Les premiers jours
Les Britanniques et leurs alliés attaquent donc les forces
germano-italiennes le 16 novembre.
Le début de la progression vers le Wire (l'ancienne ligne de
défense conçue par les italiens sur le frontière
égypto-italienne) est loin d'être facile et doit s'effectuer
de nuit sans aucun repère.
De plus, le 15 novembre, un orage a transformé le désert
en bourbier et rendu les terrains d'aviations inutilisables.
Néanmoins le moral britannique est élevé et le
déploiement de la 8th Army à travers le désert
s'avère impressionnant jusqu'à ce que la 7th Armoured
division (division blindée) et la 1st South African Infantry
Division ne déclenchent leur progression vers le sud pour envelopper
les forces de l'Axe. Les premiers points de résistance rencontrés
en milieu de journée ne sont que des petits postes qui résistent
et obligent les Britanniques à faire intervenir les blindés
de la 7th brigade pour forcer le passage avec l'intervention du 2e
Régiment royal de tanks.
De son côté, le 7e régiment de Hussars croise
une colonne appartenant à l'Aufklärungs Abteilung 33 (une
des deux sections de reconnaissance du Deutsches Afrika Korps).
Les Britanniques capturent donc 2 véhicules, 6 camions et 15
fantassins.
De son côté, la 4th Armoured Brigade ne rencontrant aucune
résistance atteint sans aucun problème ses objectifs
et la 22th Armoured Brigade, peu habituée aux conditions climatiques
du désert doit s'arrêter à 15 kilomètres
de son objectif (Bir El Gubi).
Du côté allemand, seuls des messages de la 21e division
de Panzer envoyés dans l'après-midi indiquant une recrudescence
de patrouilles ennemies laissent penser à Rommel qu'il pourrait
y avoir une grande offensive ennemie. Quand Ludwig Crüwell lui
apporte une demande de von Ravenstein, le chef de la 21e division
de Panzer, d'attaquer vers Gabr Saleh le lendemain, Rommel refuse
et s'avère très irrité par le comportement de
Crüwell[4].
Du côté britannique, l'optimisme est de rigueur, les
unités ayant presque toutes atteint leurs objectifs sans subir
de pertes.
Le lendemain, 17 novembre, le 30th Corps reprend son avance, les
22th et 7th Brigade blindée devant se diriger vers Tobrouk,
du fait d'un ordre de Cunnigham arrivé le matin même.
Ce changement peut paraître surprenant : Cunnigham cherche à
délivrer Tobrouk sans détruire les forces blindés
ennemies, ce qui était le but premier de Auchinleck et, de
plus, le chef de la 8th Army utilise deux brigades qui sont pour l'une
équipée de matériel ancien et pour l'autre inexpérimentée.
Mais il faut savoir qu'à cette date, le général
britannique ne sait absolument pas où se trouve l'adversaire.
Ainsi donc, c'est la 22th Armoured Brigade qui est en tête
et rencontre assez vite les positions de la division blindée
italienne Ariete. Mais les Britanniques se moquent totalement des
chars M13/40 italiens, qu'ils jugent bien inférieurs à
leurs blindés. Ainsi les Crusaders repoussent très vite
les italiens à 5 km au sud-est de Bir el Gubi. L'attaque reprend
peu de temps après, mais les Britanniques ne peuvent percer
les lignes italiennes et le champ de bataille se retrouve très
vite encombré de chars détruits.
Dans l'après-midi, on peut chiffrer les pertes italiennes à
34 chars, 12 canons perdus et 200 Bersaglieri tués, blessés
ou disparus.
Les pertes britanniques à ce moment de la journée sont
inconnues mais sûrement loin d'être légère.
À 16h30, une nouvelle offensive britannique est arrêtée
en grande partie par des champs de mine, d'où les chars ont
un mal terrible à se sortir, subissant en plus le bombardement
de l'artillerie italienne.
Le 3rd Sharpshooters Bataillon tente une attaque par le nord ouest
mais est repoussé par le 132e régiment blindé
italien.
À la fin de la journée, les italiens indiquent aux allemands
avoir détruit une cinquantaine de chars mais, chose rare, ce
chiffre est sous-estimé, les Britanniques indiquant aux-mêmes
avoir perdus 75 blindés à Gott (chef de la 7e division
blindée).
Cette offensive est donc un échec complet pour les Britanniques
qui perdent une bonne partie de leurs chars sans avoir aucunement
mis en danger le Panzergruppe Afrika.
Pendant ce temps, la 7e brigade blindée attaque le long de
l'Escarpement Sud, une sorte de promontoire rocheux. Les premiers
véhicules qui arrivent en haut du sommet découvrent
en contrebas dans la cuvette de Sidi Rezegh, un grand aérodrome
occupé par les italiens.
