonais du Kokutai Tainan à Rabaul
Groupe de pilotes Japonais du 253eme Kokutai à Rabaul
La campagne du Pacifique Centre, conformément
à la ligne définie par la conférence Quadrant,
qui s'était déroulée en août 1943, débuta
le 1er septembre 1943 par l'occupation de l'île Baker, à
l'est des îles Gilbert, et par les raids aériens sur Marcus.
C'est au cours de ces opérations qu'entrèrent en action
pour la première fois les porte-avions Essex (27 000 t)
et Independence, ainsi que le nouveau chasseur Grumman F6F-3
Hellcat. Armé de six mitrailleuses de 12,7 mm et propulsé
par un moteur Pratt & Whitney R2800-10 Double Wasp en étoile,
le F6F-3 pouvait atteindre une vitesse de 600 km/h à 7 225 m
d'altitude, ce qui lui conférait une supériorité
de 32 km/h par rapport au plus récent des chasseurs de l'aéronavale
japonaise, le Mitsubishi A6M5. Même s'il n'était pas aussi
maniable que l'extraordinaire Reisen, le F6F-3 avait pour lui l'endurance
et la puissance de feu, qualités qui devaient se révéler
déterminantes. Autre modèle entrant en service, le Curtiss
SB2C-1 Helldiver se présentait comme le successeur du Douglas
SBD-5 Dauntless. Le Grumman F4F Wildcat, dans sa version General Motors
FM-1, était embarqué sur de petits porte-avions. En prévision de la campagne des îles Gilbert, la Ve flotte, de Spruance, rassemblait en son sein la plus vaste force de porte-avions jamais vue : le Yorktown, le Lexington et le Cowpens (Task Group 50.1) ; l'Enterprise, le Belleau Wood et le Monterey (TG-50.2) ; l'Essex, le Bunker Hill et l'Independence (TG-50.3) ; enfin, le vieux Saratoga et le Princeton (TG-50.4). En dehors du VB-17, tous ces navires disposaient de F6F-3, de SBD-5 et de. Grumman TBF-1 Avenger. |
Les F6F-3 des VF-23 et VF-24
(Princeton et Belleau Wood) connurent leur baptême
du feu au cours de l'opération sur l'île Baker, le 1er
septembre. Ce jour-là, trois Kawanishi H8K du 801e
Kokutai, basé à Tarawa, furent abattus alors qu'ils
effectuaient des missions de reconnaissance. Entre le 1er septembre
et le 6 octobre 1943, le TG-50 attaqua Marcus, Wake, Makin et Tarawa. Les premiers atolls choisis comme objectifs des assauts amphibies de l'opération Galvanic étaient Betio (Tarawa) et Makin. La date prévue de l'opération était le 19-20 novembre 1943. Le Task Group 50 attaqua la flottille de 1'aéronavale japonaise (contre amiral Sumichi Kira) sur ses bases des îles Marshall, pendant que différentes cibles étaient prises à partie par les Consolidated B4H de la 7th Air Force basés à Funafuti. Les débarquements se déroulèrent comme prévu, Makin tombant sans difficulté ; mais à Betio, les troupes japonaises combattirent acharnement et infligèrent de lourdes prrtes aux Marines. Au cours des raids conduits sur Roi, Maloelap et Mille (îles Marshall), les F6F-3 furent confrontés aux A6M3 du 252e Kokutai, tandis que les navires américains évitaient la plupart des assuts conduits par des Mitsubishi G4M2 et les bombardiers-torpilleurs Nakajima B6N2 Tenzan. Les équipages des G4M2 maîtrisient parfaitement la technique des attaques nocturnes à la torpille, à l'aide de moyens pyrotechniques. Mais, à cet égard, les actions du 755e Kokutai posaient de grâves problèmes au TG-50, qui manquait cruellement de chasseurs de nuit. Cependant, le 26 novembre, le Lieutenant Commander .J L. Phillips, à bord d'un TBF-1C du VT-6, parvint à abattre un premier appareil ennemi. Au 31 décembre 1943, les pertes de la flottille nippone s'établissaient à 61 A6M, 58 G4M2, 21 Aichi D3A2 et Yokosuka D4Y Suisei, et 18 Tenzan. La pression sur Rabaul était telle qu'il fallut recourir à la majeure partie des réserves. Au tournant de l'année, la 22e flottille quitta les Marshall pour les Mariannes, laissant la place à la 24e flottille.
