GUERRES ISRAELO-ARABES - Six jours 1967 ciel de gloire - histoire des as de l\'aviation de 1914 à nos jours



 


 

 



GUERRES ISRAELO-ARABES

1967 - Guerre des Six Jours

 

Événement le plus spectaculaire de la guerre des Six Jours, l'anéantissement ausol de presque toutes les forces aériennes arabes impliquées dans le conflit aucours des premières vingt-quatre heures des hostilités permit à la Heyl Ha'Avirde détenir la supériorité totale dans les airs.

 

 

Dès le mois d'avril 1967 - la guerre débuta en juin - la tension dans cette région du Moyen-Orient avait commencé à monter, à la suite d'un incident au cours duquel quatre MiG-21 syriens et un Mystère israélien avaient été détruits au-dessus du Golan. Fin mai, le renouvellement d'un accord de défense entre l'Égypte, la Syrie et la Jordanie permit à la force aérienne égyptienne d'expédier dans la région de Damas trois unités composées de MiG-17 et de MiG-19. Soixante autres appareils de la République arabe unie - des MiG-15, des MiG-17 et des Yakovlev Yak-Il transformés pour l'attaque au sol - stationnaient au Yémen, où ils appuyaient le régime en place contre des mouvements de guérilla. Préoccupés par cette dégradation de la situation, les responsables de l'aviation égyptienne mirent en alerte, dès le 14 mai, les formations équipées de bombardiers Tupolev Tu-16. Le 2 juin, des avions basés dans le Sinaï furent ramenés sur la zone du canal, où le commandement pensait qu'ils se trouveraient à l'abri. Convaincu que les Israéliens n'étaient pas décidés à faire la guerre, Nasser n'écouta pas le maréchal Sidki, commandant de l'aviation, qui, lui, pensait que l'État hébreu était sur le point de lancer une attaque préventive. Ainsi, à la veille du conflit, la force aérienne égyptienne, outre un taux d'indisponibilité en avions atteignant 20 %, ne disposait que de cinq cents pilotes capables de voler sur MiG-21 ou MiG-19, et d'aucune réserve.

 

Film d'actualité (en Anglais) sur la guerre des 6 jours

 

Le 5 juin, peu de temps avant l'aube, une quarantaine de Mirage III et de Super Mystère, suivis par deux autres vagues - soit au total 120 avions - prirent la direction de l'ouest. Volant à basse altitude, afin d'éviter la détection par les radars ennemis, ces appareils passèrent la côte égyptienne et, à 8 h 45, fondirent sur les aérodromes d'ElArich, de Bir Gifgâfa, du Caire, de Jebel Libni, de Bir Thamada, d'Abou Sweir, de Kabrit, de Beni Soueif, d'Inchas et de Fayid. Dix groupes de quatre machines chacun effectuèrent des passes de bombardement et des mitraillages, les formations se succédant à dix minutes d'intervalle. Comme un ballet bien réglé, le premier assaut sur les bases égyptiennes dura 80 minutes. Puis, après un battement de dix minutes, de nouvelles unités vinrent, pendant 80 autres minutes, achever le travail des premières, Israël ne conservant, pour assurer la défense de son territoire, que douze avions pendant cet énorme raid. En outre, une soixantaine de Fouga Magister, affectés à l'appui des troupes terrestres, ne prirent aucune part à la bataille initiale.

 

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Se souvenant de l'affaire de Suez, le gouvernement égyptien affirma que l'attaque avait été menée conjointement par des avions américains, britanniques et israéliens. Toujours est-il qu'au cours des trois heures que dura cette action environ 300 machines de la force aérienne égyptienne - et notamment tous les Tupolev Tu-16 - furent détruites, pour la plupart au sol, pour la perte de 19 appareils israéliens seulement.

Dans les airs, l'aviation de la République arabe unie perdit quatre avions d'entraînement non armés, descendus près d'Imbaba, et un MiG-21 qui avait réussi à décoller d'Abou Sweir. Un autre MiG-21 fut expédié au sol alors qu'il tentait de se poser sur la piste semée de cratères de cet aérodrome après avoir abattu quatre Super Mystère. Avant réussi à prendre l'air depuis le terrain d'Inchas, à 8 h 56, entre deux vagues d'assaut adverses, trois MiG-21 prirent la direction du Caire et, en dépit de l'absence de tout guidiage au sol, parvinrent à s'adjuger un Dasault Ouragan, qui s'écrasa sur un Tu-16. A Abou Sweir, un MiG-21, qui s'était envolé peu après 11 heures, fut crédité d'un Dasault Mystère.