Cette zone va devenir un des principaux champs de bataille des Crusaders.
Mais les Britanniques ne rencontrent d'abord aucune résistance
à proximité de l'aérodrome et détruisent
plusieurs avions de la Regia Aeronautica, dont certains tentaient
de décoller. Ils capturent ainsi 19 appareils, 2 camions, 2
ambulances et 80 hommes.
La 7e brigade prend donc possession de la cuvette et envoie un escadron
de chars en reconnaissance vers l'est, escadron qui rencontre très
vite des hommes du 361e régiment africain allemand et doit
se replier.
De leurs côté, les sud-africains qui sont partis à
l'ouest rencontrent très vite des italiens appartenant à
la division Pavia et eux-aussi doivent battre en retraite.
La 7th Armoured Brigade se retrouve donc plus ou moins isolée
et ne peut compter que sur le soutien d'un groupe de support composé
d'un peu d'infanterie et de plusieurs canons d'artilleries pour la
défense de l'aérodrome.
Du côté allemand, le général Crüwell
informé des évènements demande une nouvelle fois
à Rommel l'autorisation d'envoyer la 21e division blindée
vers le sud.
Cette fois-ci, le chef du Panzergruppe accepte la requête de
Crüwell.
Ainsi un groupe composé de 15 Panzer IV, 64 Panzer III et 32
Panzer II renforcé par 18 pièces d'artillerie est créé
; il est nommé Stephan, du nom du chef du 5e régiment
blindé d'où une partie de ses éléments
ont été tirés.
Ce groupe de combat est tout de suite lancé vers le sud, manque
la 7e brigade qui s'est portée trop à l'ouest et tombe
sur la 4e brigade blindée, en réserve entre la 13th
et le 8th Corps.
L'ordre de bataille de la brigade est le suivant :
8e régiment de Hussars à gauche,
5e RTR(Régiment royal de tank) à droite et le
3e RTR en réserve.
Lorsque les unités britanniques apprennent l'arrivée
d'une centaine de blindés ennemis, la surprise est totale et
ordre est donné au 5th RTR de les engager.
Les combats sont relativement violents, les chars se tirant dessus
presque au corps à corps et la poussière soulevée
par le mouvement des nombreux engins crée un brouillard très
gênant pour viser[5].
Le journal de guerre indique avoir perdu 23 chars et estime avoir
détruit 19 blindés ennemies voir 26.
Comme souvent durant la guerre, les pertes de l'ennemi sont surestimée,
von Mellenthin indique que le groupe a perdu 3 chars et a détruit
23 blindés britanniques[6].
Une fois n'est pas coutume, les deux protagonistes sont d'accord sur
le nombre des pertes britanniques. Néanmoins, il est à
noté que le texte britannique a été écrit
le jour de la bataille, alors que le texte allemand a été
écrit en 1955.
Un commandement médiocre [modifier]
En ce qui concerne les états-majors des deux adversaires, leur
comportement est loin d'être exemplaire.
Pour les allemands, Rommel a bien du mal à se laisser convaincre
qu'une offensive britannique est en train de tenter de le chasser
de la Cyrénaïque. Selon lui, les Britanniques tentent
juste une feinte pour l'empêcher d'attaquer Tobrouk, mais le
chef des forces allemandes en Afrique refuse de se laisser distraire
et laisse son subordonné, le général Crüwell,
détruire les forces ennemies ou au moins les repousser.
Mais ce dernier ne sait pas où attaquer la 7e division blindée
qui est son objectif principal et après avoir obtenu des informations
indiquant la présence de troupes ennemies près de Sidi
Azeiz, décide d'y envoyer la 15e division blindée, alors
qu'aucun danger n'est présent sur ce point du front.
Le groupe Stephan, lui, devra continuer sa progression vers le sud.
Du côté britannique, Cunningham est d'un grand optimisme
surtout après l'annonce de la prise de l'aérodrome de
Sidi Rezeigh.
Malgré les lourdes pertes de la 22e brigade blindée,
le chef de la 8th Army reste optimiste, considérant que les
italiens ont bien plus souffert que ses troupes, ce qui est faux.
Enfin, en ce qui concerne la 4e brigade, Cunnigham conclut qu'il pourra
bien détruire l'ensemble des troupes blindées ennemies,
du fait des rapports surestimant les pertes allemandes.
Pour le lendemain, le général britannique ordonne à
la 22e brigade de laisser les sud-africains s'occuper des blindées
de la division Arriete et de se porter vers l'aérodrome. Certes
l'idée de renforcer la 7e brigade blindée est louable,
mais celle-ci n'a besoin d'aucune aide car elle fait face à
de l'infanterie en nombre insuffisant pour l'inquiéter alors
que la 4e brigade blindée risque de se sentir bien seule face
aux blindés de l'Afrikakorps.
