Hans
Henrik Wind est né à Tammisaari/Ekenas le 30 juillet 1919.
Son père, Frans Henrik Wind était tanneur et homme d'affaires.
Depuis on plus jeune âge, Hans était intéressé
par l'aviation. Il rejoignit alors le club local de défense aérienne
ou il construisit puis vola sur différents modèles d'avion.
Il se forme également au tir et obtient de bons résultats.
En 1938 il est admis
à la formation initiale de pilote et effectue ses 35 premières
heures de vol. Au cours de l'hivers 39/40, il devient officier pilote
de réserve mais le manque d'avion au cours de la guerre d'hivers
empêche de former tous les pilotes. Hans Wind décide alors
de devenir Officier de carrière et finit son entraînement
en qualité de lieutenant le 17 juin 1941.
La guerre débute quelques jours plus tard mais Hans Wind, tout
comme de nombreux jeunes pilotes ne sont pas affectés en unité
de première ligne en raison de leur manque d'expérience
au vol sans visibilité. Le beau temps qui règne en juillet
oblige les pilotes à attendre le mois d'août pour pouvoir
compléter leur formation au vol sans visibilité au-dessus
de Vaasa.
Se servant de ses relations et de ses amitiés,
Wind obtient son transfert à la LeLv 24, fin août 1941.
Malgré sa tenue impeccable, Wind ne porte pas l'insigne de pilote,
n'ayant que 172 heures de vol à son actif. Accueilli par le Chef
d'unité, le Commandant Magnusson, Wind est bien décidé
à montrer ce dont il est capable.
La LeLv 24 est équipée de Buffalo,
le chasseur le plus performant de la Force Aérienne Finlandaise.
L'appareil est apprécié des pilotes et il effectuera une
carrière exemplaire chez les Finlandais. Wind est intégré
à la section de son ami Sovelius. La Karélie Orientale,
où opère l'unité, est couverte de forêts,
de lacs et de marais. Toutes les missions consistent en des recherches
et destruction car il n'existe pas de réseau de surveillance
aérienne dans le secteur. Ce n'est que le 22 septembre que Wind
remporte sa première victoire contre un vieux chasseur I-15.
Les Soviétiques réservent alors leurs meilleurs chasseurs
contre les forces Allemandes. Au cours des 12 mois suivants, Wind remporte
7 victoires supplémentaires.
Le 10 octobre 1942, Hans Wind a l'occasion de
prouver ses aptitudes au combat au cours d'un affrontement entre 3 Buffalo
et 12 chasseurs Soviétiques. Alors qu'il est poursuivi par un
Mig dont il ne parvient pas à se défaire, il utilise les
qualités de vol du Buffalo pour semer le Mig par un piqué
au ras du sol, sachant que le MiG ne pourrait pas le suivre dans cette
manoeuvre.
Au début de l'été 1942,
Wind effectue une reconnaissance au-dessus de Archangelsk, à
650 km de sa base, pour localiser des terrains ennemis et dénombrer
les appareils présents sur chacun d'eux. Au retour, juste après
l'atterrissage, le moteur s'arrêta après que tout le carburant
ait été épuisé. Le 4 juin 1942, il fait
parti des 4 appareils qui escortent le FW-200 Condor d'Adolf Hitler
venu fêter les 75 ans du Maréchal Mannerheim à Immola.
En août, l'escadron est transféré
à Römpötti pour opérer dans l'est du golf de
Finlande. Maintenant Wind vole comme chef de patrouille (4 appareils).
Le Commandant Magnusson organise la défense aérienne du
secteur . Le leur côté, les Russes ont remplacé
leur I 15 et I 16 par des chasseurs Hurricane, Spitfire et Yak 1 plus
modernes. Le tableau de chasse de Wind commence alors à s'étoffer
et à rejoindre celui de Juutilainen. Wind a réglé
les mitrailleuses de son Buffalo à 35 m au lieu des 150 habituellement
recommandés. Ainsi, le 14 août, Wind remporte 2 victoires
contre des Hurricanes. Quatre jours plus tard se déroule l'un
des affrontements les plus important depuis le début de la guerre
entre 16 Buffalo et 60 Hurricane et I-16. Les Finlandais perdent un
appareil et revendiquent 16 victoires. Wind abat 1 Hurricane et 2 I-16.
Le 10 octobre, Wind est promu chef de la première
escadrille. Deux semaines plus tard, il se retrouve engagé seul
contre 8 chasseurs I-16 et parvient à prendre la fuite en profitant
de la confusion causé par la destruction de l'un des ennemis.
