D'aussi loin que je me souvienne, ma passion aéronautique
et plus particulièrement mon intérêt pour l'aviation
militaire, a toujours constitué un pilier important de mon
existence. Pour m'être imprégné, durant mon enfance,
du récit de mes illustres aînés, j'ai moi-aussi
longtemps rêvé partager le destin de ces hommes ailés.
A défaut de faire carrière dans l'armée de l'air
et parce que l'obtention d'un brevet de pilote privé est un
plaisir qui coûte cher, il m'aura fallu attendre près
de 25 ans avant de pouvoir enfin voler de mes propres ailes et ainsi
satisfaire à cette promesse que je m'étais faite étant
enfant. Malgré le plaisir indéniable engendré
par chacun de mes vols en DR-400 ou PA-38, ceux-ci ne combleront jamais
totalement le vide laissé par l'expérience d'un vol
en avion de chasse.
|
|
Si la vie est ainsi faite qu'elle ne permet pas toujours d'atteindre
les buts que l'on s'est fixé, il est parfois des hasards qui
permettent de rendre moins douloureux le renoncement à certains
de ses rêves d'enfant. C'est l'un de ces heureux hasards qui
devait me permettre de découvrir, début 2005, l'existence
de l'association "AERO-DYNAMIQUE", au décours d'un
reportage télévisé diffusé lors du journal
de vingt heures. Animée par des passionnés, l'association
proposait tout simplement de vivre un véritable rêve
éveillé... celui de se mettre, l'espace d'une journée,
dans la peau de ce pilote de chasse que je ne serai jamais en prenant
les commandes (ou presque) d'un appareil d'entraînement de construction
Tchécoslovaque, l'Aero L-39 "Albatros" pour un vol
à couper le souffle.
|
|
Après une longue hésitation en rapport avec le coût
élevé de la prestation, je décidais finalement
de m'inscrire afin de fêter dignement mon entrée dans
le monde des quadragénaires. Après plusieurs mois d'une
longue attente, ponctuée de périodes de doute quant
à la faisabilité du vol (la fermeture, fin 2005, de
l'association faillit mettre un terme à mon projet), je devais
enfin recevoir un appel téléphonique me confirmant la
reprise des activités de l'association qui, dans l'intervalle,
avait changé de "propriétaires".
Documentation
technique du L-39 (Format PDF - 24 pages)
Dans l'attente de la confirmation de la date exacte du vol, initialement
prévu de manière symbolique pour le jour de mes 40 ans,
à savoir le 8 mai 2006, je décidais donc de me lancer
dans un projet aussi ancien que gigantesque, à savoir retracer
l'histoire des As de l'aviation de 1914 à nos jours au travers
de biographies individuelles, soit un minimum de 8000 pages à
écrire. M'appuyant sur un bibliothèque bien remplie
et l'excellent travail de nombreux passionnés qui depuis longtemps
m'ont devancé sur internet, ma seule ambition est de rendre
hommage, avec respect et humilité, à toutes celles et
ceux qui depuis un quart de siècle me font rêver et qui,
au-delà de toute idéologie partisane ont contribué
à écrire une page plus ou moins grande de l'histoire
de l'aviation, pour notre plus grand plaisir... à nous passionnés.
Puisse le récit de cette journée pas comme les autres
vous donner envie de tenter vous aussi l'aventure.
Le départ
Quelques heures à peine me séparent désormais
du départ. Sans appréhension, je me dirige donc vers
cette destination tant convoitée. Si l'attente fut longue,
je voudrais désormais pouvoir retenir le temps pour goûter
pleinement à l'ambiance si particulière qui précède
la réalisation d'un rêve aussi ancien. Jusqu'à
la dernière minute, le sort se sera acharné, comme pour
tenter de me convaincre de l'infaisabilité du projet. Outre
la météo particulièrement exécrable qui
règne depuis des mois sur notre verdoyante (et pour cause !)
Région Lorraine, un problème de voiture de dernière
minute faillit bien mettre un terme à mon rêve aux vues
du montant annoncé des réparations à entreprendre
très vite (changement complet du système de freinage
de ma vieille 205 qui a rendu l'âme la veille du départ
!).
Pour l'heure, 800 km me séparent encore de ma destination
et bien que n'étant aucunement superstitieux, j'avoue ne pas
avoir envie de jouer avec le sort et préfère donc m'abstenir
de toute réjouissance hâtive et superflue dans l'immédiat.
Jour J
Après une nuit plutôt agitée pour cause de changement
de rythme, de fatigue nerveuse liée au trajet et sans aucun
doute pour cause d'impatience mêlée d'appréhension,
le réveil sonne enfin, marquant le point de départ d'une
journée pas comme les autres. Après une heure de préparatifs
fébriles, toute la petite famille embarque en direction de
l'aéroport Du Castelet. N'étant pas de la région,
nous prévoyons large afin de nous laisser une marge de sécurité
en cas d'imprévu de dernière minute. En ce dimanche
matin, alors que 8 h vient de sonner, les rues de la Seyne sur Mer
sont calmes. Le ciel est magnifique, annonçant une journée
aussi belle que la pureté du bleu dont le ciel s'est paré,
comme pour mieux m'accueillir d'ici quelques heures. Après
plusieurs mois d'un ciel le plus souvent couvert et des températures
hivernales dans notre belle région d'origine, le ciel immaculé
qui s'offre à nos yeux constitue à lui seul un excellent
présage.
