Le Colonel de Réserve Daniel Le Roy du Vivier
est né à Amersfoort (Hollande) le 13 janvier 1915 d'un
père belge et d'une mère néerlandaise. Après
une licence en Sciences Commerciales effectuée à l'Université
Catholique de Louvain, Le Roy du Vivier entre au service actif en
qualité de milicien au 1er Régiment des Guides le 31
juillet 1935. Son service militaire terminé, il se rengage
en qualité d'élève-pilote le 1 avril 1937. Il
fait partie de la 75ème promotion. Après son écolage,
il reçoit le brevet de pilote militaire le 15 mars 1938, passe
au 1er Régiment d'Aéronautique 3ème Escadrille
à Gossoncourt le 1 avril 1938, et ensuite au 2ème Régiment
d'Aéronautique II Groupe 4ème Escadrille le 14 septembre
1938. Nommé sergent aviateur le 26 septembre 1938, il va suivre,
en qualité de candidat Sous-lieutenant d'active, son école
d'arme à Evere le 1 mars 1939.
Le 10 mai 1940, lors de I'attaque allemande, il est
à Nivelles avec le grade d'adjudant. Volontaire pour participer
à une mission à haut risque, il patrouille en monoplace
Fairey Firefly, dans le secteur Anvers-Louvain-Bruxelles en compagnie
du Major Jacques Lamarche et du Lieutenant
Yves du Monceau de Bergendal, Daniel Le Roy du Vivier est descendu
aux environs de Keerbergen par le tir de troupes amies. Devant I'avance
allemande, il doit passer en France avec son unité le 15 mai
1940. Après une période d'inaction, les aviateurs reçoivent
l'ordre, le 19 juin 1940, de déposer les armes. Cet ordre décida
Le Roy du Vivier et d'autres pilotes (de
Henricourt de Grune, Van den Hove d'Ertsenryck, Wilmet, Willy
Van Lierde, Vichy Ortmans, Georges
Doutrepont, Francis de Spirlet, Roger
Malengreau) à agir et ils se rendent à Port-Vendres
où ils embarquent sur le "SS Apapa" le 23 juin 1940.
Le 27 juin, ils sont à Gibraltar et le 07 juillet à
Liverpool.
Dès son arrivée en Grande-Bretagne
il est dirigé sur le dépôt de la R.A.F. à
Gloucester ; puis il passe une douzaine de jours à la Operational
Training Unit 7 où des moniteurs l'initie au pilotage des appareils
alors en service. Le 4 août, Le Roy du Vivier est désigné
pour le Squadron 43, unité qui
comme tant d'autres, est engagée dans la bataille et inscrit
dans le ciel, les plus belles pages d'héroïsme et de gloire.
Le 8 août, I'Etat-Major Général de la R.A.F. faisait
apparaître aux ordres du jour 1'émouvant appel que voici
: "La Bataille d'Angleterre est commencée, Membres de
la R.A.F. soyez conscients que le destin de générations
se trouve entre vos mains". Et de fait, le jour même 300
avions allemands échelonnés en plusieurs escadres franchissent
la Manche, attaquant les convois, les navires et les divers moyens
de transport et de communication.
Le 16 août il abat son premier avion, un Junkers
87. Le lundi 2 septembre 1940, dans le courant de I'après-midi,
les pilotes de la Luftwaffe qui concentraient alors leurs attaques
principalement sur les bases d'envol des aviateurs de la R. A. F.
livrèrent d'importants combats. Au cours d'une mêlée
générale au-dessus de Sidcup, petite bourgade sise non
loin de Londres, Le Roy du Vivier poursuivant un chasseur allemand
est à son tour attaqué à 3.000 mètres
d'altitude par un autre ennemi qui le descend en flammes. Il se confie
à son parachute et prend contact avec le sol... dans le jardin
d'une école de jeunes filles ! Aussitôt il se voit entouré
par un groupe d'élèves armées de balais, de fourches,
de pelles et de bêches qui lui demandèrent s'il était
ou non anglais... N'étant pas, à cette époque,
très familiarisé avec la langue d'Albion et craignant
que son accent bruxellois ne puisse prêter à méprise,
il fait le mort jusqu'à I'arrivée d'un constable. Celui-ci
vérifie son identité, le conduit à un poste de
secours et le dirige, vers huit heures du soir, sur un hôpital.
Du 2 septembre au 22 octobre 1940, Daniel Le Roy
du Vivier reste en traitement A la Casualty Clearing Station de Tenterden
; puis il reprend son service au Squadron
43, unité à laquelle il appartiendra durant 27 mois,
d'abord en qualité de Pilot Officer, puis comme Flight Commander
et après 18 mois en tant que Squadron Leader. I1 est alors
le premier pilote non-britannique à commander une escadrille
anglaise. Au cours du mois de mai 1941, il inscrit sa deuxième
victoire (un Junkers 88) et abat trois autres avions ennemis en collaboration
avec ses camarades. Ce sont ses brillantes prestations qui lui ont
valu sa nomination de Flight Commander. Le 3 janvier 1942, une note
de I'Air Ministry accorde à Daniel Le Roy du Vivier, la D.F.C.
avec la citation suivante :
"A fait preuve de qualités exceptionnelles en tant
que commandant de flight, réussissant à maintenir
très haut la valeur offensive de ses pilotes durant les opérations
diurnes et nocturnes qu'il a effectuées. A détruit
à ce jour quatre avions ennemis".