Fin 1942, son tableau de chasse comporte 14 victoires 1/2. Début
1943, Wind perd son commandant d'unité, le Capitaine Sarvanto.
A l'époque, la zone d'opération est constituée
par le Golf de Finlande, les chasseurs de la LeLv 24 ayant pour tâche
d'abattre les appareils Russes qui opèrent depuis le secteur
de Leningrad.
Le 5 avril 1943, Wind parvient à abattre
3 Il2, tirant sur les appareils avec un angle de 90° afin de percer
l'épais blindage des Sturmovik. Neuf jours plus tard, à
l'occasion d'un combat contre 18 spitfire, il parvient à abattre
2 d'entre-eux. Touché aux ailerons, il décide alors de
rentrer à la base et alors qu'il porte son attention sur le maintien
de la stabilité de son appareil endommagé, il voit un
chasseur Yak 1 se placer à côté de lui. Le pilote
Soviétique compte les 18 marques de victoire sur l'empennage
du Buffalo, salue Wind puis s'en va. Wind béni sa chance... à
moins que le chasseur Soviétique eut été à
court de munitions ! Une semaine plus tard, 19 Buffalo affrontent 35
appareils Soviétiques au-dessus de l'île de Seiskari. Les
Russes perdent 10 Yak-1 et 5 La-5 contre 2 pertes côté
Finlandais. Wind remporte 2 victoires et partage 1 Yak avec le Sgt Kinnunen
juste avant que celui-ci ne soit tué au combat. Le 2 mai, Wind
perd un autre ami en la personne du Cpt Törrönen, tué
dans un combat opposant 18 Buffalo et 30 appareils Soviétiques.
Le 29 mai 1943, la LeLv 24 fête sa 500eme victoire. Les raisons
du succès contre une aviation ennemie toujours plus performante
tient à l'expérience des pilotes Finlandais, un contrôle
au sol efficace et une écoute systématique des échanges
radio Soviétiques.
A l'été 1943, Wind prend le commandement
de la 3eme escadrille. La LeLv 34 vient d'être équipée
de Me 109 et c'est avec envie que les pilotes de la LeLv 24 volent à
leurs côtés. Le Lt Wind reçoit la Croix de Mannerheim
(n° 116) le 30 juillet 1943 avec un score de 33 victoires 1/2 à
son actif. En octobre, il est promu au rang de Capitaine. Il est alors
âgé de 24 ans.
Les supérieurs de Wind considéraient
celui-ci comme l'exemple typique du pilote de chasse, peu intéressé
par les tâches administratives. Le Maj Karhunen comparait Wind
à René Fonk, l'As de la première guerre mondiale.
Très populaire auprès de ses hommes et de amis, il était
généreux et toujours prêt à vous aider, au
sol comme en vol.
En août 1943, la LeLv 24 reçoit
des Me 109 cédés par la LeLv 34. A cette époque,
les Buffalo ont une vitesse maximale inférieure de 150 km/h aux
chasseurs Soviétiques en service comme le La-5 et le Yak-7. Le
Capitaine Wind est désigné pour mener l'entraînement
des pilotes sur Me 109 et pour leur faire partager son expérience
du combat au cours des mois de février-mars 1944. Le manuel qu'il
écrira à ces fins sera utilisé par la Force Aérienne
Finlandaise au cours des 30 années suivantes.
Le 8 avril 1944, son score atteint 44 victoires
et le 27 mai, il remporte sa première victoire sur Me 109, abattant
2 La-5 à bord du MT-201. Il gardera cet avion jusqu'au 15 juin
1944.
La grande offensive Soviétique sur l'Isthme
de Karélie débute le 9 juin 1944, en même temps
que le débarquement allié en Normandie. L'attaque est
une surprise pour le haut commandement des forces armées Finlandaises.
Les pilotes en revanche ne sont pas surpris, ayant observé depuis
des mois les préparatifs ennemis. Les Russes ont amassés
des forces énormes et les formations aériennes comprennent
souvent plus de 100 avions avec plus de 1000 sorties quotidiennes. Le
9 juin au matin, 6 Me 109 de la LeLv 24 sont envoyés pour intercepter
les avions Soviétiques. Malgré la concentration de toutes
les forces disponibles sur le secteur de pénétration de
l'armée Rouge, la LeLv 24 ne peut aligner que 14 appareils et
la LeLv 34 à peine plus. Les pilotes Finlandais effectuent 6
à 7 missions quotidiennes, rencontrant l'ennemi à chacun
de leurs vols. L'ensemble du personnel navigant et au sol est harassé.