Le trajet qui nous amène à l'aéroport du Castelet,
aussi sinueux que magnifique, nous fait découvrir une succession
ininterrompue de gorges abruptes et de ruisseaux asséchés.
Craignant d'arriver en retard (chacun ses obsessions !), j'avoue cependant
ne pas être à même de profiter pleinement du spectacle
enchanteur de cette nature sauvage et si différente des paysages
que j'ai eu l'occasion de survoler autour de Nancy. A quelques kilomètres
à peine de l'arrivée, Eudokia, la cadette de la famille,
âgée de 3 ans 1/2 commence à être prise
de nausées, incommodée par les nombreux virages qui
jalonnent le parcours. Faut-il y voir là un avant goût
de ce qui m'attend d'ici quelques heures ? L'avenir me le dira très
bientôt ! Au détour d'un virage, nous voyons apparaître
la mer au loin. Le spectacle est splendide, permettant de se faire
une petite idée quant aux paysages féeriques que je
vais bientôt survoler.
9 h 00
Avec la ponctualité d'un métronome nous franchissons
enfin les grilles de l'aéroport Du Castelet. Dès les
premiers mètres, je suis surpris par la beauté du site
et la qualité des installations aéroportuaires. Bâtiments
et hangars neufs, parking propre agrémenté de voitures
aux marques prestigieuses et surtout un parc d'aéronefs à
même de combler les amateurs les plus éclairés
et les plus exigeants. Deux hélicoptères Bell côtoient
un Hughes 500 alors que plusieurs bimoteurs attendent bien sagement
aux cotés de magnifiques biréacteurs d'affaire. Au loin,
un Boeing 737 nous rappelle le caractère international de la
plate-forme en raison de la présence, juste derrière
la piste d'envol, du circuit de courses automobiles de réputation
internationale.
Visiblement premier arrivé, je me dirige vers le hall d'accueil
de l'aéroport afin de me renseigner sur l'endroit où
siège l'association Albatros. Là encore, je suis agréablement
surpris par la qualité des locaux. Rien à voir avec
l'aérodrome de Nancy-Essey où j'exerce habituellement
mes talents de pilote amateur... Questions de moyens ! Croisant une
hôtesse d'accueil, celle-ci nous indique la direction à
suivre, le bâtiment C2 situé entre les deux hangars principaux.
Arrivés devant le dit bâtiment, une voix connue nous
interpelle depuis le Parking. Il s'agit d'Alain Galo, celui là
même avec qui j'ai été amené à régler,
par téléphone depuis Nancy, les derniers détails
du vol.
L'accueil est chaleureux d'autant que Léo, le deuxième
pilote en charge des vols pour la journée, arrive sur ces entre
faits, donnant l'occasion à Valentin, notre aîné
âgé de 5 ans, d'approcher pour la première fois
un vrai pilote de chasse en tenue. Après une présentation
rapide, nous pénétrons dans les locaux de l'association.
Rapidement mis à l'aise, chacun s'affaire dans l'attente des
deux autres candidats de la matinée, Philippe et Romain qui
ne tardent pas à arriver. Une fois tous réunis, les
choses sérieuses peuvent commencer.
Après nous être présenté chacun notre
tour et avoir évoqué nos expériences aéronautiques
respectives, on nous présente brièvement notre future
monture. Même si les chiffres annoncés n'évoquent
pas encore grand chose en terme de sensations à venir, il ne
fait aucun doute dans nos esprits que la machine a du caractère
et surtout des capacités qui vont bien au-delà de notre
résistance physique. Alors que l'on nous explique les modalités
pratiques relatives à la préparation et à la
réalisation du vol, chacun se montre très attentif,
tentant de retenir le plus grand nombre d'informations possibles.
Puis viennent les explications relatives à l'utilisation du
siège éjectable. Si les différentes procédures
envisageables paraissent simples, il ne fait aucun doute qu'en situation
réelle les choses doivent être légèrement
différentes et les idées un peu plus confuses. Mais
comme nous le répète Léo, en dehors des probabilités
très faibles d'un recours à l'éjection classique
qui n'intervient que dans le cas où toutes les autres solutions
ne pourraient être envisagées, l'éventualité
d'un bug dans la séquence d'éjection proprement dite
est quant à elle quasi inexistante et en tout cas jamais arrivé
à ce jour après 30 ans d'exploitation de ce type d'appareil.
Les explications terminées, c'est Romain qui le premier part
enfiler sa tenue de vol. Quant au reste des personnes présentes,
elles sont toutes conviées, futurs passagers et accompagnateurs,
petits et grands, à se soumettre aux contrôles de sécurité
en vigueur sur les aéroports internationaux. Bientôt
rejoint par Romain qui a revêtu sa combinaison de vol, nous
ressortons côté piste après être passé
à travers le portique électronique.
Dehors, le L-39 attend déjà sur la piste. Même
s'il est encore loin, il laisse déjà deviner ses formes
élégantes et son profil de formule 1 des airs. Bien
que l'ayant déjà vu de nombreuses fois en photo sur
des revues et autres supports informatiques, je m'émerveille
devant la beauté de cette machine aux lignes harmonieuses.
