John A. Dramesi
est pilote sur F-105D au sein du 13rd TFS /
388th TFW, basé à Korat en 1967. Le 2 avril 1967,
il effectue une mission de bombardement dans la province de Quang
Binh. Arrivé à proximité de la ville de Ba Don,
son appareil est touché par la DCA et il doit s'éjecter.
En atterrissant, il se fait une entorse du genou et ne pouvant s'échapper,
il est rapidement fait prisonnier. Il tente de se défendre
en tirant sur eux avec son arme de poing mais il est lui même
touché par les tirs de riposte à la jambe droite. Il
est tout d'abord conduit dans un village dans lequel il reste pendant
une semaine sans que le moindre soin ne lui soit prodigué alors
que la balle qui l'a atteint se trouve encore dans sa jambe et que
son entorse du genou n'a reçu pour seul soulagement un emballage
de boue.
Au bout de huit jours, il profite du sommeil de ses
gardiens pour s'extraire de sa cellule et parvient à parcourir
plus de 15 kilomètres avant d'être capturé le
lendemain (11 avril). Le commissaire politique décide alors
de le confier à la vindicte populaire afin de lapider le malheureux
pilote. Ayant survécu à ce linchage en règle,
il est conduit le lendemain à Hanoï pour y être
emprisonné.
Edwin Atterberry
est né le 3 mars 1934 à Klondike au Texas. Il s'engage
dans l'U.S. Marine Corps Reserve le 11 novembre 1952, et entre dans
Aviation Cadet Program de l'U.S. Air Force le 5 juillet 1955. Atterberry
obtient ses galons de 2Lt de l'US Air Force le 13 octobre 1956. Le
Col Atterberry vola essentiellement
comme pilote de reconnaissance au cours de sa carrière. Il
devait ainsi prendre part à la crise de Cuba en effectuant
des vols au-dessus de cette ile en 1962. Il fut abattu à bord
d'un RF-4C (65-0882) du 11 TRS / 432 TRW
alors qu'il effectuait une mission de reconnaissance au-dessus du
Nord Vietnam le 12 août 1967 (Coordonnées 210800N 1055600E
(WJ969369)). Ce jour là, il vole en compagnie du Cpt Thomas
Vance Parrot (WSO) qui se trouve en place arrière et doit
effectuer une mission dans le secteur de Ha Bac afin de vérifier
l'efficacité d'une attaque menée un peu plus tôt.
Alors qu'ils se trouvent à environ 17 km de la ville de Gia
Lam et à une douzaine de kilomètres de HanoÎ,
à une altitude de 18 000 pieds, leur appareil est pris dans
le faisceau d'un SAM SA-2. Le pilote tente de piquer et d'effectuer
des manoeuvres évasives mais il est touché et les deux
hommes sont dans l'obligation d'abandonner leur appareil.
Fait prisonnier rapidement, ils sont envoyés
à Hanoï. Là, ils retrouvent d'autres prisonniers
américains et se rendent compte que malgré leur préparation
militaire, ils ne sont pas totalement préparés aux pressions
psychologiques que les Nord-Vietnamiens vont excercer pendant leurs
années de captivité. Le 10 mai 1969, après une
année de préparation minutieuse, Atterberry
et un autre prisonnier, John A. Dramesi
parviennent à s'évader de leur prison de Hanoï,
un sinon unique du moins très rare. Les deux hommes parviennent
à s'extraire par les toits et parcourent 5 km en 12 heures
avant d'être repris. Les deux hommes seront si violemment torturés
que John A. Dramesi mettra des mois
avant de pouvoir seulement l'évoquer. Fouetté avec une
lanière de caoutchouc et soumis a d'innombrables passages à
tabac pendant des heures, il est aussi soumis à un régime
alimentaire minimum. Il est ensuite ligoté solidement pendant
deux semaines dans une position atrocement douloureuse. Les liens
sont tellement serrés que la peau nécrose et après
deux semaines d'un tel traitement les Nord-Vietnamiens desserrent
les liens, de crainte de devoir amputer le pilote du pied. Pendant
les 6 mois qui vont suivre John A. Dramesi
devra porter les fers au pied, ne les enlevant qu'une fois par semaine
pour une toilette sommaire. Après 38 jours de torture, John
A. Dramesi est à l'agonie. Etrangement, après lui
avoir fait subir les pires tortures à Dramesi,
ses gardiens lui proposèrent d'écrire un article pour
un magasine dans lequel il devait indiquer combien il était
bien traité, en échange de quoi, ses fers lui seraient
retirés... Il refusa !
