Hans Ulrich Rudel est né le 2 juillet 1916.
Il est le fils d'un pasteur protestant à Konradswaldau (Silésie)
en Allemagne, (en Pologne après 1945). Après un court
parcours scolaire, il réussit les épreuves dadmission
chez les officiers de réserve et rejoint la Luftwaffe en décembre
1936 comme Aspirant (Fähnrich) au sein de lécole militaire
de Wildpark-Wendel. Après six mois dinstruction, il entame
lentraînement en vol puis au terme de six autres mois obtient
son brevet de pilote. Il décroche le grade de Leutnant et, pour
ne pas être affecté sur bombardier, se porte volontaire
pour piloter les Stukas.
En juin 1938, il incorpore le groupe dattaque I./St.G
168 basé à Graz en Autriche. Les lents progrès
de Rudel, promu Oberleutnant, ne satisfont pas son supérieur
qui lenvoie à lécole de pilote de reconnaissance
de Hiddesen en janvier 1939. Affecté à l'escadrille de
reconnaissance II.(F)./121 quand la guerre
éclate, il participe à la campagne de Pologne et réalise
de longues missions d'observation avant d'être affecté
dans un régiment dinstruction. Le 11 octobre 1939, il reçoit
la croix de fer de seconde classe. N'ayant pas abandonné son
désir de devenir pilote d'assaut, Rudel parvient enfin à
obtenir son transfert dans une unité de Stuka, le I./St.G
3 basé à Caen, avant de débuter sa formation,
en mai 1940. Il effectue sa formation près de Stuttgart à
la Sturzkampffliegerschule (Ecole des pilotes d'assaut). Toujours en
cours de formation lorsque la Wehrmarcht envahit la France, il ne peut
prendre part aux opérations aériennes. Ce n'est qu'en
septembre qu'il est finalement affecté au 1./StG
2. Avec cette unité, il effectue ses premières
missions de combat en Crête, sans pouvoir toutefois prendre directement
part au combat, n'ayant toujours pas été déclaré
pilote opérationnel par ses supérieurs.
Avec le déclenchement de l'opération Barbarossa,
l'invasion de l'URSS le 22 juin 1941, les choses vont enfin changer
pour Rudel. Le lendemain du déclenchement de l'attaque, il débute
sa première mission à 3 heures du matin et enchaîne
4 sorties dans la journée. Ses talents de pilote se révèlent
et il gagne sa croix de fer de première classe dès le
18 juillet. Le 23 septembre 1941, deux Staffel du I./StG
2 attaquent la flotte Soviétique ancrée dans le
port de Kronstadt, non loin de Léningrad. Le port est extrêmement
bien défendu avec plus de 1000 armes anti-aériennes. Au
cours dune attaque, Rudel atteint la poupe du cuirassé
soviétique "Marat" de 23 606 tonnes et deux jours plus
tard coule un croiseur. Lors dune nouvelle attaque sur le Marat,
Rudel lance une bombe dune tonne qui coupe le "Marat"
en deux et le coule.
Ce a été terrible. Il y avait des
explosions de tous les côtés. Le ciel semblait être
plein de graviers. Je me sentais très mal et le vol était
une torture. (...) La plongée, à un angle de 70º
la 80º, me coupait le souffle. J'avais le "Marat" dans
mon viseur, il s'approchait de plus en plus plus rapidement. Le navire
devenait toujours plus grand. Le tir des armes antiaériennes
était de plus en plus menaçant pour moi. (...) Je n'avais
pas temps de m'inquiéter des conséquences d'un éventuel
coup direct sur mon avion de la part de la flak qui pouvait réduire
mon appareil en mille morceaux. Le "Marat" remplissait déjà
complètement mon viseur. Les marins couraient sur le pont du
navire, quelques-uns chargés de munitions. Un des canons anti-aérien
a tourné dans ma direction et a commencé à tirer.
A ce moment précis, j'ai pressé le bouton qui libérait
la bombe. J'ai tiré le manche en arrière de toute ma
force, afin de sortir de mon piqué, ne commençant à
redresser l'appareil qu'à 300 mètres du sol.