Au fur et à mesure que nous avançons les détails
apparaissent, faisant naître une émotion intense, teintée
d'envie et de respect, et qui surtout grandi au fur et à mesure
que nous nous approchons de cet oiseau aux dimensions généreuses.
A cet instant précis, je sais qu'il me faut m'imprégner
à jamais de chacune des sensations que je vis car elles resteront
à jamais gravées dans ma mémoire. Même
si par le plus grand des hasards d'un loto auquel je ne joue pas,
je venais à devenir riche au point de pouvoir voler régulièrement
sur cette machine, rien ne saurait remplacer ce premier contact. Les
3 futurs candidats sont bien sur les plus concernés par l'engin.
Romain et moi commençons à mitrailler la bête
de loin afin de conserver une trace de cette première rencontre
avec l'objet de notre rêve commun.
Rappelés à l'ordre par Alain qui nous demande de repasser
de l'autre côté de la barrière de sécurité,
nous nous plions avec une pointe de regret aux exigences de sécurité,
comprenant toutefois qu'il nous faudra attendre encore un peu avant
de pouvoir faire plus ample connaissance avec celui qui bientôt
nous conduira au septième ciel.
De retour dans l'enceinte de l'association un rapide rappel des consignes
nous est donné avant que ne débutent les vols. Accompagné
de son ami, photographe professionnel travaillant pour une agence
de presse, Romain se dirige donc le premier vers l'appareil situé
à une petite centaine de mètres de l'endroit où
nous attendons. Installés derrière les barrières
de sécurité, futurs candidats et accompagnateurs assistent
de loin à l'installation de Romain dans l'appareil. Tout semble
parfaitement rodé et malgré la distance, nous n'avons
aucune peine à constater le professionnalisme de tous les protagonistes
qui s'affairent autour de l'appareil et de ses occupants. Les gestes
sont précis et l'ambiance sérieuse sans être pesante.
La sécurité est au centre des préoccupations
et chacun sait ce qu'il doit faire en dehors du passager qui quant
à lui "doit se laisser faire". L'installation paraît
longue mais il est vrai que la procédure n'a rien à
voir avec la mise en route d'un DR 400. Puis c'est la fermeture des
verrières et tout de suite après, le signal du départ.
Un léger sifflement laisse rapidement la place à un
vrombissement plus fort, sans être assourdissant ni désagréable.
L'avion commence alors à avancer, plus élégant
que jamais dans sa robe gris clair et gris foncé. Après
des essais de frein, l'appareil prend la direction du seuil de la
piste orientée Est/Ouest. Un léger vent de travers en
provenance du Nord nous fait parvenir depuis le matin le son des porches
qui s'entraînent sur le circuit situé juste derrière.
Contrairement à l'idée que je m'en faisais, la mise
en route aura été rapide et 3 minutes seulement après
le lancement du moteur, l'avion est aligné face au vent, prêt
à s'élancer.
Prenant rapidement de la vitesse, la distance de décollage
est faible et lorsqu'il arrive à notre hauteur, le train d'atterrissage
est déjà rentré. La sensation de vitesse et de
puissance est extraordinaire et le bruit, quoi que fort, n'a rien
à voir avec le vacarme assourdissant des Mirages 2000 dont
la sonorité donne le sentiment que l'air se déchire.
Alors que l'Albatros est déjà loin, l'attente anxieuse
du retour de Romain débute. Philippe, qui sera le deuxième
à s'envoler, part s'équiper à son tour. Très
concentré, il semble déjà absorbé par
son futur vol. Dans l'attente, les conversations s'engagent et les
sympathies naissent, l'occasion de se retrouver autour de cette passion
aéronautique commune. Ainsi, même si les motivations
de chacun pour réaliser ce vol tiennent à des raisons
très différentes et à un intérêt
pour l'aviation qui s'expriment dans des domaines très variés,
il ne fait aucun doute que ce jour restera un moment à part
dans nos vies respectives.
Encore loin du vol pour ma part, je ne ressens encore aucun stress
particulier, ni impatience d'aucune sorte comme si je voulais que
désormais le temps marque une pose pour me laisser le loisir
de profiter le plus durablement possible de ces instants précieux.
Regardant régulièrement nos montres, Philippe et moi
constatons avec plaisir que la demi-heure ne passe pas trop vite et
tout en pensant à Romain qui doit se faire secouer à
cet instant précis, nous attendons patiemment notre tour.
D'un coup, après 20 minutes d'attente, nous voyons réapparaître
l'Albatros au loin. Petit point noir se déplaçant au-dessus
de la ligne de crête située au Nord, la vitesse parait
vertigineuse, du moins en comparaison avec les appareils de tourisme
qui passent habituellement au-dessus de la maison. Quelques minutes
plus tard, le vrombissement du L-39 survolant la piste à faible
altitude vient raviver un peu plus notre impatience. La sensation
de puissance est extraordinaire et il nous tarde de recueillir les
premières impressions de Romain même si nous savons que
celles-ci seront insuffisantes à combler totalement notre curiosité.