Le 20 novembre [modifier]
Le 20 novembre, est une journée très confuse où
les deux ennemis tentent de se surprendre mais ne se trouvent pas.
Seuls le Groupe Stephan et la 4e brigade blindée se trouvent.
Dès 6h50, une cinquantaine de Panzer s'approchent de la position
de la brigade et plus précisément sur celui du 5e RTR
qui doit se replier à 8h10 devant une trop forte pression ennemie.
À ce moment là, le 8th Hussars et le 3e RTR rentrent
en piste et la lutte violente épuise très rapidement
les munitions, surtout pour les Britanniques qui voient avec soulagement
les allemands se retirer à 9h00.
Ce repli n'est pas une victoire britannique mais un ordre émanant
de Crüwell, qui vient de s'apercevoir que les principales forces
blindées britanniques se trouvent à Sidi Rezeigh.
C'est grâce à la 21e division blindée, que les
allemands savent enfin où se concentre l'ennemi. En effet,
la division, comme le raconte Mallenthin, a été envoyée
vers l'est pour attaquer les Britanniques à un endroit où
ils ne se trouvent pas.
Ainsi les chars se retrouvent-ils à court d'essence à
10 km de Sidi Omar et malgré les demandes de ravitaillement,
doivent attendre la nuit pour être enfin ravitaillés.[7].
Avec ces déboires, l'unité allemande aurait très
bien pu être anéantie, mais les Britanniques tout comme
les allemands ne trouvent pas leur adversaire.
En effet, la 7th Armoured brigade campe sur ses positions près
de l'aérodrome, permettant à la division zbV Afrika
de renforcer ses défenses et même de faire venir des
canons antichars qui détruisent 3 chars britanniques. De son
côté, la 22e brigade blindée britannique n'avance
pas non plus, attendant en vain l'avance de la 1re division sud-africaine
que son chef refuse de faire avancer contre la division blindée
Ariete, remarquant qu'une division d'infanterie ne pouvait réussir
face à des chars, là où une brigade blindée
avait échouée.
Finalement, Cunningham ordonne aux sud-africains de protéger
Bir el Gubi et ainsi permettre à la 22e brigade de se retirer.
Du côté allemand, l'état-major décide
d'envoyer la 15e division blindée contre la 4e brigade blindée.
Les allemands attaquent les Britanniques à 16h15 sur le front
du 3e RTR. La bataille est rude, mais l'arrivée de canons de
88 mm et d'artillerie antichar permet aux allemands de rester maître
du terrain et de repousser les M3 Stuart.
L'arrivée de la 22e brigade permet d'arrêter les allemands
qui avaient déjà commencé à ralentir leur
assaut avec la tombée de la nuit et à se replier derrière
une ligne de canons antichars. Les allemands, restés maîtres
du terrain, en profitent pour réparer leurs chars et détruire
les blindés ennemis immobilisés.
Même s'il n'y a pas encore eu de grandes batailles de chars,
les deux ennemis se sont enfin repérés et les allemands
se préparent à attaquer les Britanniques à Sidi
Rezeigh.
Le 21 novembre [modifier]
La bataille de Sidi Rezegh [modifier]
C'est le 21 novembre que commence une des plus grande bataille de
chars de la Guerre du désert.
Un char Crusader passe derrière un Panzer IV détruit
(27 novembre 1941)À la veille de la bataille, les britanniques
disposent de
97 M3 Stuart,
100 Crusader répartis entre la 4th et la 22nd Armoured Brigade
et
120 Cruisers dans la 7th Brigade.
Du côté allemand, Rommel dispose de 240 Panzer plus
les chars italiens de la division Ariete.
Cette concentration de chars fut facilité par l'annulation
de l'ordre de Rommel d'attaquer Tobrouk, celui-ci se rendant compte
que l'offensive britannique a vraiment pour but de le chasser de ses
positions et ordonnant en conséquence aux forces blindées
allemandes de se porter sur l'aérodrome de Sidi Rezeigh[8].
Ainsi, la 7e brigade blindée et le groupe de support vont-ils
être attaqués par les deux divisions de Panzer de l'AfrikaKorps.
Dès l'aube, les Britanniques postés sur l'aérodrome
repèrent une force de 150 blindés s'approchant de leurs
positions et, dès le début des combats, se trouvent
en très mauvaise posture : le 7e régiment de Hussards
perd son chef et une grande partie de son personnel, puis la quasi-totalité
de ses chars vers 10h.