LES MARSHALL et TRUK
Le 1er février 1944, jour des opérations
de Roi et de Kwajalein, que devait suivre, le 18 février, l'invasion
d'Eniwetok, les porte-avions rapides américains allaient mettre
à rude épreuve la puissance aérienne nippone dans
les iles Marshall. Sur les 150 appareils de l'aéronavale japonaise
en service à la date du 27 janvier, pas un seul ne se trouva
en état de combattre au moment des divers débarquements.
Du 29 janvier au 11 février 1944, la Task Force 58, de Mitscher,
effectua 6232 sorties, lâcha 1 156 600 t de bombes, et perdit
dix-sept F6F-3 et cinq TBF Avenger. Le 17 février 1944, sur les terrains de Moen,
Eten, Param et Dublon, les 24e et 26e flottilles mettaient en ligne
155 appareils - des A6M, G4M2, B6N2, D3A2 ainsi que des hydravions et
des avions de transport -, sans parler de 180 machines en réparation.
A l'aube de ce même jour, lorsque, à 145 km de Dublon Island,
72 F6F-3 s'envolèrent pour aller anéantir les défenses
aériennes de Truk, Mitscher disposait du TG-58.1 (Enterprise,
Yorktown et Belleau Wood), du TG-58.2 (Essex, Intrepid
et Cabot) et du TG-58.3 (Bunker Hill, Monterey
et Cowpens). Les 45 A6M5 du 204e Kokutai
qui avaient pris l'air, ainsi que 18 A6M2-N du 902e
Kokutai, attaquèrent les Hellcat à 6 h 10. Une
trentaine de « Zeke » furent abattus, alors que tous les
F6F-3, à l'exception de quatre, regagnèrent leurs porte-avions.
Ce combat fut suivi d'un raid de dix-huit TBF-1, porteurs de bombes
de fragmentation de 227 et 136 kg, sur Moen, Eten et Param. Des attaques
qui visèrent les navires dans l'après-midi furent menées
par des TBF-1, des SBD-5 et des SB2C-1 sous le feu nourri des batteries
japonaises. L'unique contre-attaque eut lieu à 19 heures, quand
six B6N2 parvinrent à atteindre d'une torpille l'Intrepid.
A la fin de la journée, la Task Force 58, qui avait coulé
l'équivalent de 200 000 t en bâtiments de surface, avait
détruit 252 avions. Mineichi Koga, le commandant en chef du Kantai
Rengo, sachant discerner la menace, avait transféré la
plus grande partie de sa flotte des îles Truk aux îles Palau
et à Singapour. L'attaque américaine sur les îles Truk,
qui s'ajoutait à la perte de bases vitales dans les îles
Gilbert et Marshall et à l'effacement de Rabaul, contraignit
les Japonais à ramener leurs lignes de défenses sur les
Mariannes, les Carolines orientales et les Palau. Le noyau des forces
aériennes basées à terre de la marine nippone se
trouvait dans les Mariannes (Guam, Tinian et Saipan). |
LA DEFAITE DE L'AERONAVALE JAPONAISE
En novembre 1943, après la chute de Finschhafen,
l'aéronavale japonaise retira le 7e Hikoshidan
du complexe de Wewak et le transféra à Liang (Amboine),
dans une zone relativement sûre. De ce fait, les forces de la
IVe armée aérienne (Kokugun), du général
Kunachi Teramoto, se trouvaient réduites au 6e
Hikoshidan, placé sous les ordres du lieutenant-général
Giichi Itabana, soit 150 à 175 Nakajima Ki-43 et Ki-61 Hien,