Trente minutes après avoir mis le moteur en route, l'Albatros
se présente en finale et se pose avec légèreté
avant de regagner son emplacement, précédé de
la voiture de piste, un 4 x 4 flambant neuf à l'image du reste
des installations. Dès que le moteur s'arrête, l'équipe
au sol se dirige vers l'avion afin de procéder à l'ouverture
des deux verrières et à la sécurisation des dispositifs
d'éjection. Les minutes paraissent interminables et pressés
de recueillir les impressions de Romain à chaud, nous guettons
la descente de l'appareil à la recherche de tout signe pouvant
témoigner de ses émotions.
Avant même que Romain ne soit revenu, Philippe est invité
à s'approcher de l'appareil. De loin nous les voyons discuter
et imaginons sans peine ce qu'ils doivent se raconter. Alors que Philippe
commence à grimper dans le L-39, Romain revient vers nous.
Sans qu'il ne soit nécessaire d'en dire trop, le sourire qui
éblouit son visage suffit à nous rassurer sur l'intensité
du bonheur qui est le sien. A la fois curieux et soucieux de conserver
une part de suspens et de mystère, je sais aussi que les sensations
qui m'attendent seront difficiles à restituer pour quiconque
ne les aura pas vécu dans sa chair et dans ses tripes.
Alors que Romain regagne les locaux associatifs pour se changer et
descendre de son petit nuage, Philippe poursuit son installation.
Couvrant une fois de plus l'évènement à distance,
j'essaye cette fois-ci de filmer le décollage avant d'aller
me changer à mon tour. Après une vidange vésicale
de rigueur aux vues des circonstances, c'est avec une fébrilité
montante que j'enfile ma combinaison et mes chaussures. Valentin,
qui du haut de ses 5 ans surveille avec une grande attention chacune
des étapes de la journée, effectue les derniers ajustements
de la tenue de son "papa pilote de chasse d'un jour". Contaminé
depuis déjà fort longtemps par le virus aéronautique,
je le sens animé d'une grande fierté qui se retrouve
dans la tendresse de ses gestes et l'intensité d'un regard
qui à lui seul constitue le plus beau des cadeaux.
Puis l'attente reprend, plus fébrile que jamais. Les séances
photos se multiplient, trompant l'impatience qui, tranquillement mais
sûrement, commence à me gagner. Vers 12 h 40, l'Albatros
revient de son deuxième vol. Une fois posé, le rituel
des échanges de sensations reprend entre les différents
protagonistes, pilotes et passagers, d'autant que dans l'intervalle,
les candidats de l'après-midi sont arrivés. L'avion
ayant besoin de refaire le plein, je dois attendre quelques minutes
supplémentaires avant de pouvoir enfin me diriger vers mon
destin.
Le vol
Il est environ 12 h 50 lorsque je me dirige enfin vers ce bel oiseau
qui me tend les ailes, accompagné par Christine mon épouse
qui, l'espace de quelques instants, se transforme en reporter avec
la lourde responsabilité de couvrir l'évènement.
Au fur et à mesure que je m'approche de l'albatros, j'observe
ses formes élégantes et ses courbes profilées.
Malgré ses dimensions impressionnantes comparées aux
avions de tourisme auxquels je suis habitué, l'appareil est
d'une grande finesse avec son habitable en tandem et son nez très
pointu.
Léo ayant assuré les deux premiers vols, c'est Alain
qui sera mon coach. Ancien pilote de l'aéronavale sur Vought
F-8P Crusader à la 12 F, Alain est aujourd'hui pilote de ligne.
Outre notre âge identique, la conversation nous aura permis
de nous découvrir une passion commune pour l'aviation de combat
de la deuxième guerre mondiale et pour des machines aux noms
mythiques ; Yak, Corsair et bien d'autres encore. Le contact est d'emblée
très sympa et si le ton reste ferme et les consignes très
rigoureuses lors des phases en lien direct avec le vol, cela ne me
dérange pas, comprenant sans peine les impératifs sécuritaires
imposés par les circonstances et surtout par les responsables
de l'aéroport Du Castelet.
Faisant rapidement le tour de l'appareil, je prends quelques photos
sans pouvoir trop m'attarder. Le timing est serré et on se
doit de le respecter si l'on ne veut pas pénaliser les autres
candidats de la journée. Suivant scrupuleusement les consignes
données, je me hisse dans l'habitacle en insérant alternativement
mains et pieds dans les encoches prévues à cet effet.
Avec précaution et en prenant bien soin de ne rien toucher
ou accrocher, je glisse un premier puis un deuxième pied dans
l'habitacle. Une fois debout sur le siège, je commence à
m'asseoir en glissant les jambes de part et d'autre du volumineux
manche à balais et des deux grosses poignées rouges
du siège éjectable.
S'il est étroit, l'habitacle ne donne pas l'impression d'être
exigu. En revanche, on a très vite le sentiment de faire corps
avec l'avion, une sensation unique et très agréable
qui promet de se révéler encore plus enivrante une fois
en l'air. Bien calé au fond du siège, je me sens un
peu perdu malgré ma connaissance relative de cet environnement
et des différents instruments de vol du tableau de bord. S'agissant
d'un appareil d'instruction, toutes les commandes et tous les instruments
sont doublés, ce qui permet au passager arrière de pouvoir
prendre les commandes à tout moment dans des conditions identiques
à celles du pilote avant. Plaçant mes pieds sur les
palonniers, je suis surpris par leur extraordinaire souplesse et de
manière générale par l'ergonomie de l'habitacle.
