Joseph Pouliquen est né le 20 novembre 1897 à Saint-Malo
en Ille-et-Vilaine. Son père était greffier en chef
au tribunal civil de Saint-Malo. Après avoir obtenu la première
partie de son baccalauréat, il décide, à l'âge
de dix-sept ans, de s'engager pour la durée de la guerre, en
mars 1915. Incorporé à Dinan, il se porte volontaire
pour les Dardanelles avec le 176e Régiment d'infanterie. De
retour d'expédition, le caporal Pouliquen part effectuer à
Saint-Cyr un stage à l'issue duquel il est nommé sergent.
Il est ensuite affecté au 26e RI et envoyé au front
où il est blessé, en avril 1917, au Chemin des Dames.
Déclaré inapte à la vie dans les tranchées,
il obtient en janvier 1918 son brevet de pilote pour ensuite prendre
les commandes d'un bombardier Breguet biplan. Après avoir rempli
environ 30 missions qui l'ont entraîné jusqu'en Tchécoslovaquie
où il en remplit une vingtaine d'autres, il est démobilisé,
en novembre 1919, avec quatre citations à sa Croix de Guerre
et la Médaille militaire. Rapidement passé sous-lieutenant
dans la réserve, il commence alors une brillante carrière
dans la presse, étant notamment le créateur des célèbres
petites annonces du quotidien Paris Soir.
Mobilisé en 1939 avec le grade de capitaine, Joseph Pouliquen
est affecté à Toulouse puis à Orly et enfin,
en avril 1940, dans le désert de Syrie comme commandant de
la base aérienne de Palmyre.
C'est au Liban, en juin, qu'il apprend la capitulation. Démobilisé
en novembre 1940, il rentre à Saint-Malo où, refusant
d'abandonner la lutte, il décide de rallier les Forces françaises
libres. Ne pouvant gagner l'Angleterre par la mer, il parvient à
passer en Zone libre où il retrouve ses amis de Paris Soir
; le directeur du journal lui établit alors un prétendu
"ordre de mission" le chargeant d'effectuer des reportages
en Afrique.
En avril 1941 il réussit à gagner Oran puis Alger ;
après un long voyage et 400 kilomètres à pied
dans la brousse, le capitaine Pouliquen parvient enfin à Freetown
en Sierra-Leone où il signe son engagement dans les Forces
aériennes françaises libres
(FAFL), le 29 septembre 1941.
Volontaire pour une mission à Beyrouth et désirant être
affecté dans une unité combattante, il est nommé,
en novembre 1941, adjoint du commandant Tulasne, commandant le Groupe
de chasse "Alsace". Le Groupe est alors chargé
de la défense d'Haïfa avec des appareils en piteux état
puis de missions de convoyage d'appareils neufs.
Le 25 janvier 1942 Joseph Pouliquen prend la tête du Groupe
"Alsace" sur les rives du canal de Suez en pleine campagne
de Libye. Quelques jours plus tard, il prend également, pour
deux mois, le commandement du Groupe de bombardement "Lorraine"
dont le personnel est envoyé immédiatement au repos
en Syrie.
Il est promu au grade de commandant le 15 mars 1942. Sous ses ordres,
après Bir-Hakeim, en juin 1942, le Groupe
"Alsace" participe activement à la campagne de
Libye et particulièrement à la défense de la
ville d'Alexandrie menacée par les forces italo-allemandes
commandées par le général Rommel.
En septembre 1942, à Beyrouth, le commandant Pouliquen apprend
qu'il lui est confié la mission de former un nouveau groupe
de chasse destiné à se battre sur le front de l'Est
aux côtés de l'Armée Rouge. Il entreprend alors
la formation du Groupe de chasse
n° 3, bientôt appelé "Normandie",
qui rejoint bientôt, sous sa direction, l'Union soviétique.
En mars 1943 il quitte le commandement du "Normandie"
pour retourner en Angleterre où il est nommé, en juin,
commandant adjoint du Groupe de bombardement
"Lorraine" avec lequel il accomplit plusieurs missions
au-dessus de l'Allemagne comme mitrailleur de tourelle.
En février 1944, il est nommé adjoint au colonel commandant
les FAFL en Grande-Bretagne et affecté en qualité d'officier
supérieur de liaison auprès du commandement britannique
du Wing 145 pour les opérations de Normandie, du nord de la
France et de Belgique.
Promu lieutenant-colonel en mars 1945, il retourne au combat avec
le "Lorraine" à la
fin du mois avril 1945, effectuant cinq nouvelles missions offensives
sur Brême et Hambourg notamment. Démobilisé un
an plus tard, Joseph Pouliquen s'établit comme antiquaire à
Saint-Paul-de-Vence.
En 1974, il quitte le Midi pour retrouver sa ville natale de Saint-Malo
dont il est fait citoyen d'Honneur en 1980.
Joseph Pouliquen est décédé le 24 septembre
1988 à Paris, à l'Institution Nationale des Invalides.
Ses obsèques se sont déroulées en l'église
Saint-Louis-des-Invalides. Il a été inhumé à
Saint-Meloir-des-Ondes en Ille-et-Vilaine.