D'autre part décoré de la Croix de
Guerre de 1940 avec palme en bronze, Daniel Le Roy du Vivier se voit
ensuite autorisé à porter une palme supplémentaire
avec trois lions, distinction dont la valeur fut soulignée
spécialement par le Ministre de la Défense Nationale.
Puis, en août 1942, c'est l'opération
de Dieppe à laquelle Daniel Le Roy du Vivier participe brillamment
à la tête de son escadrille. Il effectue 4 attaques au
canon sur des positions ennemies fortement défendues et revient
à chaque fois avec un avion endommagé. Sa conduite héroïque
est une fois de plus récompensée par les chefs de la
R.A.F. qui autorise notre compatriote à porter une "Bar'
sur le ruban de sa D.F.C. Le 22 septembre 1942, Daniel Le Roy du Vivier,
épuisé par cette vie fatigante qui use organiquement
le physique des pilotes, est au retour d'une mission, conduit en civiére
à un poste de secours et envoyés en repos à l´arrière,
au 13 Group Headquarters. Le 22 décembre 1942, il est à
la Central Gunnery School de Sutton Bridge, le 11 février 1943,
de nouveau au 13 Group Headquarters et le 7 avril au 1 Personnel Dispatch
Center. Le 13 avril 1943, il est affecté au Middle East Command
Headquarters.
Sur le front de Middle East, Daniel Le Roy du Vivier
prend le commandement du 239 Fighter Bomber Wing Tunisie-Sicile composé
des cinq escadrilles suivantes : le squadron 1 SAAF, le Squadron 3
RAAF et 450 RAAF et les Squadron 112 et 260 RAF. En juillet 1943,
il est désigné comme officier supérieur responsable
des opérations au 324 Fighter Wing composé des Squadron
43, 72, 93,
111 et Squadron
601.
Après la Campagne d'Italie, le Wing Commander
Le Roy du Vivier repasse le 8 juillet 1944 à la R.A.F., le
14 août à la Operational Training Unit 536, le 26 juin
1945 à la 616me Operational Training Unit et le 3 septembre
à l'Inspectorate General of the Belgian Air Force. Au lendemain
de la capitulation allemande, il se retrouve à Fasberg avec
les deux escadrilles de chasse belges. Lorsque celles-ci reviennent
définitivement en Belgique pour se fixer à I'aérodrome
de Beauvechain, le Wing Commander Daniel Le Roy du Vivier, grièvement
blessé à la jambe droite lors des combats de Sicile,
demande à passer à la réserve.
Dans le civil, il dirige le département "Aviation"
de la Belgian Shell Compagny. S'il a quitté le service actif,
Daniel Le Roy du Vivier n'en a pas moins gardé au fond du cur
la nostalgie des heures inoubliables vécues dans le ciel des
combats. Lorsqu'en janvier 1950 est créée, à
Beauvechain, 1'escadrille auxiliaire destinée à entraîner
durant les week-ends les pilotes de chasse de réserve, le Lieutenant-colonel
Le Roy du Vivier en prend le commandement. Il organise à Coxyde
un camp d'entraînement auquel participent 15 pilotes de chasse.
La valeur de cet entraînement est telle que lors des concours
de tir aérien disputés entre les diverses unités
de notre Force Aérienne, l'escadrille auxiliaire remporte la
seconde place, prouvant ainsi que ses pilotes n'avaient rien perdu.
C'est pourquoi nous sommes convaincus que lorsqu'il s'envole à
la tête de son escadrille de monoplaces Spitfire XIV, le Lieutenant-colonel
Le Roy du Vivier D.F.C. doit parfois songer à cette époque
si proche et si lointaine hélas pour certains, où il
menait au combat des hommes qui craignaient moins ce qui tue que ce
qui déshonore.
Daniel Le Roy du Vivier est nommé Colonel
aviateur de réserve le 26 décembre 1955. Dans la même
année, il quitte la Belgique et est nommé représentant
de la SABENA en Amérique du Nord. Il sort du cadre de réserve
par limite d´âge le 1 avril 1970 et trouve la mort le
2 septembre 1981 dans un accident de la route.
Les distinctions honorifiques suivantes lui ont été
décemées ;
Distinguished Flying Cross avec une barrette à la date
du 3 novembre 1942
La Croix de guerre 1940 avec 3 palmes et 3 lions en bronze à
la date du 12 janvier 1943.
La Croix d'Officier de l'Ordre de Léopold avec palme à
la date du 12 mars 1946,
Officier de la Légion d'Honneur Française à
la date du 20 septembre 1950.
La Croix de guerre avec palme, Française à la date
du 20 septembre 1950,
La Croix d'Officier de l'Ordre de la Couronne à la date
du 8 avril 1951
La Croix de Commandeur de l'Ordre de la Couronne à la date
du 8 avril 1955
La Croix de Commandeur de l'Ordre de Léopold à la
date du 15 novembre 1955