Les britanniques doivent ces lourdes pertes à l'effet de surprise
causé par une attaque allemande venant du sud, où ils
ne les attendaient pas.
Durant la journée, les combats continuent et les Britanniques
arrivent au prix de lourdes pertes à garder tant bien que mal
leurs positions : à la fin de la journée, la brigade
ne compte plus que 20 chars, dont 9 sont isolés des lignes
britanniques.
De leur côté, les allemands n'ont perdu que 15 chars.
Malgré ce massacre, les Britanniques tiennent toujours l'aérodrome.
Von Mellenthin, chef d'état-major de l'Afrikakorps l'explique
par la belle défense du Support Group, par le manque de munitions
des allemands ainsi que par l'efficacité de l'artillerie britannique[9].
A Tobrouk [modifier]
De leur côté, les forces de Tobrouk s'apprêtent
à tenter une sortie avec comme fer de lance, la 32e brigade
de tanks composée de 69 Matilda II et de 32 Cruisers.
L'attaque commence plutôt bien et les Britanniques progressent
face aux allemands de la zbV Afrika et aux italiens de la division
Bologna.
Néanmoins, les mines commencent à les ralentir, ainsi
qu'une bonne défense des forces de l'Axe.
Finalement, en début d'après-midi, les assiégés
comprennent que la sortie ne pourra pas avoir lieu et les blindés
se replient.
La farouche défense allemande s'explique en grande partie par
la présence de Rommel et le nombre important de 88 mm largement
supérieur aux Matilda II devenus complètement obsolètes.
La situation dans les état majors [modifier]
* Chez les allemands:
Chez les allemands, malgré les victoires remportées,
l'ambiance n'est pas à la bonne humeur surtout chez Crüwell
et Rommel qui considèrent les dangers stratégiques plus
importants que les victoires tactiques.
En effet, les forces de l'Axe se trouvent de plus en plus mises en
danger par des coups de boutoirs britanniques de plus en plus nombreux.
Le plus grand danger est celui de l'offensive imminente vers Tobrouk
de la 2e division néo-zélandaise et de la 4e division
indienne, qui sont de plus soutenues par des chars Valentine.
Face à ces offensives, Rommel se trouve à court d'effectif,
il doit battre les Britanniques les uns après les autres, les
allemands se retrouvent ainsi au beau milieu de troupes ennemies en
pleine offensive.
* Chez les Britanniques:
Du côté britannique par contre, les défaites
du jour n'ont pas entamé le moral des généraux.
Cela s'explique par une grande surestimation des pertes allemandes,
qui laisse penser à Cunnigham que les allemands n'auront bientôt
plus de blindés à lui opposer.
Un texte envoyé au Caire indique ainsi que les proportions
des pertes allemandes par rapport aux britanniques est de 3 contre
1.
Malgré cela, le général en chef de la 8th Army
s'inquiète de la situation devant Tobrouk et notamment de l'échec
de la tentative de sortie. En effet, la 7e division blindée
devait être ravitaillée par les dépôts d'essence
présents à Tobrouk, ce qui va s'avérer impossible.
Le 22 novembre [modifier]
A l'aube du 22 novembre, la 5e brigade néo-zélandaise
et une partie du 8e régiment royal de tanks capturent Fort
Capuzzo et les 200 soldats qui le défendent et qui, surpris,
ne tirent pas un coup de feu.
Une autre partie du 8e RTR rencontre une colonne de l'Afrika Korps
et détruit une voiture blindée et huit autres véhicules.
Dans cette attaque, l'officier de liaison entre l'armée italienne
et l'Afrika Korps est capturé avec tous ses codes.
Mais après ces succès, les Britanniques ont bien du
mal à progresser face notamment aux canons de 88 mm qui font
un ravage face aux Matilda II.
Malgré la prise du fort de Sidi Omar Nuovo, les britanniques
échouent face à Lybian Omar.
Lors de cette action, les 44 et 42 régiments royal de tanks
perdent 46 chars, 6 officiers (1 blessé) et 43 hommes (21 blessés)
et un disparu.
A Sidi Rezegh, la matinée est très calme ; ce qui reste
de la 7e brigade blindée se réorganise après
le désastre du jour précédent et reçoit
le renfort des 22e et 4e brigade blindées nouvellement arrivées
sur le terrain. De plus, pour pallier le manque d'infanterie, la 2e
division sud-africaine est envoyée à Sidi Rezegh, qui
devra servir de base de départ vers Tobrouk.
Du côté allemand, Rommel décide de diriger les
opérations contre Sidi Rezegh.
Il veut prendre en tenaille la 7e brigade.