Mitsubishi Ki-21, Kawasaki Ki-48 et Nakajima Ki49 Donryu. Le 4e
Hikoshidan n'eut qu'un rôle limité pendant les débarquements
alliés à Arawe, au cap Gloucester et à Saidor (2
janvier 1944). A ces éléments hétérogènes,
la 5th Air Force, du Major General Kenney,
opposait 803 chasseurs, 780 bombardiers, 173 avions de reconnaissance
et 328 avions de transport ; toutefois, 54 % des appareils seulement
étaient disponibles. La Royal Australian Air Force apportait
le concours de 507 avions, principalement des Curtiss P-40N Warhawk,
des Douglas Boston Mk III, des Bristol Beaufort TB Mk II, des Bristol
Beaufighter Mk IC, VIC et X, des Lockheed Hudson, des Consolidated Catalina,
des CAC Wirraway et des CAC CA-12 Boomerang. Les débarquements organisés par MacArthur au début de 1944 avaient pour but de resserrer l'étau autour de Rabaul. D'où les opérations contre Green Island (15 février), les îles de l'Amirauté (29 février) et Emirau (20 mars 1944). Kenney lança une nouvelle offensive contre les bases du 4e Kokugun (Boram, Wewak, Dagua et But) le 11 mars, en prélude à l'opération Reckless, au cours de laquelle des soldats devaient débarquer 485 km plus haut sur la côte, à Aitape et à Hollandia. Jusqu'au 27 mars inclus, la 5th Air Force et la RAAF firent d'incessantes « visites » à Wewak et à ses satellites : les Américains effectuèrent ainsi 1 543 sorties de bombardement, larguant 3 036 t de projectiles, tandis que ses P-40, P-38 et P-47D accomplissaient 911 sorties. Les réactions de la chasse japonaise furent décousues, le seul temps fort étant le décollage de Dagua et Boram, le 11 mars, de 40 à 50 Ki-43 et Ki-61 escortés d'un petit nombre de Nakajima Ki44. Le 25 mars, Teramoto transféra son quartier général de Wewak à Hollandia, où se trouyaient - on l'apprit le même jour - 260 avions, répartis entre les terrains de Sentani et Cyclops.
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L'assaut sur Hollandia débuta à l'aube du 30 mars, quand, dans le sillage de sept B-24D porteurs de bombes à fragmentation de 9 kg, 57 Liberator, couverts par des Lockheed P-38J de Nadzab, pilonnèrent les terrains d'aviation. Les Lightning affrontèrent des Ki-43 et des Ki-61, divers combats ayant lieu entre avions américains et japonais, sans que rien de décisif en sortît. Le lendemain, un nouveau raid fut lancé sur le même objectif ; il fut répété le 2 avril, sans aucun succès, et enfin le 4 avril 1944. Cette fois, l'attaque fut particulièrement violente, 66 B-24D lâchant 492 bombes de 454 kg sur Hollandia, Cyclops et Sentani, tandis que les suivaient de près 96 Douglas A-20G et 76 North American B25J. Devant des assauts aussi puissants, les arrières du 4e Kokugun, en Nouvelle-Guinée, furent définitivement brisés. Itabana fut relevé de son commandement, le quartier général du 4e Kokugun étant contraint de se replier sur Manado, aux Célèbes, où il prit sous son contrôle les 6e et 7e Hikoshidan, forces comprenant environ 120 avions basés à Ambon, Ceram, Boroe et Halmahera.
