Maurice DE SEYNES est né le 7 Août 1914 à PARIS.
Il est admis à 1'Ecole de l'Air en 1936 avec la promotion "Capitaine
Astier de Villatte". Très rapidement il se révèle
comme un élève particulièrement brillant et obtient
son brevet de pilote en Août 1937. Il est alors affecté
à l'École de chasse de Romilly-sur-Seine et rejoint
un an plus tard, l'escadrille du groupe de chasse
II/6 à Chartres. Il part en campagne avec son groupe stationné
successivement à Engelure, Dunkerque et Maubeuge.
Jeune officier pilote il se distingue particulièrement. manifestant
au cours de nombreux engagements autant d'ardeur que de sang-froid.
Ce comportement exemplaire lui vaut une citation à l'ordre
de l'armée aérienne, comportant l'attribution de la
Croix de Guerre pour avoir abattu deux avions ennemis les 5 et 6 Juin1940.
A la suite de la dissolution de son groupe de chasse, il est affecté
au groupe de reconnaissance 2/14
en Juillet 1940 puis à l'école de l'air à Toulouse
et au Groupe de chasse II/8 à Marignane.
En 1942, son unité étant dissoute. il décide
de rejoindre les Forces
aériennes françaises libres
(FAFL).
Affecté au groupe de chasse "Normandie"
le 1er Janvier 1944. il participe avec une foi inébranlable
aux offensives victorieuses dans les secteurs de Vitebsk, Orcha. Borissov
et Minsk.
Le 15 Juillet 1944, son unité rejoint le terrain de Mikountani
afin de rester au plus près du front. Lors de ces déplacements,
il était d'usage que le mécanicien voyage avec son pilote.
mais la place exiguë qui lui était réservée
interdisait l'emport d'un parachute. Le Capitaine Maurice DE SEYNES
s'envole donc avec son mécanicien soviétique. le Sergent
BIELOZOUBE dit le "Philosophe".
Peu après le décollage. le pilote revient vers le terrain
et rend compte qu'il est victime d'une fuite d'essence dans la cabine.
Aveuglé. puis intoxiqué, il cherche à atterrir
à plusieurs reprises, mais en vain. Il reçoit l'ordre
de sauter en parachute. Le Capitaine DE SEYNES refuse, par solidarité
avec son passager, et s'écrase au sol lors de sa dernière
tentative d'atterrissage. Le sacrifice de Maurice de Seynes impressionne
considérablement le personnel soviétique du groupe Normandie.
S'ils avaient jamais eu des doutes sur la fraternité d'armes
qui les unissait aux pilotes français, ils venaient d'en avoir
une tragique démonstration.
La Base aérienne 115 d'Orange a pour nom de tradition "Capitaine
Maurice DE SEYNES"
La mort tragique de Maurice
de Seynes et deVladimir Bielozoub son mécanicien.
Certains des hommes du Normandie sont morts en plein ciel, fauchés
au milieu d'un combat, d'autres ont sauté et ne furent jamais
retrouvés, la mort était une compagne de chaque jour
pour chacun de ces hommes. L'un d'entre eux à connu une mort
ni plus ni moins tragique que ses camarades mais elle fut un événement
marquant de la vie du Normandie et est sans doute la plus belle preuve
de la fraternité née entre français et russes
du Normandie-Niemen..
Ce récit de l'événement est celui fait par le
Colonel Ingénieur Sergei D. Agavélian alors Capitaine
Mécanicien au Normandie Niémen.
Le 15 Juillet 1944 au moment crucial de l'opération de Biélorussie
notre régiment quitta Doubrovka (Smolensk). L'une après
l'autre les escadrilles avaient décollé en direction
de Mikountani en Lituanie. Chaque pilote avait pris à bord,
dans l'étroit compartiment à bagages aménagé
derrière le siège , son mécanicien pour qu'il
puissent ,dés l'arrivée, préparer les avions
au combat. Environ 20 minutes après le décollage , le
Capitaine Maurice de Seynes annonça à la radio qu'il
avait une fuite d'essence et qu'il faisait demi-tour.
Delfino lui indiqua que le terrain était dégagé
et qu'il pouvait se poser aussitôt. De Seynes fit plusieurs
tentatives pour se poser ,sans succès, probablement que l'essence
avait recouvert son pare-brise. Quand nous comprîmes que de
Seynes ne pourrait pas se poser, nous l'annonçâmes au
commandant de la 1ere Armée Aérienne, qui donna l'ordre
d'abandonner l'avion.
Surmontant son émotion Delfino
prit le micro et dit:
- Maurice, le commandant te donne l'ordre d'abandonner l'avion.
Nous étions tous figés, attendant l'apparition de la
coupole blanche du parachute. L'un des pilotes soupira:
- Moi je ne quitterai pas l'avion. Il a l'adjudant-chef Bielozoub
avec lui qui n'a pas de parachute.
- Moi non plus dit un autre pilote.
- Moi non plus je ne sauterai pas dit un autre encore.
Maurice fit encore deux tentatives d'atterrissage dans les marais
sans y parvenir, monta à 800m et se mit en palier. Nous pensions
qu'il allait tout de même sauter.
- Agavelian tu représentes le commandement soviétique
ici me dit Delfino en me tendant le
micro, donne lui l'ordre toi même.
Je pris le micro et dit:
- Maurice, c'est un ordre Saute !! Il n'y à pas d'autre
solution.
Pétrifiés nous attendions le dénouement. Quand
l'avion s'écrasa au sol , tout prés, nous nous précipitâmes.
Le choc avait projeté Maurice de Seynes et Vladimir Bielozoub
hors de l'avion. Ils gisaient tous les deux sur l'herbe verte. Nous
les avons couchés dans la même tombe et, en silence nous
sommes revenus à nos avions. Tout en volant vers l'ouest, nos
curs saignaient en pensant à ce que nous venions de vivre
et nous n'arrivions pas à nous en remettre.
Serge Agavelian
De nombreuses années après la mort du Capitaine De
Seynes, le général Zakharov devait renconter la mère
de Maurice de Seynes, madame Thérèse de Seynes. Exprimant
au général ses sentiments, madame De Seynes devait résurmer
si situation en ces mots :