Au nord de Belhammed à Zaafran, il place l'artillerie et l'infanterie
de la 21e division blindée.
A l'ouest, le 5e régiment blindée devra attaquer par
l'ouest et le 361 régiment africain devra rester en faction
à l'est de l'aérodrome.
L'offensive allemande surprend totalement la 7e brigade qui n'a mis
en place aucun système de reconnaissance.
En dépit des tirs antichars, les Panzer du 5e régiment
pénètrent très rapidement sur l'aérodrome.
La 22e brigade qui vient d'arriver est directement envoyée
sur le champ de bataille. Les combats sont rudes mais les chars résistent
à la pression de l'ennemi.
A la fin de la journée, il reste encore 34 chars à la
brigade[10].
Ainsi, près de 100 Crusader ont-ils été détruit
dans la seule journée du 22 novembre.
Pour ce qui est de 5e brigade blindée voici ce qui est dit
dans son War Diary à la date du 22 novembre :
La brigade avance, le 5e régiment royal de tank(RTR) à
droite, le 3e RTR à gauche et le 8e régiment de Hussards
en réserve.
La situation à l'arrivée de la brigade est des plus
obscures.
L'aérodrome, qui s'étend au centre d'une large dépression,
est couverts de débris. L'ennemi semble être dans le
coin nord-ouest, le Support Group et la 22e brigade au sud.
L'effectif de la brigade est à ce moment de 108 chars. A notre
arrivée, le commandant de la 7e division blindée explique
la situation au chef de notre brigade qui décide d'attaquer
l'aérodrome avec le 5e RTR à droite et le 3e RTR à
gauche. Les régiments doivent entreprendre un mouvement tournant
vers le sud de l'aérodrome.
Cette attaque est considérablement gênée par la
poussière, un bombardement puissant et une absence complète
d'informations sur ce qui se passe vraiment sur l'aérodrome.
Le 3e RTR parvient bien à entrer en contact avec du personnel
de la 22e brigade sur l'aérodrome mais ne peut obtenir aucune
information concrète.
Après cette attaque où plusieurs chars sont perdus,
les régiments se regroupent au sud de l'aérodrome[11]'.
Malgré l'échec de ces assauts, les Panzer doivent se
retirer au crépuscule car ils arrivent à court de munitions.
Les blindés viennent se mettre quelques centaines de mètres
plus loin, sous la protection d'un groupe antichar allemand.
La 7e division blindée n'aligne plus que 100 Stuart et à
peu près 50 Cruisers alors que 5 jours plus tôt, la division
comprenait 477 chars.
Néanmoins, l'arrivée de la nuit ne coïncide pas
avec le retour du calme pour les Britanniques, car Crüwell a
décidé, sans l'avis de Rommel, de lancer la 15e division
blindée à l'assaut de l'aérodrome.
L'attaque vient du sud-est et les Britanniques se trouvent complètement
pris par surprise.
C'est la 4e brigade qui reçoit le choc principal et son état
major se trouve très vite encerclé - et tout surpris,
car ils avaient tirés des fusées pour signaler leur
position aux Britanniques mais ce sont les allemands qui sont venus.
Ainsi tout l'état major de la brigade (exceptée son
chef absent) est capturé.
C'est d'ailleurs lorsqu'il arrive que le chef de la brigade engage
le premier la contre-attaque, mais les pertes sont lourdes pour la
brigade qui ne compte plus que 40 chars.
Juste avant les premières heures du 23 novembre, les Panzer
se replient un peu plus loin.
Totensonntag [modifier]
Le Totensonntag (dimanche des morts) correspond à la journée
du 23 novembre.
Cette journée fut ainsi nommée car elle fut celle où
les allemands perdirent la plus grande partie de leurs chars.
Dès l'aube, Rommel sait qu'une ultime offensive lui permettra
de vaincre définitivement les Britanniques de la 7e brigade
blindée.
L'infanterie de l'Afrika Korps devra rester au nord de l'aérodrome
tandis que les 15e et 21e division blindées allemandes devront
contourner l'adversaire depuis le sud et enfin, les italiens de la
division blindée Ariete devront attaquer depuis l'ouest.
Ainsi la brigade britannique et les deux brigades d'infanterie sud-africaine
seront-elles encerclées.
Mais alors qu'il semble que la victoire est passée du côté
allemand, le sort des armes va tourner.
Dès le début de l'assaut, à l'aube, les blindés
allemands détruisent un convoi de ravitaillement britannique
et provoquent un chaos à l'intérieur des positions britanniques.
Les Britanniques perdent ainsi une centaine de camions.
Les Allemands arrivent très vite à l'intérieur
de la cuvette pour détruire les ultimes forces britanniques.
