Le siège de
Beyrouth
En dépit du cessez-le-feu institué
les 11 et 12 juin, les forces israéliennes parachevèrent
l'encerclement de Beyrouth neuf jours après avoir atteint les
faubourgs de la malheureuse cité. En outre, les colonnes blindées
de l'État hébreu avaient réussi à couper
la route Beyrouth-Damas, à la hauteur de la ville de Bhandoum,
le 22 juin. Les diverses entreprises menées par la suite en
vue de déloger les troupes de Damas des positions qu'elles
occupaient au nord de cet axe aboutirent à de violents engagements
dans les airs. C'est ainsi que la force aérienne syrienne intervint
quand, entre les 22 et 24 juin, la Heyl Ha'Avir bombarda les lignes
de défense érigées à l'ouest de la passe
de Dahr al-Baidar. En outre, l'aviation de Jérusalem s'en prit
aux sites de missiles sol-air de la Beqaa au cours de la journée
du 27 juin, les hélicoptères israéliens participant
à des raids conduits contre Beyrouth, lesquels continuèrent,
même après le cessez-le-feu du 25 juin. Dans le même
temps des avions frappés de l'étoile de David lâchaient
sur la ville des tracts invitant les habitants à s'en aller.
Si les opérations se ralentirent dans les quatre semaines qui
suivirent - ce qui n'empêcha pas les appareils israéliens
de bombarder Beyrouth par intermittences -, les combats reprirent
de plus belle le 24 juillet, quand Jérusalem ordonna à
son aviation d'attaquer les batteries de missiles sol-air ennemies
dans la Beqaa (au cours de ces raids, onze conseillers techniques
soviétiques furent tués, tandis que la Heyl Ha'Avir
accusait la perte d'un F-4, descendu par un SA-6, et de deux drones).
Pendant la dernière semaine de juillet et
au début du mois d'août, Israël accentua sa pression
sur Beyrouth tout en continuant ses sorties sur la Beqaa, la capitale
libanaise subissant des bombardements aériens et navals. Utilisant
des projectiles au phosphore, du napalm, des clusters et des bombes
à fragmentation, les appareils israéliens provoquèrent
de lourdes pertes au sein de la population civile ; l'arme la plus
terrible employée dans ces attaques fut sans aucun doute une
bombe à shrapnels, qui présentait la particularité
de ne pas détruire les immeubles, évitant ainsi d'encombrer
les rues de débris qui empêchaient les chars de progresser.
Quant aux clusters, objets d'un usage intensif, ils maintinrent un
climat de terreur et gênèrent les services sanitaires.
Le siège de la capitale du Liban se poursuivit
jusqu'à la fin du mois d'août, qui marqua l'arrivée
d'une force d'interposition internationale destinée à
permettre l'évacuation des troupes palestiniennes (dans le
même temps, les affrontements dans la plaine de la Beqaa continuaient).
Le leY septembre, alors que les derniers combattants de l'OLP quittaient
Beyrouth, dévastée, par la voie maritime, un MiG-25R
de la force aérienne syrienne était descendu tout près
de la ville lors d'une mission de reconnaissance - sans doute par
un missile sol-air Improved Hawk, un matériel sophistiqué,
que Washington avait pourtant livré à Israël à
la condition qu'il ne fût pas utilisé en dehors du territoire
national. Après avoir attaqué, le 9 septembre, des sites
de SA-9 près de la passe de Dahr al-Baidar, l'aviation israélienne
prononça, quatre jours plus tard, le raid le plus massif qu'elle
ait monté depuis le cessez-le-feu. Depuis, la situation au
Liban n'a cessé de se dégrader, les massacres perpétrés
dans les camps palestiniens de Beyrouth, les attentats commis contre
les postes de commandement français et américain de
la capitale et l'intervention de plus en plus directe des Français
et des Américains ne constituant que quelques-uns des aspects
d'un conflit qui déstabilise dangereusement cette région
du Moyen-Orient.