Pris en charge par l'équipe d'Albatros, ceux-ci sanglent solidement
les harnais du siège éjectable tout en me rappelant
les consignes en cas d'utilisation de celui-ci. Si je ne suis pas
encore en mesure de m'en rendre compte, mon visage traduit sinon l'angoisse,
du moins l'attention extrême et la concentration bien réelle
qui m'anime à cet instant précis. Sans excitation excessive
(contrairement à l'idée que je m'en faisais avant de
monter dans l'avion), j'essaye de m'imprégner du mieux possible
de chaque sensation tant il est vrai que les évènements
se succèdent rapidement. La précisions des gestes de
chacun est rassurante car si chacun sait ce qu'il a à faire,
pour ma part je dois avant tout me "laisser faire".
Une fois bien sanglé, j'enfile le casque grâce auquel
je serais en communication permanente avec le pilote à l'avant.
Equipé d'un micro déclencheur, il faut néanmoins
parler assez fort pour parler avec le pilote, sans quoi le micro ne
se déclenche pas (ce qui, je m'en rendrais compte plus tard,
n'est pas toujours très facile). Un peu habitué au langage
aéronautique et aux contacts fréquents avec les différents
organismes de contrôle aérien du fait de mon brevet de
pilote privé, je serais ainsi plus à même de comprendre
la nature des échanges entre le pilote et les contrôleurs
de chaque secteur survolé. Le bonheur qui m'envahit va sans
cesse croissant au fur et à mesure que défilent les
secondes. Ce coup-ci, je suis sur le point d'approcher l'heure de
vérité.
Après 24 ans d'une longue attente, je satisfais enfin à
la promesse que je m'étais faite adolescent de devenir un jour
"pilote de chasse", même si cela ne devait être
que l'espace de quelques minutes. Bien sur, c'est sans prétention
ni vanité aucune que j'aborde ce vol mais bien au contraire
avec humilité et une pointe d'angoisse quant à ma capacité
à tenir le choc. Après tout je n'ai rien d'un athlète
(on ne rigole pas !!!) et je ne dispose d'aucune expérience
récente susceptible de m'apporter la plus petite indication
quant aux limites de ma résistance physique que j'imagine pour
ma part assez faible. D'ailleurs, outre Philippe qui doit avoir à
peu près mon âge, tous les autres candidats sont de 10
ans nos cadets, ce qui en la circonstance compte un peu. Pas spécialement
adepte des sensations fortes et refusant catégoriquement de
monter sur un manège quel qu'il soit, j'espère simplement
parvenir à faire bonne figure.
Désormais totalement équipé, les sécurités
du siège éjectable sont enlevées une à
une avant que ne me soit remis l'ensemble des goupilles de verrouillage
des sécurités. Puis on referme doucement l'habitacle
sur moi, toujours dans le calme et avec des gestes d'une précision
millimétrique. A cet instant, je me retrouve exactement dans
la peau du pilote de chasse que j'ai toujours rêvé devenir.
L'impression est tout bonnement indescriptible tant elle va au-delà
de tout ce que je pouvais attendre en terme de sensations physiques
et psychiques. La visibilité est excellente dans tous les plans,
tant vers l'avant que sur les côtés. Seule la vision
vers le haut est rendue difficile par l'encombrement du casque.
D'un coup, les récits de tous ces pilotes dont j'ai dévoré
les aventures depuis mon plus jeune age prennent un sens particulier,
bien plus concret, plus vivant, me propulsant du rêve à
la réalité avec la rapidité du bolide sur lequel
mes fesses sont désormais assises.
Alors que Christine s'éloigne doucement, Alain demande à
la Tour l'autorisation de décoller. Une fois celle-ci rapidement
obtenue, la mise en route se fait en douceur, tout juste marquée
par un léger soubresaut et le sifflement caractéristique
du réacteur. L'albatros commence alors à avancer doucement,
direction le point d'arrêt situé au centre de la piste.
Un essai de freinage rapide puis c'est la remontée de la piste
à contre sens du décollage jusqu'au seuil de piste.
Alors que nous remontons la piste, je tente de prendre quelques repères
sur les cadrans... en vain. Tout va très vite et nous voilà
déjà alignés face à l'Est, près
à décoller.
Top départ, poussée des gaz à fond... La pression,
sans être diabolique, n'a toutefois rien de comparable avec
ce que j'ai pu connaître au cours de mes expériences
aéronautiques antérieures. L'accélération
très fluide nous permet de gagner rapidement de la vitesse,
si bien qu'arrivés à la hauteur du bâtiment C2,
nous avons déjà quitté le sol et rentré
le train d'atterrissage sans que je me sois véritablement rendu
compte de mon passage du statut d'homme à celui d'oiseau. Sur
notre gauche, le circuit Du Castelet, avec ses couleurs vives rouge
et bleu est facilement repérable au milieu de cet univers bicolore,
vert et beige que nous survolons à présent. Après
avoir décollé, Alain incline légèrement
l'avion sur la droite, direction les flots bleus de la Méditerranée.
Le vol est d'une fluidité et d'une stabilité incroyable.
Nous volons déjà à 400 km / h et la côte
s'approche très rapidement. Largement atténué
par le casque, le bruit est en fait moins fort que je l'avais imaginé
ou lu dans des témoignages trouvés sur internet.