Néanmoins, les Britanniques, réunissant leurs derniers
blindés, offrent une dure résistance aux allemands.
Les blindés britanniques sont de plus soutenus par l'infanterie
sud-africaine, très efficace.
Cependant, à 16h30, les troupes allemandes atteignent le campement
sud-africain et les troupes alliés sont obligées de
se replier.
Mais les Britanniques continuent leur résistance comme en témoigne
le journal de la 22e brigade blindée :
Bien que les éléments de tête de l'attaque blindée
allemande soient parvenus jusqu'au campement sud-africain, notre charge
a arrêté l'avance ennemie et permis le repli du gros
de la force sud-africaine.
Le dernier assaut dans le camp et au milieu des chars allemands a
été saisissant.
Le lieutenant-colonel Carr était à la tête de
l'attaque:
Vers la fin, son char a été incendié mais avec
le major Kidston, ils sont montés dans d'autres chars pour
continuer la charge. (...) D'après ce que nous avons pu voir,
notre dernière charge dans le flanc droit de l'ennemi lui a
causé des pertes beaucoup plus lourdes que lors des engagements
précédents. Les artilleurs sud-africains ont été
magnifiques. En tout cas, nous avons détruit 30 à 40
chars ennemis et nous avons laissés 10 de nos chars sur le
terrain[12].
Pour une fois, les pertes causées à l'ennemi ne sont
pas surestimées, car von Mellenthin avoue lui-même que
les allemands perdirent près de 70 Panzer sur l'ensemble de
la journée.
Ainsi, même si les allemands ont détruit la 5e brigade
sud-africaine, ils n'ont pu anéantir l'ensemble des forces
britanniques, car les Panzer durent s'approcher trop près des
canons antichars.
La 7e division blindée ne compte plus que 60 chars, mais Rommel
en a désormais moins de 100 pour l'ensemble de ses troupes,
alors que des renforts blindés britanniques s'apprêtent
à arriver sur le champ de bataille.
Le chef du Panzergruppe Afrika est néanmoins persuadé
d'avoir remporté une grande victoire à Sidi Rezeigh.
Les réactions dans les états-majors [modifier]
*Chez les allemands
Au quartier général des forces de l'Axe, Erwin Rommel
reste persuadé qu'il a remporté une grande victoire
et qu'il peut grâce à une offensive chasser les Britanniques
de la frontière égypto-lybienne.
Il est confirmé dans son idée de victoire par le dispersement
des forces du 30e corps britannique.
De plus, le chef du Panzergruppe Afrika reçoit de Mussolini
le commandement direct du 20e corps italien.
Ainsi le général allemand va-t-il pouvoir bénéficier
de toutes les forces germano-italienne pour vaincre les britanniques.
Enfin il est conscient que les forces allemandes d'élites encerclées
telles que celle qui est commandée par le pasteur Bach, encerclée
au niveau de la passe d'Halfaya, a besoin d'être secouru. Surtout,
ce groupe dispose de canons de 88mm qui seraient très utile
à l'armée allemande.
Le matin du 24 novembre, Crüwell et Rommel se rencontrent.
Une fois n'est pas coutume, les deux chefs ne sont pas d'accord sur
la stratégie à suivre ; le premier voulant d'abord liquider
les restes du 30e corps puis attaquer vers l'Égypte alors que
le second se moque complètement des restes du 30e corps et
décide de diriger les forces blindées vers Sollum pour
encercler le 13e corps.
Rommel décide de plus de partir avec les éléments
de tête de la 21e division blindée.
Une nouvelle fois les deux chefs allemands ne sont pas d'accord mais
chez les Britanniques et leurs alliés, le désaccord
est encore plus profond.
*Chez les Britanniques.
A partir du soir du 22 novembre, le chef de la 8e armée (Cunningham),
qui vient enfin d'apprendre les lourdes pertes britanniques en blindés
imagine le pire pour l'avenir de son armée.
Ainsi l'optimisme exceptionnel qui régnait parmi les généraux
britanniques vient de laisser place à une réalité
tout à fait différente.
Cunnigham, sentant la panique gagner l'état-major britannique,
demande à Auchinleck de venir sur le front.
Celui-ci arrive le soir du 23 novembre.
Cunnigham lui explique que ses forces ont subi de lourdes pertes et
demande l'arrêt de l'offensive et le repli des troupes britanniques
vers l'Egypte. Bien sûr, Auchinleck n'est pas du tout d'accord
avec son subordonné et il lui adresse le 24 novembre cette
lettre :
"Les risques encourus doivent être acceptés.
En conséquence vous devrez :
(i) Continuer d'attaquer l'ennemi sans relâche en utilisant
toutes vos ressources, jusqu'au dernier char s'il le faut.