Tôt le matin du 13 juin, Wind prend la
tête d'une formation de 6 Me 109 pour mesurer les résultats
d'une attaque Finlandaise contre une concentration de blindés
Soviétiques qui a eu lieu la nuit précédente. La
mission se transforme en interception lorsque la patrouille rencontre
une formation de bombardiers Pe 2. En quelques minutes le Capt Wind
parvient alors à abattre 5 bombardiers alors que les pilotes
abattent 4 autres Pe-2. L'après-midi, Wind mène une mission
de reconnaissance à la tête d'une formation de 4 appareils.
Alors qu'ils rentrent à la base au ras des arbres, ils surprennent
un groupe de 6 PE-2 volant à 1500 m et escortés par 16
P-39 qui volent quant à eux à 3000 m. Wind décide
alors de passer à l'attaque, enfreignant l'ordre d'éviter
le combat. Wind demande alors à chaque pilote de choisir une
cible tout en s'approchant de l'ennemi sans être repéré.
Arrivé à porté de tir, Wind ordonne à tous
de faire feu. Quatre PE-2 s'écrasent en flamme et les deux autres
s'enfuient sans demander leur reste. Les pilotes Finlandais quittent
alors la zone avant que les chasseurs Soviétiques ne puissent
intervenir. Si Wind se fait réprimander pour avoir mis en danger
une mission d'escorte deux fois dans la même journée, il
se console en pensant aux difficultés que vont avoir les commandants
des groupes d'escorte Russes qui ne sont pas parvenus à empêcher
la destruction de 13 bombardiers. Au cours des jours qui suivent, Wind
poursuit son incroyable ascension, volant sur un Me 109/G-6 portant
encore les marquages Allemands, le temps ayant manqué pour repeindre
l'avion aux couleurs Finlandaises.
Le 20 juin 1944 est le jour le plus difficile
pour les Forces aériennes Finlandaises. Avec seulement 30 appareils
disponibles, les Messerschmitts effectuent 126 sorties, engagent 13
fois le combat et remportent 49 victoires sans la moindre perte. Ce
jour, Wind abat 2 La-5, 2 Yak-9 et 1 PE-2 Deux jours plus tard, il abat
2 Spitfire et 1 la-5 et ainsi de suite.
En 12 jours, Wind abat 30 appareils Russes, attaquant
sans hésitation ni planification, profitant de chaque occasion
où il se trouve à portée de tir pour faire feu.
Pourtant Wind est amer à l'idée de ne pas pouvoir plus
aider l'infanterie, harcelée par les Sturmovik. Le 26 juin il
abat 3 Yak-9 au cours d'un vol initialement destiné à
tester le MT-439 qui sort de réparation. Son dernier vol a lieu
de 28 juin, vol au cours duquel il abat 3 autres Yak 9. Blessé
au cours de l'attaque, Wind se trouve hors de combat jusqu'à
la fin du conflit.
Après-guerre
Avec 75 victoires, Hans Wind est le deuxième
As des Forces Aériennes Finlandaises. Bien qu'ayant récupéré
de ses blessures, un grand nombre d'éclats n'ont pu être
retiré. Ils seront à l'origine d'importantes douleurs
au cours des dernières années de sa vie. Il se marie le
26 août et débute des études à l'école
de commerce d'Helsinki, ayant quitté l'armée le 10 mai
1945. Pendant près de 30 ans, les As Finlandais de la deuxième
guerre mondiale constitueront un héritage historique encombrant
aux yeux des autorités. Ce n'est qu'à partir des années
70, que le chef d'état-major de l'Armée de l'Air Finlandaise
décide de présenter ces vétérans aux jeunes
générations de pilotes. En 1985, Wind et les autres As
Finlandais survivants sont invités aux États-Unis pour
la réunion annuelle des vétérans qui compte de
grands noms de l'aviation comme Johnny Johnson ou encore Chuck Yeager...
Hans Wind devint plus connu après que
sa biographie ait été publiée en 1990 en même
temps que les hommes politiques et autres hauts fonctionnaires du pays
reconnaissaient enfin la valeur du combat de ces vétérans
des combats de la deuxième guerre mondiale.
Hans Wind, Capitaine de réserve et double
détenteur de la Croix de Mannerheim s'est éteint le 24
juillet 1995, à l'âge de 76 ans. Il survit dans la mémoire
de son épouse et de ses 5 enfants.