Sous nos ailes la vie continue. Les maisons défilent et comme
autant d'oasis individuelles, des centaines de piscines forment une
succession infinie de points bleus qui tranchent avec la palette de
beige qui constitue la note de fond. A intervalle régulier,
Alain prend des nouvelles de son passager au sommet de la joie et
qui pour rien au monde, n'échangerait sa place.
Franchissant la côte, Alain prend un peu d'altitude afin de
faciliter la prise de contact radio avec le secteur dans lequel nous
allons bientôt évoluer. Tout en montant doucement, Alain
réalise un premier tonneau par la droite. Pas vraiment préparé
à cette éventualité, je me laisse surprendre
par la manuvre qui me donne tout d'abord le sentiment assez
désagréable de me retrouver comme un pantin désarticulé
n'ayant aucun maîtrise de son corps. Tout va très vite
et très fort et quelques fractions de secondes suffisent à
réaliser le tonneau.
Ne parvenant pas à entrer en contact radio, Alain doit changer
son fusil d'épaule et renoncer pour l'instant à la première
série d'exercices acrobatiques envisagés. Du coup, l'appareil
s'incline vers l'Ouest, direction Cassis afin de rester dans le secteur
autorisé. Revenus à une altitude plus basse, nous commençons
alors les virages serrés, d'un coté puis de l'autre.
Très vite les facteurs de charge (G) augmentent et la pression
qui s'exerce sur moi commence à se faire bien sentir, en particulier
au niveau du thorax et des épaules. Pour autant, les efforts
nécessaires à lutter contre les facteurs de charge sont
encore très raisonnables et même si j'ai l'impression
de m'enfoncer littéralement dans mon siège, nous ne
sommes en fait qu'à 3 G.
Après quelques minutes à ce régime bien supporté,
je suis moi-même un peu rassuré, même si je sais
qu'il ne s'agit là que d'un très léger avant-goût
de ce qui m'attends. Après plusieurs essais de contact infructueux,
nous parvenons enfin à avoir quelqu'un qui nous répond,
laissant ainsi à Alain le champs libre pour ses évolutions.
Dès lors le festival peut commencer... et quel festival.
Prenant rapidement de l'altitude, la vitesse ascensionnelle est prodigieuse.
En quelques secondes à peine, nous passons de 3000 pieds (1000
mètres) à 6000 pieds (2000 mètres). Au fur et
à mesure que nous montons littéralement à la
verticale, notre vitesse décroît. La pression est extraordinaire
et la sensation tout bonnement indescriptible. Ce coup-ci se ne sont
plus seulement les épaules qui s'enfoncent mais le corps entier
qui semble être absorbé par le siège. Arrivés
au sommet du looping, nous nous retrouvons sur le dos, la tête
en bas, suspendus dans le vide tout en étant plaqué
au siège par la force centrifuge. Notre vitesse n'est plus
que de 100 km/h alors qu'elle atteignait 600 km/h au début
de l'évolution. Puis s'est le plongeons, prodigieux, vertigineux
et qui s'achève par une ressource à couper le souffle.
Le ciel et la mer, d'un bleu aussi pur qu'uniforme se confondent
en un tourbillon incessant. Pour lutter contre la pression qui atteindra
5 G (soit l'équivalent de 5 fois le poids de mon corps, c'est
à dire 350 kg), je respire comme un buf alors que mon
cur joue du tambourin dans ma poitrine. Je suis heureux comme
jamais je ne l'ai été et même si tout va très
vite, je conserve suffisamment de lucidité pour essayer de
me transposer en pensée en dehors de l'habitacle pour me voir
ainsi évoluer comme jamais je n'aurai osé l'imaginer
!
Pendant les quelques fractions de secondes de répit que me
laissent les manuvres, je tente de faire un tour d'horizon,
cherchant du regard des points de repère qui changent sans
cesse, basculent dans tous les axes, me faisant progressivement perdre
tout sens de l'orientation. Tout va très vite et les manuvres
s'enchaînent sans discontinuer ; tonneaux, virages, looping,
passage sur le dos, tout y passe. A peine avons-nous fini une figure
qu'une autre suit. Malgré l'intensité des évolutions
qui va crescendo, je me laisse progressivement aller, profitant pleinement
de ces sensations uniques de perte totale de contrôle et de
confiance absolue mêlée. Seuls les tonneaux me surprennent
encore un peu car malgré la pression qui me plaque au siège
je me trouve à chaque fois bringuebalé de droite et
de gauche.
Chaque fois que nous plongeons vers la mer sur laquelle le soleil
projette ses reflets magnifiques, j'aperçois l'ombre de l'albatros
qui se dessine sur les stries régulières d'une mer d'huile.
Après quelques minutes à peine de ce régime,
je suis totalement déshydraté, tout simplement asséché,
le dos dégoulinant de sueur... mais aux anges et des souvenirs
pleins la tête.
La bouche sèche, j'ai la sensation d'avoir la langue qui colle
au palais. Du coup, je regrette de ne pas avoir suffisamment tenu
compte des conseils relatifs à l'intérêt d'une
bonne hydratation avant le vol. En effet, combinée à
la fatigue du voyage et d'une nuit passablement agitée, la
sensation de sècheresse buccale devient rapidement assez désagréable
et génératrice d'un état pseudo-nauséeux.