(ii) Votre objectif principal doit être comme toujours, la destruction
des forces blindées ennemies.
(iii) Votre objectif ultime demeure la conquête de la Cyrénaïque
puis l'avance sur Tripoli.[13].
Pour cela, Cunnigham devra reprendre l'assaut vers Sidi Rezeigh et
des attaques menées sur les arrières de l'ennemi par
le Long Range Desert Group et l'Oasis Force devront désorganiser
l'adversaire.
Malgré ce mémorandum, Auchinleck est depuis son arrivée
la veille au niveau des troupes britanniques, convaincu que Cunnigham
est un homme vaincu et décide dès son retour au Caire
de le remplacer par son chef d'état-major, Neil Ritchie.
La défaite de l'Afrika Korps [modifier]
La journée du 24 novembre est sûrement une date unique
dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale.
En effet les adversaires, malgré leur affaiblissement, vont
partir tout deux à l'assaut pour prendre de vitesse et encercler
l'ennemi.
Mais les deux troupes partent dans des directions opposées
et ne vont donc pas se rencontrer.
Les deux protagonistes sont audacieux, car Rommel attaque sans avoir
détruit la poche de Sidi Rezeigh et Auchinleck malgré
la perte de 80% de ses chars.
L'attaque allemande menée par la 21e division blindée
remporte un succès complet, écrase les maigres forces
se trouvant sur son chemin et manque de peu de capturer Cunnigham.
Mais cet entrain manque de provoquer la capture de Rommel. En effet,
voici ce que raconte Bayerlein :
De retour de Sidi Omar, le Mammoth de l'Afrika korps transportant
Rommel et son état-major tomba en panne. Ces derniers s'embarquèrent
alors sur le véhicule de Crüwell.
La mammoth transportait alors tous les grands chefs de l'Afrika Korps
se dirigea vers les réseaux de barbelés. On n'y découvrit
malheureusement aucun passage et il fut impossible d'en pratiquer
un. Rommel finit par s'impatienter, "Je vais m'en occuper moi
même" dit-il à l'officier d'ordonnance qui avait
assumé la direction jusque là en prenant sa place. Mais
son sens de l'orientation légendaire, lui fit aussi défaut.
Circonstance aggravante : il se trouvaient dans une région
dont l'ennemi était complètement maître. Des soldats
indiens porteurs de messages, passaient constamment près du
Mammoth ; des chars britanniques avançaient vers le front et
des camions de marque américaine circulaient à travers
le désert.
Personne ne se doutait que les grands chefs du groupe blindé
germano-italien se trouvaient là, dans cet ancien véhicule
britannique, parfois à deux ou trois mètres.
Les dix officiers et les cinq soldats passèrent une nuit angoissante[14]
Ainsi l'entrain de Rommel avait failli lui coûter cher, à
lui et aux autres officiers présents.
Pendant ce temps, le 5e régiment de Panzer est lancé
contre Sidi Omar, où une brigade indienne et des batteries
d'artilleries se sont retranchées.
L'attaque coûte la moitié des chars du régiment
selon von Mellenthin.
La 21e division blindée tente d'attaquer l'ennemi à
Halfaya mais ce dernier est absent, enfin la 15e division blindée
tente de prendre Sollum sans succès.
Enfin, les italiens sont fortement secoués par les sud-africains
et la 4e brigade blindée.
A Tobrouk [modifier]
Mais c'est surtout à Tobrouk que les italiens et les allemands
subissent la plus lourde pression adverse.
Les fantassins de l'Axe subissent en effet la pression de la 1st Army
Tank Brigade et de la 2e division néo-zélandaise.
Cela fait 3 jours que la 1st Army Tank Brigade est sur le front et
elle a déjà perdu des chars.
Mais c'est le 25 novembre qu'il est décidé de la sortie
des forces encerclées à Tobrouk.
Les néo-zélandais devant tenir les positions surplombant
Tobrouk pour soutenir si besoin est la sortie des assiégés.
Les forces néo-zélandaise aidées de la brigade
blindée réussissent à capturer Belhammed et Sidi
Rezegh. Le lendemain, un bataillon néo-zélandais soutenu
par un régiment blindé s'avance à El Duda et
fait sa jonction avec les assiégés de Tobrouk.
La libération de Tobrouk fait peser un grand danger sur l'Afrika
Korps.
A Sidi Rezeigh [modifier]
Alors que les allemands ont du mal à tenir leurs positions,
la division africaine demande de l'aide à Rommel mais celui
n'est pas joignable et il faudra attendre une journée avant
que les divisions blindées soient envoyés en renfort
à l'infanterie aux alentours de Tobrouk.