La bombe de 1.000kg qu'il venait de libérer
ne pouvait normalement pas être lancée depuis une altitude
inférieure à 1.000 mètres sans prendre le risque
de détruire le bombardier qui la lançait. Je voulais
toutefois être sur d'atteindre la "Marat". Malgré
la pression éxercée sur le manche, j'avais la sensation
que l'avion ne m'obéissait pas. J'étais sur le point
de perdre conscience. J'avais une sensation terrible dans ma tête
et dans l'estomac, lorsque j'entendis la voix excitée de mon
mitrailleur "Herr Oberleutnant, le navire a explosé !
" Je me suis tourné lentement. Le "Marat" était
entouré d'un nuage de fumée presque impénétrable
de 400 mètres." Lorsqu'il parvient à sortir son
appareil de son piqué, Rudel ne se trouve plus qu'à
4 mètres de la surface de l'eau ! "Ce n'est qu'à
cet instant j'ai perçu que nous étions encore vivant
! ".
Malgré son exploit, Rudel et son mitrailleur ne recevront aucune
récompense pour cette destruction, son chef de Gruppe préférant
valoriser l'action collective que l'action individuelle d'un pilote,
aussi doué soit-il. Rudel continue à être engagé
sur le front de lEst et coulera de nombreux autres navires au
cours de sa carrière dont le frère du "Marut",
le croiseur "Révolution d'Octobre". A l'Est, il participe
activement au soutenir les forces terrestres et reçoit la Croix
Allemande en Or le 8 décembre 1941, remise par le Général
der Flieger Wolfram von Richthofen. Il compte déjà 500
missions de combat à son actif. Il est alors Staffelkapitän
du 9./StG 2. Le 6 janvier 1942 il est décoré
de la Ritterkreuz et en mars est envoyé loin du front, à
Graz, pour diriger lécole des réservistes de la
Luftwaffe.
Au bout de quelques mois, il parvient à retrouver un poste actif
sur le front de Crimée en juin 1942 et participe à la
bataille de Stalingrad à partir de septembre. Il est alors Staffelkapitän
du 1./StG 2. Après 1 000 missions
de combat, Rudel, en février 1943 prend part à l'élaboration
d'une variante antichar du JU 87D-3 : le Ju 87G. Les lance-bombes de
cette version sont déposés et remplacés par deux
énormes canons antichars BK3,7 de 37 mm, dérivés
du canon antiaérien FlaK 18 de même calibre disposés
en gondole sous les ailes. Rudel participe alors à l'unité
en charge de l'essai opérationnel de l'appareil, le Panzerjagdkommando
Weiss puis, une fois les essais terminés et l'unité dissoute,
il favorise la création d'une escadrille spécialisée
sur cet appareil au sein de chaque StukaGeschwader (escadre de bombardement
en piqué). Rudel fut tellement associé à cette
version spécifique du Ju 87 que toute mention de l'un est forcément
accompagné de l'autre, même à l'heure actuelle.
La version Ju87G étant catégorisée dans la Luftwaffe
comme étant un « Panzerjäger » (« chasseur
de char »), Rudel pris le mot « chasseur » au premier
degré au point qu'il fit peindre sur son avion des marques d'identification
normalement réservées aux appareils de chasse. Les liens
entre Rudel et le Ju 87 furent si étroits et si glorifiés
par la propagande que lorsque l'appareil disparut des autres unités
de la Luftwaffe pour des raisons d'obsolescence, seul la StukaGeschwader
2 qu'il commandait le conserva, même si ce fut pour l'utiliser
en parallèle avec des appareils de conceptions plus modernes
tels que le Focke-Wulf 190. Dès lors, armé de ces canons,
les attaques de Rudel contre les troupes Soviétiques vont véritablement
tourner au carnage, en particulier contre les bateaux amphibis, les
chars et les véhicules de tous ordre dont Rudel détruira
plus de 800 exemplaires.