 

 

 

Quant aux MiG-19 et MiG-21 installés à Hurghada, qui remontaient vers le nord afin de venir en aide aux unités attaquées sur leurs bases, ils furent coiffés par seize Mirage au moment où ils allaient atterrir à Abou Sweir. Quatre d'entre eux furent descendus, mais, dans le combat tournoyant qui s'engagea, aucune des parties en présence ne remporta de victoire. Il n'en reste pas moins qu'aucun des MiG ne se tira intact de cet engagement, certains étant touchés en tentant de se poser à côté des pistes endommagées, tandis que les autres, à bout de carburant, s'écrasaient au sol. A El-Arich, où les Israéliens avaient employé des bombes guidées afin de détruire les appareils ennemis sur leurs aires de stationnement, les pistes ne furent pas touchées. Le seul avion qui restait en l'air, après l'assaut dévastateur de la Heyl Ha'Avir, était l'Iliouchine I1-14 dans lequel avait pris place, peu de temps avant le raid, le maréchal Sidki et quelques membres importants de l'état-major égyptien. En quelques heures, l'aviation israélienne avait ainsi enlevé à l'Égypte toute capacité offensive.

 

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Le front est

Dès le début du conflit, l'artillerie à longue portée de l'armée jordanienne s'en prit à la base de Ramat David, à laquelle elle occasionna quelques dégâts. L'affaire était sérieuse, car c'est à partir de cet endroit que la force aérienne israélienne devait mener ses actions contre la Syrie. Alors que le roi Hussein de Jordanie jetait à l'attaque de Natanya et de Kfar Sirkin seize Hawker Hunter, qui détruisaient un Noratlas, l'armée israélienne commença ses mouvements en direction de Jérusalem. Manquant de pilotes (seize pour les dix-huit Hunter qu'elle mettait en oeuvre), l'aviation jordanienne ne pouvait guère faire plus, les Irakiens revendiquant plusieurs sorties sur Lod - une affirmation démentie quelque temps plus tard par Israël.

Se retournant vers la force aérienne jordanienne, les Israéliens partirent, à 14 h 30 (heure de Tel-Aviv), à l'assaut des bases de Mafraq et d'Amman, en même temps que du radar d'Ajlun. Presque tous les Hunter jordaniens furent écrasés sur leurs aires de stationnement, ce résultat étant obtenu pour la perte d'un seul des assaillants. Ne disposant plus que d'appareils plus ou moins sérieusement endommagés, le roi Hussein demanda aux pilotes qui avaient échappé à la mort de se placer sous les ordres de l'aviation irakienne. Les autres objectifs pris à partie par la Heyl Ha'Avir pendant la première journée de la guerre concernèrent des unités irakiennes et palestiniennes qui faisaient mouvement vers Jérusalem, mais aussi le quartier général de l'armée jordanienne, situé près du mont des Oliviers, et le palais royal d'Amman.

 

 

  

La force aérienne syrienne figura, en ce 5 juin, elle aussi dans les préoccupations des responsables de l'aviation israélienne. Comme la Jordanie, la Syrie souffrait d'un manque chronique de pilotes, aggravé par le fait que les deux unités d'interception qu'elle alignait étaient en cours de conversion sur MiG-21PF. A 11 h 45 (heure de Tel-Aviv), une douzaine de MiG-21 arborantt les couleurs syriennes vinrent bombarder les raffineries de pétrole d'Haïfa et mitrailler l'aérodrome de Mahanayim. La réponse à ce raid intervint soixante minutes plus tard, quand la Heyl Ha'Avir se porta à l'attaque de bases implantées à Damas, Marj Rial, Dumayr et Seikal, des avions frappés de l'étoile de David s'en prenantt à l'aérodrome T4 et au terrain irakien baptisé H3 au cours de l'après-midi.

Pendant le même temps, l'aviation israélienne rendait à nouveau visite à l'aéroport du Caire et détruisait les pistes de Manaoura, Hélouân, Al-Minya, Rilheis, Hurghada, Louxor, Ras Ramas, tout en s'employant à annihiler vingt-trois stations de radar.

 

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Les deuxième et troisième jours

Le 6 juin, la force aérienne israélienne fit peser l'essentiel de son effort dans des missions d'appui menées au profit des forces terrestres, un raid conduit contre des positions d'artillerie installées à l'ouest de Rafah donnant la possibilité à l'armée israélienne de percer les défenses égyptiennes. Le succès remporté fut tel que l'attaque aérienne et navale programmée sur E1-Arich pour la nuit du 5 au 6 juin se révéla inutile. Des assauts héliportés furent lancés en arrière des lignes jordaniennes, à l'est de Jérusalem, de même que sur Abou Agheila, près de la frontière du Sinaï. La Heyl Ha'Avir effectua également des actions d'appui rapproché à Gaza et à Bir Lahfan, alors que l'armée égyptienne tout entière se repliait en direction du canal. Prise par le maréchal Amer, cette décision devait avoir des conséquences désastreuses : privée du soutien de son aviation, cette armée allait être véritablement taillée en pièces par les blindés et les avions de l'État hébreu.

Constatant ces mouvements, les Israéliens réagirent en envoyant en direction des passes de Mitla et de Giddi des colonnes rapides chargées de verrouiller ces points de passage obligés pour sortir du Sinaï. Une grande partie de l'armée égyptienne se trouva prise dans la nasse, l'aviation israélienne augmentant le désordre qui régnait en écrasant les moyens de transport avec ses bombes et ses roquettes. Des milliers de soldats égyptiens furent capturés, et des dizaines d'autres, perdus dans le désert, moururent de soif.