Etrangement, ce n'est qu'au terme de la première série
de manuvres que je commence à ressentir les troubles
gastro-intestinaux et non pas durant les manuvres elles-mêmes.
Pour autant, je parviens à gérer la situation sans avoir
recours au sac à beurc.
Reprenant la direction de l'Ouest, je retrouve assez rapidement mes
esprits et rassemble mes forces pour juguler le très léger
tremblement qui agite mes jambes un peu tétanisées par
la pression qu'il m'a fallu exercer pour lutter contre la pression.
Parvenant à reprendre le dessus, je me laisse guider par Alain
qui me propose de faire quelques photos de la côte. Sortant
l'appareil avec précaution, je tente de multiplier les clichés,
sachant qu'il s'agit là d'une occasion unique de réaliser
de telles prises de vue, de l'extérieur mais aussi et surtout
de l'intérieur de l'habitacle avec l'appareil photo maintenu
à bout de bras pour tenter d'obtenir le plus grand angle de
vue possible.
D'un coup, Alain m'annonce qu'il va passer sur le dos. Avant même
d'avoir eu le temps de remettre l'appareil dans la poche située
sur ma jambe droite, je me retrouve la tête en bas, la main
crispée sur l'appareil de crainte de le laisser échapper.
Revenu en position anatomique, Alain me propose alors de faire des
clichés en vol sur le dos sans savoir que je viens déjà
de tenter l'expérience malgré moi. Repartant dans l'autre
sens, nous voilà à nouveau sur le dos, tête en
bas, maintenu par les harnais du siège éjectable. Jusqu'à
présent, les séquences de vol sur le dos ayant été
réalisé à l'occasion de manuvres plus complexes
et dynamiques, je n'avais pas eu encore l'occasion de me retrouver
ainsi suspendu dans le vide pendant quelques secondes consécutives.
Le harnais n'étant pas serré à fond pour éviter
de se sentir trop comprimé, mes fesses décollent du
siège et je ne tiens que par les épaules et les cuisses.
Sans vraiment pouvoir prendre le temps de viser, je tente à
nouveau de prendre des photos mais la position plutôt inconfortable
rend l'exercice périlleux. Après être passé
devant le cap de l'Aigle, nous reprenons les évolutions un
peu serrées tout en descendant assez bas. Nous survolons alors
quelques îles dont je ne retiens pas le nom immédiatement.
C'est alors qu'Alain me propose de repartir pour une nouvelle série
d'évolutions encore plus vigoureuses que la première.
La bouche toujours aussi sèche et encore un peu nauséeux,
je ne me sens pas d'attaque pour entamer de nouvelles acrobaties violentes
même si je meurs d'envie de me laisser tenter et de goûter
au plaisir enivrant d'un nouveau ballet aérien. Craignant de
ne pas supporter un nouveau lessivage en règle, je préfère
ne pas gâcher ce moment de bonheur à l'état pur
en voulant jouer au héros ou en cherchant à dépasser
mes capacités physiologiques. La première qualité
d'un pilote étant de savoir reconnaître ses limites,
c'est avec humilité que j'admets avoir atteint les miennes
aujourd'hui. Peut être une autre fois... A défaut d'acrobaties
survitaminées, Alain me propose alors des évolutions
moins éprouvantes pour l'organisme mais tout aussi impressionnantes
et prodigieuses pour quiconque ne les a jamais effectuées,
telles que le fameux tonneau barriqué qui consiste en un tonneau
ample en lacet autour d'un axe virtuel. Du coup, la sensation d'être
suspendu dans le vide disparaît et le déroulement plus
lent de la séquence rend le moment très agréable
tout en permettant de voir le ciel plonger dans la mer pour ressortir
de l'autre côté.
Après quelques évolutions bien supportées, Alain
me propose de prendre les commandes du L-39 et de réaliser
moi-même quelques évolutions pour tester le comportement
de la machine. Sans me faire prier, je saisis le manche à balais
et commence à tirer doucement dessus. La sensation est tout
bonnement fabuleuse tant l'appareil est sensible à la moindre
sollicitation. Le L-39 est très stable dans tous les axes et
la sensation de vitesse s'accroît au fur et à mesure
que je tire sur le manche en même temps que la pression augmente.
Contrairement au DR400 de l'aéroclub, l'Albatros répond
au doigt et à l'il, sans la moindre inertie. Puis Alain
me propose de réaliser moi-même un tonneau. Surpris par
la facilité avec laquelle l'avion tourne sur son axe, je n'en
reviens pas d'avoir accompli ma première acrobatie à
500 km/h en survolant cette portion magnifique de la côte d'Azur.
Mais les meilleures choses ont une fin et la demi-heure de vol arrive
bientôt à son terme. Reprenant la direction des terres,
nous contactons la tour Du Castelet pour annoncer notre arrivée.
Prenant la piste en enfilade, nous effectuons un passage bas à
près de 400 km/h, puis entamons une large boucle destinée
à ménager les riverains de l'aéroport. Dernier
virage, réduction des gaz, sortie des volets et du train. Nous
voici face à la piste. L'altitude et la vitesse d'approche
me paraissent élevées, mais le L-39 se pose en douceur,
comme une fleur que l'on cueille sans l'abîmer. De retour au
parking, je jette un coup d'il au bâtiment C2 cherchant
du regard mes proches qui attendent mon retour.