Lorsqu'ils avaient été repris, l'un
des autres prisoniiers se rappelle avoir échangé une
poignée de mains avec Edwin
Atterberry. C'est la dernière fois que ses camarades reverront
le pilote vivant. Tout comme son compagnon de cavale, Edwin
Atterberry est torturé mais contrairement à son
camarade, celui-ci ne survivra pas aux traitements infligés
par les Vietnamiens. il fut retenu pendant deux ans avant d'être
torturé à mort le 18 mai 1969, pour avoir pris part
à une évasion d'un camp de prisonnier au Nord Vietnam.
Les autorités Vietnamiennes ne reconnaitront jamais leur implication
directe dans la mort du Cpt Edwin
Atterberry, indiquant que celui-ci est mort de maladie avant de
renvoyer sa dépouille mortelle en 1974.
Si les deux évadés furent les plus
durement touchés par les représailles des Nord-Vietnamiens,
ils ne furent pas les seuls à subir les conséquences
de cette tentative d'évasion manquée. Tous les prisonniers
subirent un durcicement des conditions de détention. Devant
les risques liés à toute nouvelle tentative d'évasion,
les officiers les plus gradés durent intimer les hommes de
renoncer à toute tentative d'évasion et de renoncer
ainsi au code de conduite de tout prisonnier de guerre dont le premier
devoir est de de chercher à s'évader. Par cet exemple,
les pilotes américains apprirent qu'il n'était pas toujours
possibile de respecter les règles dès lors que celles-ci
mettaient en danger la vie du groupe tout entier et qu'il fallait
aussi savoir s'adapter aux circonstances pour assurer la survie de
tous les hommes. Si les projets d'évasion ne purent être
totalement enrayés, aucune tentative réelle ne fut menée
après celle de Edwin Atterberry
et de John A. Dramesi.
La conséquence de cet épisode fut l'adoption
d'un nouveau code de conduite en cas de capture. Si dans les termes,
rien ne changeait, c'est dans l'esprit que le code changeait, prenant
en compte l'expérience vécue par ceux qui avaient connu
l'enfer des prisons Nord Vietnamiennes. Ainsi, le code de conduite
obligeant un prisonnier à chosir de mourrir plutot que de parler
fut amendé tant il fut à l'origine de dommages psychologiques
irréparables sur les prisonniers américains qui durent
faire face aux interrogateurs Nord Vietnamiens. Pour tous les prisonniers
qui furent libérés en 1973, le souvenir du Cpt Edwin
Atterberry a une raisonnance particulière tant il est vrai
que son sort aurait put être celui de n'importe lequel des 591
prisonniers qui seront finalement relachés.
Thomas Vance Parrot
sera libéré le 13 mars 1973 après avoir passé
5 ans et demi dans les prisons Nord-Vietnamiennes. Il avait été
promu au rang de Major pendant sa captivité, de même
qu'Edwin Atterberry.
Edwin Atterberry
devait se voir attribuer l'Air Force Cross et promu au rang de Lt
Col à titre posthume. Sa dépouille mortelle a été
restituée aux Etats Unis le 13 mars 1974.
John A. Dramesi.
sera aussi libéré le 14 mars 1973. En 5 ans et demi
de captivité ne recevra qu'une seule lettre de chez lui. En
fait, son statut de prisonnier restera longtemps inconnu de ses proches.
Comme d'autres pilotes, il se confectionnera un drapeau américain
à l'aide de chutes de tissus, lui permettant ainsi de garder
la foi en son pays. Il fera le récit de ces années de
privation dans un ouvrage intitulé "Code of Honor"