MacArthur n'avait plus à se soucier que de la petite force de G4M2 (23e flottille) basée à Sorong, Jefman et Samate, dans l'extrémité ouest de la Nouvelle-Guinée. Il pouvait, sans gêne aucune, poursuivre la mise en oeuvre des débarquements amphibies qu'il avait programmés. Hollandia et Aitape furent envahies le 22 avril 1944, Wakde et Biak étant attaquées respectivement le 17 et le 27 mai ; enfin, Sansapor tomba le 30 juillet. Contournant Halmahera, les forces de la South West Pacific Area effectuèrent leur dernier grand pas avant l'invasion des Philippines, en installant des troupes à Morotai, le 15 septembre 1944. Certes, il restait à assurer - tâche interminable et dangereuse - le nettoyage des poches de résistance isolées. Mais le front des bases alliées en Nouvelle-Guinée était désormais solide. |
LA PERCEE DES MARIANNES
Après l'assaut sur Truk et les débarquements
à Eniwetok, Kwajalein, Roi et Majuro, dans les Marshall, trois
CV et trois CVL appartenant aux TG-58.2 et 58.3 prirent la route des
Mariannes en vue d'un grand raid. A Tinian et à Saipan se trouvaient
les restes des 22e et 26e flottilles, qui se remettaient de leurs récentes
et très lourdes pertes. Le 21 février 1944, jour précédant
le raid américain, le 1er Koku-Kantai,
important commandement nouvellement formé et basé à
Kanoya (Japon), sous les ordres du vice-amiral Kakuji Kakuda, envoya
à Guam, Tinian et Saipan 120 appareils. Il s'agissait de A6M5,
de D4Y2, de G4M2 et de Nakajima J1N1-C Gekko. L'attaque des F6F-3, à
l'aube du 22 février, montra bien la pertinence de ces mesures
; elle confirma également la puissance de l'aviation américaine
embarquée. Après ce raid couronné de succès,
des éléments de la Task Force 58 (Mitscher) prirent en
chasse la 26e flottille nippone, et lui infligèrent de lourdes
pertes dans les Palau, au cours des journées du 30 et 31 mars.
Ils fournirent aussi le soutien des débarquements à Aitape
et à Hollandia (21-24 avril), et décimèrent la
22e flottille, du contre-amiral Sumikawa, qui avait été
entre-temps rééquipée, au cours d'une nouvelle
sortie sur Truk les 29 et 30 avril. Chargée de couvrir en juin
les opérations amphibies de Nimitz dans les Mariannes, la TF-58
attaqua les îles Marcus et Wake les 19 et 23 mai 1944, avant de
se rapprocher du théâtre où elle devait intervenir. Pour le Rengo-Kantai, les Mariannes représentaient
l'ultime barrière protégeant l'empire ; l'opération
A-Go, montée par la marine japonaise, ne fut rien d'autre que
la tentative de la dernière chance pour reprendre l'initiative
sur l'US Navy, en s'appuyant sur une flotte reconstituée de porte-avions,
épaulée par de puissantes forces aériennes basées
au sol. Inspiré de l'exemple de l'US Task Force, le Dai Ichi
Kido Kantai fut formé le 1er mars 1944 et placé sous le
commandement du vice-amiral Jisaburo Ozawa. Neuf porte-avions emportant
452 appareils constituaient l'échelon aérien de cette
flotte, et se répartissaient en trois divisions possédant
chacune son propre groupe. Le 601e Kokutai
du ler Kokusentai, dont le fer de lance
était le Taiho (cette force disposait aussi du Zuikaku
et du Shokaku), mettait en ligne 71 A6M5, 10 A6M2, 81 D4Y2, 9
D4Y1-C et 56 B6N2 équipés de torpilles type 94 modèle
II de 450 mm. Le Hiyo, le Junyo et le Ryuho formaient
le 2e Kokusentai, auquel était rattaché
le 652e Kokutai. En juin 1944, les forces aériennes basées à terre de l'aéronavale nippone avaient atteint une ampleur impressionnante sur le théâtre du Pacifique, avec les 484 appareils directement subordonnés au ler Koku-Kantai dans les Mariannes, les 114 avions de la 61e flottille à Yap et dans les Palau, et, enfin, ceux de la 22e flottille à Truk, de la 23e flottille à Sorong (Nouvelle-Guinée occidentale) et de la 26e flottille d'Arima à Davao. A cela il fallait ajouter la présence à Guam et à Tinian d'une force de 120 bombardiers.
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