La fin d'un rêve
Moteur coupé, les quelques secondes qui précèdent
l'ouverture de la verrière voient la température intérieure
s'élever rapidement. Il est bientôt 14 h et le soleil
qui se trouve au zénith chauffe à travers la vitre.
Du coup, les vapeurs de kérosène envahissent l'habitacle
étroit, rendant l'atmosphère assez désagréable.
D'un coup, la verrière bascule sur le côté droit
permettant à l'air frai de s'engouffrer dans le poste de pilotage.
Encore un peu secoué, les couleurs reviennent doucement après
que l'on m'ait enlevé mon casque. Sous l'il intrigué
de mon épouse, curieuse de recueillir mes impressions à
chaud, je laisse le personnel d'Albatros retirer l'équipement
qui me relie encore à l'appareil pendant que les sécurités
du siège éjectable sont remises en place une à
une. En professionnels habitués, l'équipe d'Albatros
me laisse récupérer tranquillement avant de sortir de
ma boite à rêves pour laisser la place à un autre
candidat à l'extase.
Au terme de 30 minutes passées ensembles, une certaine intimité
s'est tissé entre l'homme et la machine et plus que jamais
les récits de Pierre Clostermann, disparu depuis peu, et plus
particulièrement le passage du "Grand Cirque" relatif
aux adieux de Cloclo à son "Vieux Charles", le Tempest
avec lequel il prit part à tant de combats, résonne
dans ma tête avec un sens désormais plus palpable. Comme
des millions de lecteurs de cet ouvrage de référence,
j'ai longtemps rêvé vivre des instants d'une telle intensité
et pour n'avoir fait que soulever un coin du voile aujourd'hui, je
n'en éprouve que plus de respect à l'égard de
toutes celles et ceux qui depuis un siècle continuent à
écrire des pages plus ou moins longue de ce patrimoine aéronautique
vecteur de rêves sans cesse renouvelés.
Prenant conscience que le rêve vient de s'achever, j'ai du
mal à quitter les abords de l'appareil. Alors que Romain nous
a rejoint une bouteille d'eau à la main pour étancher
enfin ma soif, l'échange de sensations peut débuter.
Après la rituelle photo en compagnie d'Alain devant l'appareil,
Romain et moi poursuivons notre conversation encore quelques instants
tout en réalisant quelques clichés supplémentaires.
Mais il nous faut bientôt quitter les lieux afin de respecter
un timing toujours aussi rigoureux.
Ayant échangé nos adresses mail, tous les protagonistes
de la journée se donnent rendez-vous sur le web pour échanger
photos, sensations et informations. Le paiement du carburant se faisant
après chaque avitaillement, je dois attendre le retour du candidat
suivant pour connaître le montant à payer. Dans l'intervalle
les discussions reprennent, plus animées et plus passionnées
que jamais. L'analyse de nos vols respectifs montre des différences
significatives en terme de contenu mais une grande similarité
des sensations. Alors que d'autres candidats ont réalisé
plus d'acrobaties corsées que moi, je suis le seul à
avoir pris les commandes pour réaliser des manuvres serrées
et surtout un tonneau avec le L-39. Il est vrai qu'il est impossible
de tout faire en 30 minutes et l'essentiel reste de sortir satisfait
de son vol qui, comme nous l'a répété Alain tout
au long de la journée était NOTRE VOL ! Une fois le
quatrième vol de la journée achevé, je peux aller
payer le carburant consommé au cours de ma demi-heure de vol,
soit 372 litres de Kérosène, un dernier chiffre à
la hauteur des sensations éprouvées aujourd'hui, des
sensations inégalables et dont j'aurais peine à retranscrire
l'intensité auprès de toutes celles et ceux qui à
mon retour à Nancy ne manqueront pas de m'interroger sur le
sujet.
Couverte par plus de 300 photos personnelles et 20 minutes de vidéo,
la journée s'achève par un retour sur Marseille afin
de ramener Romain privé de chauffeur pour rentrer. De retour
à la Seyne sur Mer, la visualisation des photos me permet de
compléter ma vision de cette journée par l'apport d'un
regard extérieur. Globalement satisfait des images réalisées,
j'attends désormais avec impatience de pouvoir insérer
cette page dans "mon ciel de gloire" afin de perpétuer
à ma manière une histoire centenaire et en espérant
donner envie à d'autres de tenter l'expérience.
Aussi longtemps que je vivrai, le souvenir de cette journée
restera à jamais gravé dans ma mémoire comme
le symbole d'un rêve accompli et d'autres à satisfaire
pour entretenir le moteur de la vie et sans cesse renaître.
Un grand merci à toute l'équipe d'ALBATROS et à
toutes celles et ceux qui ont rendu le rêve possible. Puisse
la lecture de cette page vous avoir donné envie de me faire
part de vos commentaires... alors n'hésitez pas et faites-vous
aussi plaisir.
Pour en savoir plus rendez-vous sur le site temporaire d'Albatros
: http://l39.albatros.free.fr
Pour réserver un vol rendez-vous sur la centrale d'achat :
http://www.sport-decouverte.com/index_produit.asp?sport=10528