 

 

En dépit des pertes qu'elle avait subies, l'aviation égyptienne s'employa, dans une tentative désespérée, à ouvrir des brèches dans le système de défense adverse. Moyennant des efforts considérables, les spécialistes au sol avaient réussi à réparer une cinquantaine d'appareils, d'autres comblant avec des matériaux divers les cratères ouverts dans les pistes par les bombes israéliennes. Le problème le plus aigu concernait cependant le personnel navigant, cinquante pilotes ayant été tués, et deux cents autres blessés dans leurs avions au sol. Le premier indice que la force aérienne égyptienne existait toujours put être relevé le 6 juin à l'aube, quand des MiG-21 attaquèrent une colonne israélienne près de Bir Lahfan. Quelques minutes plus tard, deux Sukhoi Su-7 se présentaient au-dessus d'El-Arich en compagnie de MiG-21 avec la mission d'y abattre des hélicoptères. Il n'en reste pas moins que ces actions ponctuelles étaient loin de constituer une réplique comparable à l'offensive aérienne menée par Israël, bien qu'elles eussent un effet moral non négligeable sur les troupes au sol

Jordaniens et Irakiens avaient profité de l'obscurité pour, dans la nuit du 5 au 6 juin, regrouper leurs forces en vue d'assurer la défense de l'aérodrome H3. A l'aube du 6, le colonel irakien qui commandait l'unité de Tupolev Tu-16 de cette force aérienne bombarda le complexe industriel de Natanya, au-dessus duquel il fut abattu par l'artillerie antiaérienne. Peu de temps après, la Heyl Ha'Avir se lança à l'assaut de H3, où elle dut faire face à une opposition des chasseurs jordaniens et irakiens qui expédièrent au sol deux des avions assaillants. De leur côté, les Israéliens s'adjugèrentt deux appareils de reconnaissance libanais qui tentaient d'effectuer une mission au-dessus de la Galilée et revendiquèrent plusieurs autres victoires dans la région de H3.

 

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Même si ces actions ne pouvaient plus rien changer à l'issue du conflit, les réactions égyptiennes dans les airs causèrent des pertes assez importantes aux Israéliens. Ainsi, à l'aube du 7 juin, quatre MiG-19 parvinrent à porter de rudes coups à une colonne adverse, même si trois d'entre eux furent descendus. Les attaques menées en conjonction avec la marine permirent à la force aérienne égyptienne de ralentir l'avance d'une unité motorisée le long de la côte, ce qui sauva Port-Fouad de l'investissement. Enfin, un I1-28 escorté par quatre MiG essaya même de lâcher quelques bombes sur El-Arich. Quant au secteur de Mitla, il fut à plusieurs reprises survolé par des patrouilles de MiG-17, une formation constituée par des appareils de ce type engageant, contre des Super Mystère, à l'est d'Ismaïlia, un combat au cours duquel un avion israélien fut expédié au sol.

 

 

  

La fin du conflit

Renforcée par des unités prélevées sur le théâtre d'opérations du Yémen, la force aérienne égyptienne put, au cours de la journée du 7 juin, attaquer les voies de communication situées sur l'axe de pénétration nord des forces israéliennes dans le Sinaï. Corrélativement à cette augmentation de l'activité aérienne égyptienne, celle de la Heyl Ha'Avir se mit à décliner de manière progressive. Néanmoins, l'Égypte accepta une proposition de l'ONU concernant un cessez-le-feu qui devait entrer en vigueur le 9 juin à 4 h 35.

Entre-temps, l'aviation israélienne avait été engagée dans une campagne difficile contre la Syrie, menant de nombreux raids contre les positions adverses dans le Golan. L'Égypte et la Jordanie ayant été défaites, les autorités de Damas acceptèrent un arrêt des hostilités le 8 juin au soir. Ne souscrivant pas à cette proposition des Nations unies, Israël poursuivit ses sorties contre les hauteurs du Golan. Devant l'ampleur de l'offensive adverse, les Syriens, après s'être plaints devant le conseil de sécurité de l'ONU, décidèrent de reprendre le combat. La Heyl Ha'Avir parvint à s'adjuger au cours de la guerre des Six Jours douze avions syriens en combat aérien, l'armée de terre de l'État hébreu s'emparant des hauteurs du Golan et de la ville de Kouneitra avant l'arrêt des affrontements, le 10 juin à 6 h 30.

 

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Ainsi prenait fin un conflit qui se soldait, pour Israël, par une écrasante victoire militaire. La Heyl Ha'Avir avait perdu quarantecinq appareils, dont une douzaine lors de combats aériens, plus vingt pilotes tués et treize autres prisonniers. Elle n'en avait pas moins détruit 286 avions égyptiens (dont une soixantaine en l'air), vingt-deux jordaniens, cinquante-quatre syriens, quinze à vingt irakiens et un libanais.

 

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