Au sein du groupe I./St G2, Rudel, qui
a mis en place deux escadrilles de Ju 87G2 antichars, détruits
plus de 70 embarcations dans la région de Kuban lorsque les troupes
russes traversent le Don. En mai 1943, Hitler lui attribue la Croix
de fer avec feuilles de chêne. Lors de sa première mission
sur Koursk, Rudel détruit 12 chars de combat soviétiques
et reçoit en juillet le commandement du III./StG
2. Au mois de novembre il parvient à mettre hors de combat
plus de 100 chars et reçoit alors la Croix de fer avec feuilles
de chêne et épées. Rudel est promu Geschwaderkommodore
du StG 2 en mars 1944 et, le 26 du même
mois, détruit 17 nouveaux chars de combat. Il totalise alors
1500 Missions de combat. Peu après ce nouvel exploit, Hitler
le décore de la Croix de fer avec feuilles de chêne, épées
et diamants, décoration attribuée à seulement 27
reprises.
Le 1er septembre 1944, Rudel est promu Oberstleutnant (Lieutenant-Colonel).
Le 1er janvier 1945, le Fuhrer lui attribue la Croix de fer avec feuilles
de chêne et épées en or et diamants, décoration
suprème créée le 29 décembre 1944 et dont
Rudel reste le seul titulaire. Ainsi, début 1945, Rudel devient
le combattant allemand le plus décoré avec notamment la
croix allemande en or, l'insigne des Pilotes en diamant, le fermoir
du combat rapproché en diamants pour deux mille sorties, et la
Croix de fer avec feuilles de chêne et épées en
or et diamants. Ferenc Szálasi lui décerne la médaille
pour la bravoure hongroise, plus haute décoration militaire de
ce pays, en remerciement de sa lutte contre le bolchevisme en Hongrie.
En plus de ses décorations, il reçoit également
l'interdiction de voler, le Reich ne souhaitant pas qu'un tel as puisse
être descendu. Malgré cet ordre, Rudel continue de prendre
part au conflit, soit avec l'autorisation personnelle d'Hitler, soit
simplement en désobéissant.
Le 8 février 1945, il est à nouveau blessé à
la cuisse droite par un obus anti-aérien. Il ne doit la vie sauve
qu'à la présence à ses côtés de son
mitrailler, Ernst Gadermann, qui se
trouve être le Médecin Chirurgien de l'unité et
qui parvient à stopper l'hémorragie, permettant à
Rudel de se poser. Sa jambe est amputée peu après mais
en avril il reprend les airs et détruits 26 chars russes jusqu'à
la capitulation. Il se rend aux forces alliées le 8 mai 1945
aux commandes de son Ju 87G2.
En 1948, il émigre en Argentine et devient le confident du dictateur
argentin, Juan Perón. Il écrit un livre intitulé
In Spite of Everything, se caractérisant entre autres par une
certaine compréhension à l'égard des thèses
nazies, et un livre de mémoires Pilote de Stuka, retraçant
sa carrière. Même avec une jambe en moins, il reste un
sportif accompli, joue au tennis et goûte aux joies du ski. Il
escalade même le plus grand haut sommet américain, l'Aconcagua
(7020 mètres) et, par trois fois, gravit les pentes du plus haut
volcan sur Terre, le Llullaillaco, qui culmine à 6920 mètres
en Argentine.
Rudel retourne en Allemagne de l'Ouest en 1953 et rejoint le Deutsche
Reichspartei. Dans l'Allemagne d'après-guerre, il est un homme
d'affaires heureux, mais politiquement controversé du fait de
ses affinités avec les partis de la droite nationaliste allemande.
Il décède à Rosenheim en 1982, et est enterré
à Dornhausen.
Au total, Rudel a réalisé plus de deux mille sorties
sur presque tous types de Ju 87 et environ 400 à bord du Focke-Wulf
190, soit un total de 2530 missions de combat, représentant toujours
un record mondial. Il a détruit près de 2000 cibles au
sol (dont 519 chars), mais on compte également parmi ses «
victoires » un cuirassé, deux croiseurs et un destroyer
ainsi que 9 victoires aériennes homologuées. Il a été
descendu 32 fois (derrière les lignes ennemies), mais est toujours
parvenu à s'échapper malgré les 100 000 roubles
de récompense que Staline en personne avait placés sur
sa tête. Les données de Rudel ont également servi
au développement du Fairchild A-10 Thunderbolt II.