Mais le raid de Rommel à épuisé les dernières
forces allemandes et ces dernières ont bien du mal à
résister aux britanniques, bien plus nombreux.
Les divisions blindées allemandes ne sont ainsi plus composées
que d'une cinquantaine de chars alors que les britanniques ont pu
reconstituer leurs forces en blindés.
Ainsi le 26 novembre, la 4e brigade blindée reçoit 36
chars réparés.
La 22e brigade blindée, elle, reçoit une dizaine de
chars A10 (Crusaders) ainsi que des Stuart, rescapés de la
défunte 7e brigade.
Le 27 novembre, Rommel lance la 15e division blindée à
l'assaut des 4e et 22e brigades blindés près de Bir
el Chleta.
La bataille s'achève sur un status quo, les deux protagonistes
ayant perdu une dizaine de chars chacun.
De plus, malgré la résistance de la division Trieste,
les britanniques et leurs alliés sont en train de percer dans
le secteur de Rommel.
Le lendemain, à l'issue d'un nouveau désaccord entre
Crüwell et Rommel, la 15e division blindée est finalement
envoyée contre les néo-zélandais dans le but
de les séparer de Tobrouk et de les isoler.
La destruction de la division néo-zélandaise est un
échec car la 21e division blindée et la division blindée
italienne Ariete subissent la pression de la part des deux brigades
blindées britanniques. De plus, le chef de la 21e division
blindée, von Ravenstein, est capturé par les néo-zélandais.
Malgré ces échecs, le 30 novembre, Erwin Rommel renouvelle
ses assauts contre les néo-zélandais et finit par percer
leurs défenses et ainsi à capturer 600 hommes.
La 1st Army Tank Brigade est retirée du front car il ne lui
reste plus que 15 chars.
Le général Freyberg, chef de la 2e division néo-zélandaise,
décide, pour éviter à sa division de succomber,
de tenter une percée.
Le 1er décembre, la percée néo-zélandaise
réussit, au prix de la perte de 1 000 hommes.
Rommel a donc réussi à isoler une nouvelle fois Tobrouk,
mais les britanniques ont encore la possibilité de le chasser
de la Cyrénaïque.
L'offensive britannique victorieuse [modifier]
Après deux semaines de combats, les britanniques s'apprêtent
à lancer l'offensive qui va leur donner la victoire.
Des renforts viennent d'arriver à la 8e Armée alors
que les allemands n'ont plus de réserves.
Le 4 décembre, les allemands tentent de délivrer les
troupes encerclées à Bardia et Halfaya mais elles échouent,
tout comme une offensive destinée à chasser les assiégés
de Tobrouk de la position de El Duda.
Avec l'échec de ces offensives, le Panzergruppe Afrika se replie
vers Gazala, abandonnant donc le siège de Tobrouk.
De leur côté, les Britanniques savent que les forces
de l'Axe ne pourront plus résister très longtemps et
Ritchie tente un débordement des allemands par le sud grâce
à la 29e brigade indienne, qui oblige Rommel à se séparer
de la division africaine envoyée à Agedabia[15].
Le 11 décembre, les britanniques attaquent la ligne de Gazala
et obligent Rommel, le 15 décembre, à se préparer
à se replier vers Tripoli. Le chef du Panzergruppe Afrika prévoit
ainsi un repli dans la nuit du 16 au 17 décembre sur la ligne
El Micheli-Derna pour éviter un enveloppement[16].
Contrairement à l'ensemble de l'opération Crusader,
le repli italo-allemand se passe sans accroc particulier.
En effet cette fois-ci rien n'est tenté par les britanniques
pour déborder les forces de l'Axe, d'autant que seuls les italiens
empruntent le route côtière, les allemands prenant le
chemin le plus court, à travers le désert.
La seule attaque britannique se déroule à Agedabia et
consiste en une attaque de la 22e brigade blindée contre l'Afrika
Korps, qui selon les britanniques ne doit plus avoir un seul char.
Or les allemands viennent de recevoir de nouveaux chars provenant
de convois arrivés à Tripoli et les Britanniques échouent
dans leur attaque, surpris de voir que l'ennemi possède une
soixantaine de chars.
Sur le front de la Cyrénaïque, plus aucune action n'aura
lieu pendant 3 semaines, pendant lesquelles les Britanniques liquident
les positions de Bardia et d'Halfaya.
Encerclées, dirigées par le général italien
de Georgis, elles résistent longuement, grâce notamment
au soutien de l'aviation, mais Bardia doit capituler le 2 janvier
1942, puis c'est au tour des hommes de Bach encerclés à
Halfaya de se rendre le 17 janvier. 14 000 hommes sont ainsi capturés.