Rodolphe, Charles, Godfroy de Hemricourt de Gunne est né le 18 novembre 1911 à Etterbeek. Il appartient à l´une des plus anciennes familles de Belgique. A l'âge du service militaire, malgré son penchant pour l´aviation, il est incorporé comme simple milicien au ler Régiment des Guides où il accomplit 14 mois de service. Entre-temps, il décroche en 1935 son brevet de pilote civil (n° 371) après une dizaine d’heures de vol.

La guerre d'Espagne éclate peu après. Sa nature ardente et idéaliste, ainsi que son désir de voler le poussent à s'engager au service de la cause nationaliste. Dès son arrivée en Espagne, il est versé à l'infanterie... Le 9 octobre 1936, il est incorporé sous les drapeaux de la "Phalange". Le 19 décembre, durant les combats sur le front de Santander, de Grunne est blessé. Son séjour à I'hôpital est providentiel, car il lui permet de rencontrer un pilote, blessé comme lui. Grâce à l'intervention de ce nouveau camarade, il est dirigé sur l'école d´aviation de Tablada. Après un cours de conversion, il est breveté pilote d'avion de guerre le 22 janvier 1937. Il est muté dans une escadrille opérationnelle où il vole successivement sur Heinkel 46 et Romeo 37 avant d'être transféré au Gruppo 2 d'assaut équipé de Heinkel 51. Le 31 janvier 1937, il obtient son transfert au Groupe 2-G-3, celui de Garcia Morato. Il y vole sur Fiat CR32, avion de chasse aux commandes duquel il remporte ses quatorze victoires. Le 31 mai 1938, au cours d'une escorte, son escadrille remporte 8 victoires sans perte. Au cours de cette campagne d'Espagne, Rodolphe de Grunne accomplit 425 missions de guerre, participe à 25 missions d'appui au sol et à 27 combats aériens, pour totaliser ainsi 794 heures de vol.

Ce n'est donc plus un pilote novice qui revient en Belgique en ce mois d'août 1939. Il y attend sa mobilisation qui vient sous la forme d'un ordre d'affectation comme Sergent dans I'Escadron cycliste de la 7e Division d'Infanterie. Vexé, il multiplie les démarches pour obtenir son transfert à I'Aéronautique Militaire, où il est finalement muté quinze jours plus tard. Il accomplit un stage à I'Ecole de Pilotage de Deurne afin d'obtenir son brevet militaire et le grade de Sergent de Réserve Aviateur. Il rejoint ensuite Schaffen où il pilote des Hurricane. C'est aux commandes de ces appareils qu'il intercepte, le 12 mars 1940, un Dornier Do17 dans les environs de St Hubert. Il attaque aussitôt l'intrus mais ses mitrailleuses s'enrayent et il doit rompre le combat. Lors de l'invasion du 10 mai 1940, les appareils de son unité sont détruits au sol. En pleine débâcle, il se retrouve avec les lambeaux de I'aviation belge à I'aérodrome de Montpellier-Fréjorgues. Au moment de la capitulation française et face à l'inertie des "chefs", il fait son choix : avec treize de ses compagnons, il s'embarque à Port Vendres, le 23 juin, à bord du S.S. Apapa pour gagner Gibraltar et finalement aboutir, le 7 juillet à Liverpool.

Affecté à la Volunteer Reserve de la RAF, il suit un cours de rafraîchissement sur Miles Master avant d'être posté ensuite, le 4 août, à Biggin Hill, au Squadron 32, unité équipée de Hurricane. Au cours de la bataille d'Angleterre, il affronte la Luftwaffe aux côtés des Britanniques et leurs alliés. Le 16 août, il a enfin l'occasion de prouver sa valeur et descend un Me 109. Il réédite son exploit le lendemain. Le dimanche 18 août, les combats sont violents, l'ennemi s'acharne principalement sur les aérodromes du sud-est. de Grunne remporte sa troisième victoire : un Dornier Do17. Cependant, à 17 h 46, la chance l'abandonne près de Herne Bay. Un Messerschmitt Bf109 incendie son Hurricane d'une rafale. Il parvient néamoins à sauter en parachute et, grièvement brûlé, il sera soigné durant de longs mois dans un hôpital.

Sa convalescence terminée, les Services Spéciaux l'envoient en " mission" au Portugal (il séjourne à Estoril, près de Lisbonne).De brèves disparitions d'Estoril permettent de croire qu'il eut des contacts discrets en Espagne.

Le ler mai 1941, il est affecté au Squadron 609 où il reprend le combat. Le 21 mai, au cours du Circus n° 10, un raid sur le nord de la France, son appareil est touché et il doit sauter en parachute au-dessus de Goodwin Sands dans la Manche depuis son Spitfire P752I. Malgré les efforts de I'Air-Sea-Rescue, son corps ne sera jamais retrouvé.

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Extrait d'un article de GUY DESTREBECQ - Aéro Magazine Juin/Juillet 1983

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